Rubens
Publié le 15/05/2020
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RUBENS
1511-1640
APRÈS la mort du vieux Bruegel, la fumée des bûchers de l'Inquisition, la puanteur des ~a
davres amoncelés par la Furie espagnole planent encore sur les villes et les campagnes flamandes.
A
l'aube du XVIIe siècle; les Pays-Bas méridionaux ne sont échappés à l'hérésie qu'au prix de
leur ruine totale.
Durant le règne des archiducs Albert et Isabelle, vassaux de la cour de Madrid,
la situation paraissait désespérée.
La trêve de Douze Ans, conclue en r6og, ne fut guère qu'une
paix armée.
Elle affirma enfin l'indépendance des provinces septentrionales, réunies sous la Répu
blique batave.
Le Nord protestant fut séparé du Sud catholique.
Et quoiqu'à partir de ce mo
ment la Flandre connaîtra une paix relative, sa force économique est brisée.
A Anvers, le silence
règne
parmi les ruines et sur l'Escaut abandonné.
Mais, malgré les troubles politiques et la détresse économique, elle est toujours le théâtre
d'une splendide floraison culturelle et artistique.
Celle-ci reste toutefois soumise à la domination
de l'Eglise catholique triomphante, qui
marque de son empreinte toutes les manifestations 'de la
vie sociale et intellectuelle.
L'art baroque est l'illustration de la Contre-Réforme, et de cet art
baroque, l'œuvre de Rubel}s est le sublime apogée.
Dans les courants artistiques
du XVIe siècle, l'on peut discerner les premiers symptômes
de ce que sera l'art du XVIIe: un art qui, même dans les sujets religieux, sera surtout h.umaniste,
d'une conception libre et large et, au point de vue technique, tendant vers une forme de plus en
plus synthétique.
Ainsi,
l'art des romanisants et des réalistes avait été le prélude de la puissante épopée du
XVIIe.
Les prérubénistes, François Floris, Martin de Vos, Antonio Moro, d'autres encore, avaient
déblayé
la route, préparé la venue du grand triomphateur Pierre-Paul Rubens.
Suivant l'exem
ple de tous les peintres de son pays, Rubens, après avoir étudié les éléments
de son art chez les
romanisants anversois Tobias Verhaecht,
Adam van Noort et Otto Venius, part en r6oo vers
l'Italie.
A Venise
d'abord, où les grands coloristes, Titien, Tintoret, suscitent son enthousiasme.
A Rome, il est impressionné
par le sombre génie de Michel-Ange.
Au service du duc de Mantoue, il parcourt la péninsule, voyage en Espagne, peint des por
traits dans
le style de François Pourbus, un grand Baptême du Christ, avec des figures gigantesques,
réminiscences de Michel-Ange et de Corrège.
Avec son frère Philippe, savant humaniste, il
étudie
l'art antique, collectionne des marbres et des camées.
Et lorsqu'en r6o8 il rentre à Anvers, il a accompli son apprentissage.
Fromentin dit qu'il
fut« à vingt ans mûr et maître >).
Il gardera toujours le souvenir des grands Italiens.
de Micht"l
Ange le tragique.
de Raphaël le suave, et surtout des Vénitiens, de Titien le somptueux, de
Tintoret l'impétueux, et de l'amoureux Corrège.
Toutefois, il ne sera jamais leur pasticheur.
Il
tendra toujours à égaler, à surpasser même la splendeur monumentale de ces grands décorateurs.
Mais
il ne leur sera jamais soumis: il restera flamand, passionné rle vie, de couleur et de lumière.
Les Italiens lui
ont livré tous les secrets de la composition, de l'équilibre, le sens de la décoration.
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