Russie (1995-1996): La démocratie en balance
Publié le 23/09/2020
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Russie (1995-1996): La démocratie en balance
Il ne suffit pas d'organiser des élections pour que la démocratie fonctionne:
tel est l'enseignement rappelé par les scrutins de 1995 et 1996 qui pouvaient
laisser espérer une forme "calme" de renouvellement du pouvoir.
Les élections parlementaires de décembre 1995 avaient constitué un test pour le
Kremlin.
Organisées de manière relativement équitable - la Tchétchénie mise à
part -, elles ont sanctionné sans ambiguïté la con-duite des affaires.
Le
mécontentement social et l'absence de partis politiques susceptibles de soutenir
le pouvoir ont contribué à installer majoritairement les formations les plus
conservatrices.
Le succès du Parti communiste, ayant obtenu plus d'un tiers des
sièges, n'a pas manqué d'effrayer le monde occidental qui a craint de voir se
profiler à nouveau une "Russie rouge" et - à l'instar de ce que prétendait la
propagande officielle - un retour à la guerre civile.
Le scrutin législatif a également mis en relief plusieurs phénomènes appelés à
jouer un rôle important.
Certes, l'attrait pour le personnage de
l'ultra-nationaliste Vladimir Jirinovski s'est estompé, même si ses "thèses" ont
été reprises par d'autres formations, y compris par le pouvoir.
La
marginalisation des "démocrates" ou "libéraux" est devenue indéniable: le groupe
de Grigory Iavlinski, Iabloko, a obtenu 45 sièges, et celui d'Egor Gaïdar, Choix
démocratique de la Russie, n'en a remporté que 9, son leader perdant son statut
de député.
Nombreuses sont les formations qui se sont présentées, puisque les
électeurs russes ont eu le choix entre une trentaine de groupes, ne représentant
pour la plupart qu'un homme ou qu'un slogan, ce qui contribua à disperser les
voix.
Battre les communistes sur leur terrain
Le Kremlin n'a pas tardé à tirer les conclusions de ce scrutin pour sa propre
tactique électorale en vue des présidentielles de juin-juillet 1996: prendre le
dessus sur les communistes impliquait pour le pouvoir de se battre sur leur
terrain.
Le ministre des Affaires étrangères Andreï Kozyrev, considéré comme
trop "occidentaliste", a ainsi été mis à l'écart; le "libéral" Anatoly Tchoubaïs
a cédé la place à Vladimir Kadannikov, issu du monde industriel.
On a assisté à
une montée en force progressive des généraux: le général Koulikov a été nommé
ministre de l'Intérieur, le général Barsoukov a pris la tête du FSB (services
fédéraux de sécurité), le général Korjakov, proche du président Boris Eltsine et
chef de la garde présidentielle, a obtenu le statut de ministre quelques
semaines avant le scrutin de juin 1996.
En trois années sont intervenus quelque
quatre-vingts changements d'affectation (limogeages, démissions, mises à
l'écart) parmi les plus hauts responsables du pouvoir, sans jugements ni même
justifications.
Quant au Conseil de sécurité, il conservait un pouvoir
décisionnaire prépondérant, même s'il restait occulte.
Cette atmosphère d'opacité s'est accompagnée de scandales de palais: le
responsable de l'administration présidentielle a révélé qu'il était placé sous
surveillance et que, dans son bureau, il préférait répondre par écrit aux
questions de ses visiteurs.
Le porte-parole du président, Viatcheslav Kostikov,.
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