Royaume-Uni (1994-1995): Un pays en perte de repères
Publié le 21/09/2020
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Royaume-Uni (1994-1995):
Un pays en perte de repères
Encadré : Cessez-le-feu généralisé en Irlande du Nord
Tandis que les cérémonies du cinquantième anniversaire de la victoire du 8 mai
1945 rappelaient au souvenir des Britanniques l'héroïsme des anciens et la
grandeur de la reine mère Elizabeth, une nouvelle génération de souverains et
d'hommes politiques, confrontée à un monde en mutation, n'en finissait pas de se
déchirer.
La reprise de l'activité économique s'est pourtant confirmée, même si un peu
moins forte que prévu (3,8% en 1994).
Les exportations ont souffert du
ralentissement de la croissance dans l'Union européenne et aux États-Unis et le
secteur tertiaire est demeuré atone.
Les grandes banques d'affaires britanniques
ont connu des difficultés, subissant de plus en plus l'assaut des banques
d'Europe continentale.
Juste avant S.G.
Warburg, rachetée par la très dynamique
SBS (Société de banque suisse), la Barings a été reprise par le groupe
d'assurances néerlandais ING, en mars 1995, après avoir subi à Singapour des
pertes colossales sur les marchés de produits dérivés.
Ainsi la City a-t-elle
commencé de s'internationaliser, mais elle n'en est pas moins demeurée la
deuxième place financière et le premier marché des changes dans le monde.
On a
également vu là le signe d'une fragilisation des institutions britanniques les
plus prestigieuses au sein du système financier.
Affirmant ne vouloir s'intéresser qu'à l'économie réelle, le chancelier de
l'Échiquier (des Finances), Kenneth Clarke, a résisté autant qu'il l'a pu aux
partisans d'un relèvement des taux d'intérêt à court terme.
A partir du début
1995, la livre sterling a, en effet, paru victime d'une véritable crise de
confiance de la part des marchés financiers.
L'inflation a été contenue en
raison de tendances contradictoires, notamment la stagnation de la consommation
des ménages et la relative bonne tenue de la monnaie britannique face au dollar.
Mais, avec la dépréciation de la livre face au mark, les craintes d'un dérapage
inflationniste sont restées grandes et les taux d'intérêt à long terme très
élevés (les bons du Trésor à dix ans étaient, à la mi-1995, de 8,29% au
Royaume-Uni, contre 7,45% en France et 6,83% en Allemagne).
La désaffection des
grands investisseurs pour la livre s'expliquait, enfin, en partie par le fait
que Londres n'arrivait toujours pas à décider de sa politique européenne.
Un royaume en passe de rétrécir
Cette indécision a tenu pour une large part à un environnement international
changeant dans lequel le Royaume-Uni a du mal à se replacer.
En Irlande du Nord,
le processus de paix est devenu inévitable, mais il a été ponctué de tensions
entre Londres et Washington et demeurait très difficile à mettre en oeuvre.
Certes, l'Armée républicaine irlandaise (IRA) s'est engagée, le 31 août 1994, à
respecter un cessez-le-feu inconditionnel, que les milices loyalistes
protestantes d'Irlande du Nord ont à leur tour accepté le 13 octobre suivant..
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