RONSARD: Sonnets pour Hélène (Fiche de lecture)
Publié le 15/05/2020
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RONSARD: Sonnets pour Hélène (Fiche de lecture)
Dans le recueil des Sonnets pour Hélène, composé de deux livres d'une soixantaine de pièces chacun, Ronsard parvient à un équilibre entre les différentes tendances qui l'avaient sollicité.
Il renoue avec le pétrarquisme, maisabandonne la lourdeur rhétorique, le pédantisme des développements néo-platoniciens des Amours de Cassandre.
1.
UNE VIRTUOSITÉ SANS AFFECTATION
Dans cette oeuvre de maturité, Ronsard manifeste une véritable maîtrise non seulement de la souplesse del'alexandrin, mais aussi des effets de symétrie et de rupture que permet le sonnet.
Par la disposition des rimes, lesonnet met toujours en miroir les quatrains et les tercets.
Mais à cette coupure médiane, Ronsard superposesouvent une coupure rhétorique décalée, qui isole une des strophes.
Dans le sonnet suivant, par exemple, le motifde la grenade, annoncé dans le premier quatrain, forme un véritable emblème dans le dernier tercet qui est entièrement consacré à ce symbole de l'Amour et se trouve ainsi isolé des développements précédents :
«Je suis pour votre amour diversement malade,
Maintenant plein de froid, maintenant de chaleur :
Dedans le cœur pour vous autant j'ai de douleur,
Comme il y a de grains dedans votre Grenade.
Yeux qui files sur moi la première embuscade,
Désattisez ma flamine, et desséchez mes pleurs :
Je faux [je me trompe], vous ne pourriez : car le mal dont je meurs
Est si grand qu'il ne peut se guérir d'une œillade.
Ma Dame croyez-moi, je trépasse pour vous :
Je n'ai artère, nerf, tendon, veine ni pouls
Qui ne sente d'Amour la fièvre continue.
La Grenade est d'Amour le symbole parfait :
Ses grains en ont encor la force retenue,
Que vous ne connaissez de signe ni d'effet.»
(Sonnets pour Hélène, II, sonnet 61
Plus encore que dans les Amours de Marie, le goût du concret s'affirme.
Le sonnets composent de petites scènes dans des décors précis.
La Maîtresse se fier à la fenêtre et regarde vers Montmartre (I, 36).
Le poète lui dérobe uneorange e un citron (I, 34).
Elle se promène en sa compagnie et lui fait part de ses préférence en poésie :
«Nous promenant tous seuls, vous me dites, Maîtresse, Qu'un chant vous déplaisait, s'il étaitdoucereux : Que vous aimiez les plaints des tristes amoureux, Toute voix lamentable et pleinede tristesse.
Et pour ce (disiez-vous) quand je suis loin de presse, [loin de toute compagnie]
Je choisis vos Sonnets qui sont plus douloureux :
Puis d'un chant qui est propre au sujet langoureux,
Ma nature et Amour veulent que je me paisse.»
(Sonnets pour Hélène, I, sonnet 33, v.
1-8)
De manière plus subtile, l'anecdote peut prendre le masque du souvenir, comme ce souvenir d'une rencontre auxTuileries où le poète avoua sa flamme et qui renouvelle son émoi amoureux :
«Quand je pense à ce jour, où près d'une fontaine Dans le jardin royal ravi de ta douceur,
Amour te découvrit les secrets de mon cœur,
Et de combien de maux j'avais mon âme pleine:.
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