Roumanie (1995-1996)
Publié le 21/09/2020
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Roumanie (1995-1996)
La Roumanie a vécu en 1996 au rythme des élections: locales en juin,
législatives et présidentielle en novembre.
Soucieux de se positionner comme une
force de rassemblement "centriste", le Parti de la démocratie sociale de
Roumanie (PDSR) - qui depuis 1992 ne bénéficie pas d'une majorité parlementaire
suffisante pour gouverner seul a pris quelque distance avec certaines des
formations nationalistes (comme le Parti de la Grande Roumanie) qui, de 1993 à
1995, ont constitué ses forces d'appoint au Parlement, moyennant plusieurs
portefeuilles ministériels et postes de secrétaires d'État.
Les résultats des élections locales des 2 et 16 juin 1996 ont renvoyé une image
du paysage politique plus différenciée que celle qui s'était dégagée à l'issue
du scrutin de février 1992, laissant augurer pour le 3 novembre une bataille
électorale serrée.
Le parti présidentiel a enregistré un score nettement moins
satisfaisant qu'en 1992 à l'élection des conseils départementaux, où le
principal rassemblement de l'opposition, la Convention démocratique de Roumanie
(CDR), a remporté 280 sièges - contre 278 pour le PDSR, 192 pour l'Union
social-démocrate (USD) de l'ex-Premier ministre Petre Roman et 133 pour l'Union
démocratique des Magyars de Roumanie (UDMR).
Il en est allé de même à l'élection
des conseils municipaux (où 24 % des sièges sont allés au PDSR, 16,5 % à la CDR
et 15 % à l'USD), ou encore à celle des maires remportée à raison d'un tiers par
le PDSR.
Ce recul a donc profité pour l'essentiel à la CDR et à l'USD, dans une
mesure moindre au Parti de l'unité nationale des Roumains (PUNR) et à l'héritier
proclamé de l'ex-Parti communiste roumain, le Parti socialiste du travail.
Dominée par le Parti national paysan chrétien démocrate, dont le dirigeant
historique a disparu en novembre 1995 à l'âge de 82 ans, la CDR a choisi, comme
en 1992, Emil Constantinescu comme candidat à la magistrature suprême.
Le
candidat-président sortant Ion Iliescu, bien que crédité dans les sondages de
plus d'un tiers des suffrages dès le premier tour, s'est inquiété des médiocres
scores de sa formation dans les grandes villes, à commencer par Bucarest dont le
nouveau maire Viorel Ciorbea, leader syndicaliste de l'après-1989, a bénéficié
d'une alliance CDR-USD.
Si les résultats macroéconomiques ont confirmé avec netteté la reprise amorcée
en 1994 et si l'inflation, bien que toujours sujette à quelques ratés, a été
ramenée à 27,7 % en 1995, les fruits de cette croissance, en grande partie liée
à la hausse des importations - source d'un déficit commercial important -, ne
profitent qu'à une faible minorité de la population.
De même, grâce à une
activité diplomatique toujours intense (demande d'entrée dans le groupe des pays
de Visegrad, activité au sein de l'organisation de coopération économique des
pays riverains de la mer Noire, etc.), la Roumanie est bel et bien parvenue à
tirer avantage de sa position géographique et a fait croître les investissements
étrangers (1,7 milliard de dollars au 30 juin 1996).
Cependant, les traités
toujours en souffrance avec la Hongrie comme avec la Russie, ainsi que les
méandres suivis par la privatisation des entreprises d'État - en dépit d'un plan
d'accélération lancé en juillet 1995 - ont témoigné de l'inertie intrinsèque
d'un pouvoir toujours marqué par l'empreinte du passé..
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