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Russie (2003-2004): Triomphe de la «démocratie encadrée» ?

Publié le 23/09/2020

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« Russie (2003-2004): Triomphe de la «démocratie encadrée» ? Deux élections sans surprise ont ponctué l’année politique russe : législatives en décembre 2003, et présidentielle en mars 2004.

Toutes deux ont confirmé le pouvoir sans partage du président Vladimir Poutine et de «Russie unie», communément désignée comme le «parti du pouvoir».

Plus que le résultat des urnes, c’est le déroulement des campagnes électorales, avec un accès très inégalitaire aux médias, qui a suscité l’émoi d’une partie de l’intelligentsia libérale. Le principal souci du pouvoir aura été d’assurer le taux de participation nécessaire pour répondre aux exigences du jeu démocratique et d'éviter un trop fort pourcentage de «contre tous», option de vote permettant à l'électeur d'exprimer son rejet de l'offre électorale.

Vladimir Poutine a obtenu, le 14 mars, avec une participation de plus de 60 %, 71 % des suffrages (moins de 4 % optant pour le vote «contre tous»).

Par rapport au scrutin présidentiel de 2000, le gain a été de presque 20 points ; il n’est pas de région où le président sortant n'ait recueilli moins de 50 % des voix ; dans toutes, la participation a été supérieure à 50 %. Les leaders régionaux se sont appliqués à mobiliser la «ressource administrative» pour amener les électeurs aux urnes en organisant des concerts ou des ventes de produits attractifs dans les bureaux de vote, mais aussi en agitant diverses menaces en cas de non-participation au vote (impossibilité de passer les examens pour les étudiants, par exemple). Quant à la Tchétchénie, elle aurait «démontré», en assurant le meilleur score, que sa normalisation était en bonne voie, comme l’affirmait le pouvoir en dépit des attentats qui ont endeuillé l’actualité tout au long de l’année, avant que cette assertion ne soit violemment démentie en mai par l’explosion qui a coûté la vie au président (de la république de Tchétchénie) Akhmad Kadyrov (élu de manière très contestée en octobre 2003). Le paysage politique russe issu des deux scrutins a profondément changé.

Les législatives ont pratiquement éliminé de la Douma d’État (Parlement) deux partis considérés comme les chantres du libéralisme, plus tempéré pour l’un (Iabloko, Grigori Iavlinski) que pour l’autre (Union des forces de droite, Boris Nemtsov). Bien qu’ayant recueilli à eux deux 8 % des suffrages en décembre, faute d’avoir réussi à conclure une alliance, ils n’ont pas atteint la barre des 5 % requis dans le système du scrutin de liste pour être représenté à la Douma.

Pour sa part, le Parti communiste a été affaibli par l’émergence très tardive (au cours de l’été) d’un nouveau parti, Rodina (Patrie), qui aurait vu le jour avec la bienveillance active du Kremlin.

Ce conglomérat a remporté 9 % des suffrages.

Sa campagne avait visé à la fois l’électorat du Parti communiste (qui n’a remporté que 12,6 % des suffrages, soit deux fois moins qu’en 1999) et celui de Vladimir Jirinovski dont le parti, populiste de droite, a néanmoins réussi à se maintenir (11,6 % des voix).

«Russie unie» triomphe donc avec 306 des 450 députés de la Douma. Le principe du multipartisme, auquel la société ne se montrait déjà guère attachée, est sorti encore plus affaibli de ces élections.

La campagne. »

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