Rwanda (1999-2000): Le risque de la radicalisation
Publié le 23/09/2020
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Rwanda (1999-2000): Le risque de la radicalisation
Les démissions, le 6 janvier 2000, du président de l'Assemblée nationale Joseph
Sebarenzi Kabuye et, le 28 février, du Premier ministre Pierre-Célestin Rwigema
(en poste depuis 1995), suivies, le 23 mars, du départ du président de la
République Pasteur Bizimungu (en poste depuis 1994), ont traduit l'érosion du
système politique autoritaire mis en place après la guerre civile et le génocide
de 1994.
La succession des épurations, démissions, fuites à l'étranger, voire
assassinats de personnalités a illustré l'acuité des divisions au sein du bloc
militaire qui contrôle les principales sphères de la vie publique, ainsi que la
violence des règlements de comptes interpersonnels.
Désigné le 4 avril 2000 par
le Front patriotique rwandais (FPR) comme candidat à la Présidence, le ministre
de la Défense et homme fort du régime depuis 1994, le général-major Paul Kagamé,
a été élu le 17 avril par l'Assemblée, élargie aux membres du gouvernement.
Le renouvellement des principaux dirigeants du pays accompagnait un délicat
processus de mise en place d'un cadre institutionnel durable - des élections
communales, préfectorales et législatives étant programmées d'ici à 2003 - qui
légitimerait la prise de contrôle du pouvoir réalisée par le FPR, émanation des
réfugiés tutsi, après sa victoire militaire de 1994.
L'ouverture proclamée
devait notamment répondre à la crainte de dirigeants militaires et civils que
les stratégies de "passage en force", auxquelles recourt habituellement le
pouvoir rwandais, ne conduisent à un isolement majeur vis-à-vis des soutiens
internes et externes (neutralisation des partis de l'ex-opposition au sein du
gouvernement de transition et accaparement de fait de l'activité politique
légale par le FPR, mise en cause frontale de l'Église catholique avec
l'arrestation en avril 1999 puis le procès à partir de septembre d'un évêque
(acquitté faute de charges convaincantes en juin 2000), prise de contrôle
militaire directe des provinces congolaises riveraines et confrontation
victorieuse avec l'armée ougandaise - théoriquement alliée - en août 1999 pour
le contrôle des territoires occupés au Congo [-Kinshasa], refus systématique de
toute conditionnalité émanant des bailleurs de fonds étrangers...).
Le risque
est apparu bien réel du fait de l'hostilité croissante des grands États de la
région, notamment la Tanzanie, le Kénya et l'Afrique du Sud, face à la poursuite
du conflit au Congo (-Kinshasa), du fait des incertitudes politiques
burundaises, mais aussi des menaces de sanctions financières et politiques de la
part des organisations internationales et du Conseil de sécurité de l'ONU après
l'aggravation des affrontements entre armées rwandaise et ougandaise sur le
territoire congolais en mai-juin 2000.
La plupart des dossiers politiques cruciaux de la période post-conflit ont
commencé à être traités (jugement par de nouveaux tribunaux populaires des
dizaines de milliers de prisonniers inculpés de participation au génocide,
réinstallation des 500 000 paysans déplacés du Nord-Ouest et "réforme agraire",
relance de l'activité agricole, lutte contre la corruption, débat sur la
démobilisation des militaires).
On a par ailleurs noté des performances
macro-économiques saluées par les coopérations internationales lors de la
conférence de Londres en juillet 1999 malgré l'existence de disettes régionales
chroniques et la grande misère rurale.
En matière de justice internationale, la nouvelle procureure du Tribunal pénal.
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