Rousseau (1712-1778): LES PRINCIPES DE LA VIE EN SOCIÉTÉ
Publié le 18/06/2020
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« B. Les législations (II, VI-XII) ? La volonté du Souverain ne s'exprime que par lois. Ces lois sont conventionnelles et fixent le droit humain en société ; elles sont distinctes à la fois des justices divine et naturelle (de la raison humaine). La loi de l'État est portée par tout le peuple, statuant sur tout le peuple ; elle ne considère jamais les personnes concrètes, mais toujours des catégories de personnes. L'ordre d'un chef d'État, qui porte sur un individu ou une situation particulière, n'est donc pas une loi mais un décret. ? Seul le peuple est l'auteur légitime des lois ; comme il peut errer, sa volonté doit être éclairée par l'esprit d'un grand législateur, qui le convainque ni par raisonnements (que le peuple n'entend pas) ni par violence. « Il faudrait des Dieux pour donner des lois aux hommes », dit Rousseau, dieux dont l'habileté persuasive consistera à dénaturer les hommes à un point tel qu'ils puissent vivre en société. ? Les deux piliers de tout bon système de législation sont la liberté et l'égalité. L'égalité soutient la liberté, au sens où elle ne doit pas être stricte en fortunes, mais telle qu'aucun citoyen ne soit en mesure d'en acheter un autre : la force naturelle des choses tendant à détruire l'égalité, la force conventionnelle de la législation doit tendre à la maintenir. L'uvre visible du législateur porte sur les lois écrites et énoncées, mais en réalité tend en secret à réformer les murs, les coutumes et l'opinion : car c'est la catégorie de lois qui forme la clé de voûte du système législatif. ? Les murs et l'opinion publique forment les lois fondamentales du corps social. Les lois de législation créent les murs, et les murs créent l'opinion publique ; tant que l'opinion publique est droite, le corps social est en bonne santé. ? Dans l'Antiquité, la religion se confondait avec la politique, la morale théologique avec les murs de la nation et les lois de l'État : chaque peuple, chaque cité avait son dieu. À présent, dit Rousseau, il y a deux souverains, deux cités en une : celle de Dieu, celle des hommes. 3. Les gouvernements (livre III) A. Les fonnes de gouvernement (III, I-VII) ? Comme l'homme, le corps politique est animé d'une volonté, la puissance législative, et de la force politique pour la servir, la puissance exécutive. L'exercice de cette dernière doit être assuré légitimement par le gouvernement', qui peut aussi bien être monarchique qu'aristocratique ou démocratique. Il y a gouvernement démocratique lorsque la totalité, ou la majorité, du corps politique participe à la puis- ...»
«
Rousseau
(1712-1778)
LES PRINCIPES DE LA VIE EN SOCIÉTÉ
D u
contrat social recherche la solution d'im problème poli
tique formulé dans le chapitre VI du livre l : « Tronver une
forme d'association qni défende et protège de toute la force commune
la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun
s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre
qu'auparavant.
» Rou.sseau est donc en quête d'un modèle d'organisa
tion politique ; celui-ci doit être aussi efficace que paifait, c'est-à-dire
combiner l'ntilité et la légitimité, l'intérêt et le droit.
L'intérêt de
chaque individu suppose que l'association avec les autres lui soit utile ;
son droit, qu'elle demeure légitime.
Unir la force à la liberté : telle est
la quadrature du cercle que Rousseau cherche à résoudre.
1.
Le pacte social (livre I)
A.
Société de droit et sociétés de fait (1, I-IV)
■ «
L'homme est né libre, et partout il est dans les fers ».
La question
qui se pose dans le premier livre du Contrat social est : de quel droit ? Il
s'agit dans un premier temps d'examiner les réponses trnditionnellement
apportées à la question des fondements légitimes de la société politique.
■ Le roi et ses sujets seraient un prolo ngement du père et des
enfants : les seconds doivent obéissance absolue et respect au premier.
Cependant, un père commande à ses enfants pour leur bien, un roi pour
son bien propre; un père dirige ses enfants tant qu'ils ne sont pas
capables de se diriger par eux-mêmes, et les sujets d'un roi ne se com
plaisent dans leur esclavage que parce qu'on les y a abrutis.
■ Celui qui commande fonderait son droit sur sa force ; certes, c'est bien
parce qu'il est le plus fort qu'il commande, mais cela ne fait pas un
devoir de lui obéir : il faut distinguer être contraint (par la force) et être
obligé (par le devoir).
« Force ne fait pas droit », et si la force faisait le
droit, il serait légitime de désobéir dès qu'on est le plus fort.
■ La nature -force ou autorité naturelle -ne donnant aucune légitimité
à l'oppression politique, il faut que les hommes soient assujettis à
d'autres hommes par convention.
Mais qui accepterait de livrer saper
sonne et ses biens, sa liber�l sans contrepartie ? Une société légitime doit
être fondée sur une convention, mais cette convention doit rendre
l'obéissance avantageuse à tous les contractants.
B.
Le contrat social (I, V-IX)
■ Le fondement d'une société politique n'est pas l'acte par lequel le
peuple se donne un chef, mais celui par lequel il se fait peuple.
Obéir à
un même chef en effet ne fait pas du peuple une unité, mais un.
»
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