Roumanie (1989-1990): Une transition cahotique
Publié le 21/09/2020
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Roumanie (1989-1990):
Une transition cahotique
La Roumanie a été, en décembre 1989, le théâtre de la "révolution" à la fois la
plus médiatisée et la plus controversée de l'ex-bloc socialiste.
Après la chute
de l'ancien régime marquée par l'exécution des époux Elena et Nicolae Ceausescu
à l'issue d'une parodie de procès, le pays est entré dans une période de
turbulences qui s'est poursuivie malgré la tenue d'élections libres en mai 1990.
Traumatisée par l'"ère Ceausescu", la Roumanie s'est ainsi embarquée dans une
transition qui s'annonce de loin comme la plus chaotique à "l'Est".
Le chef de l'État et du Parti communiste roumain (PCR), Nicolae Ceausescu, au
pouvoir depuis 1965, a tenu bon jusqu'au dernier moment.
Ultime dirigeant de
l'époque brejnévienne encore en place après la chute des régimes est-allemand,
bulgare et tchécoslovaque, le Conducator s'était fait réélire à l'unanimité
secrétaire général du PCR le 24 novembre 1989.
Certainement inquiet devant le
risque de contagion, il avait une dernière fois fait vibrer la corde
nationaliste à la tribune du XIVe congrès, dénonçant l'annexion par l'URSS de la
Bessarabie incorporée dans la République de Moldavie en 1940.
Seul désormais à "l'Est" en Europe à brandir la bannière du dogme, le régime
roumain ne pouvait survivre longtemps.
Le 16 décembre 1989, la ville de
Timisoara donnait le signal de l'agonie de la dictature.
Environ 5 000 personnes
manifestaient alors pour empêcher la déportation dans le village de Mineu, en
Transylvanie du Nord, du pasteur protestant de souche hongroise Laszlo Tökes,
défenseur des droits de la minorité magyare et à ce titre bête noire des
autorités.
Le lendemain, la manifestation tournait au soulèvement, tandis que
des incidents éclataient dans d'autres villes.
Le rôle de la télévision
Rentré d'Iran où il effectuait un voyage officiel, le "Génie des Carpates" fit
convoquer le 21 décembre une manifestation dans le centre de Bucarest.
Mais
alors que d'habitude la foule, encadrée par les agents de la Securitate (la
police politique), ponctuait le discours du Conducator d'applaudissements
dociles, Nicolae Ceausescu se fit huer, en direct à la télévision.
Il tenta de
reprendre son discours.
En vain.
Le 25 décembre, le couple Ceausescu sera
exécuté dans le plus grand secret ; les deux cadavres ainsi que des bribes de
leur procès seront montrés à la télévision roumaine dans la nuit du 26 au 27.
Jamais dans le passé la télévision n'avait joué un tel rôle.
Minute par minute,
à partir du moment où les "révolutionnaires" ont pris le siège de la télévision
roumaine le 22 décembre à 13 heures, le monde entier a pu suivre l'insurrection:
les affrontements armés dans le centre de Bucarest, les communiqués lus devant
les caméras du Conseil du Front de salut national (CFSN), le nouveau pouvoir
constitué le 26 décembre, et les bouleversantes images du "charnier de
Timisoara", une dizaine de corps mutilés dont celui d'une femme tenant un
nouveau-né dans les bras.
On parle alors de 4 500 insurgés assassinés par la
Securitate et jetés dans des charniers.
En janvier 1990, des médecins de.
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