Rwanda (1995-1996)
Publié le 23/09/2020
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Rwanda (1995-1996)
Deux ans après la guerre civile et le génocide qui ont ravagé le pays d'avril à
juillet 1994 et déstabilisé l'ensemble de la région des Grands Lacs, les voies
du retour à une paix durable semblaient toujours aussi incertaines.
La victoire décisive de l'Armée patriotique rwandaise (APR, bras armé du Front
patriotique rwandais et composée pour l'essentiel d'ex-réfugiés tutsi) et la
mise en place d'un gouvernement d'union nationale inspiré des accords d'Arusha
d'août 1993 ont permis le rétablissement rapide d'une autorité politique et
administrative indispensable à toute prise en charge des populations rescapées
et à la reconstruction.
Mais les défis auxquels le pays et la communauté
internationale (garante de l'application des accords avec la Mission des Nations
unies au Rwanda, Minuar) sont confrontés étaient toujours loin d'être surmontés.
Le premier réside dans l'exercice de la justice vis-à-vis des responsables du
génocide et des massacres.
En juillet 1996, aucun jugement n'avait encore eu
lieu ni de la part de la justice rwandaise ni de la part du Tribunal pénal
international (TPR) mandaté à cette fin.
Dans leurs pays d'exil respectifs, la
plupart des concepteurs du génocide n'ont pas été inquiétés.
Au Rwanda, quelque
70 000 personnes ont continué de croupir en prison sans jugement, souvent sans
faire l'objet de charges précises et sans que l'instruction soit en cours.
La
situation était imputable à la lente remise en place de l'appareil judiciaire
décimé, au manque de moyens mis à la disposition du TPR, voire à l'absence
d'empressement politique.
La question des réfugiés hutu installés récemment au Burundi, en Tanzanie et
surtout au Zaïre (environ 1,7 million de personnes) constitue le deuxième défi.
Malgré les pressions du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés
(HCR), le chantage et les expulsions zaïroises, la dégradation sensible des
prestations humanitaires dans les camps, les retours volontaires sont demeurés
très peu nombreux.
Le retrait des dernières forces de la Minuar en mars 1996 a
encore augmenté la méfiance des réfugiés.
La démoralisation qui prévaut dans les camps et l'absence d'issue prévisible
profitent indéniablement aux partisans d'une reconquête du pouvoir par les
armes.
Cette stratégie à long terme, appuyée par des incursions armées à
l'intérieur du territoire rwandais, a semblé devenir la ligne du Rassemblement
pour le retour des réfugiés et la démocratie au Rwanda (émanation de l'ex-parti
au pouvoir à Kigali, le Mouvement républicain national pour le développement),
accueillant toujours en son sein des activistes du génocide et contrôlant
étroitement l'expression politique des réfugiés.
Le troisième défi concerne les équilibres politiques au sein du régime à Kigali.
La situation politique
s'est à la fois clarifiée et durcie avec l'éviction du gouvernement, en août
1995, des "opposants de l'intérieur" dont le Premier ministre désigné par les
accords d'Arusha, Faustin Twagiramungu, et le ministre de l'Intérieur, Seth
Sendashonga (pourtant membre du Front patriotique rwandais, FPR).
Ceux-ci
contestaient l'interdiction de facto de toute activité politique publique de.
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