Ronsard
Publié le 15/05/2020
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Ronsard
Ronsard est le « maître de chœur » de la Pléiade, le véritable fondateur de notre poésie; malgré des défaillances et des erreurs, il a au moins créé le grandstyle lyrique et oratoire.
La vie de Ronsard a été vouée à l'étude.
Pierre de Ronsard naquit dans le Vendômois en 1524 ; la surdité l'obligea d'interrompre une carrière brillamment commencée dans les cours et ladiplomatie.
La gloire rapide et presque fabuleuse qu'il avait acquise de son vivant lui a été par la suite violemment contestée.
Son œuvre.
Après une solide préparation de sept années au collège de Coqueret où il étudia sous la direction de Daurat, Ronsard se consacra, au prix d'un labeurimmense, à son œuvre d'initiateur, attaquant de prime abord l'ode et se réservant l'épopée.
Les Odes, puis La Franciade, sont les principales manifestations de Ronsard en tant que chef d'école.
Les Odes (1550).
Dans de grandes odes imitées de Pindare, avec des divisions compliquées et des rythmes différents (strophes, antistrophes, épodes),Ronsard a accumulé en longues strophes tumultueuses, mais sonores, des images mythologiques, des pensées morales et des expressions brillantes (Odeà Michel de l'Hôpital).
Érudites et factices, ces compositions sont gâtées par « le faste pédantesque » que Boileau reprocha plus tard à leur auteur.Toutefois, dans des poèmes d'un genre plus délicat, imités d'Anacréon ou d'Horace, Ronsard a chanté le plaisir et la nature (Odelette à la Rose).
La Franciade (1572).
Sujet : établissement des T royens en Gaule sous la conduite de Francus, fils d'Hector.
Cette épopée, aussi artificielle dans sa factureque dans son inspiration, est aujourd'hui bien oubliée.
Les œuvres élégiaques de Ronsard sont d'une inspiration plus authentique et d'un goût plus touchant.
Ce sont les sonnets, églogues et élégies.
Les Amours de Cassandre (1552).
Œuvre d'une sincérité médiocre, où le poète multiplie les comparaisons savantes.
Les A mours de Marie.
Inspirés par un sentiment franc et ardent, ils sont écrits dans une langue ingénieuse et souple.
Les dernières pièces sont attristéespar la mort prématurée de M arie :
Comme on voit sur la branche, au mois de mai, la rose...
Les Sonnets pour Hélène (1574).
Ils sont assombris par l'idée déjà familière à Ronsard de la fuite du temps : Quand vous serez bien vieille...
Les autres pièces de Ronsard sont surtout remarquables par le sentiment de la nature (Élégie contre les bûcherons de la forêt de Gastine).
Les Hymnes (1555-1556) sont des pièces étendues où les fragments descriptifs et légendaires (Hymne de l'Or), les considérations morales (Hymne de laMort) ou politiques sont développés en un style oratoire ferme.
Les poèmes politiques de Ronsard sont d'une grande vigueur.
Enfin, en vivifiant son art par le sentiment direct des événements contemporains, Ronsard aatteint mieux que jamais à la haute poésie.
Les Discours des Misères de ce temps (publiés de 1560 à 1569) sont une œuvre partiale mais ardente etpatriotique.
Ronsard y accuse avec violence les protestants et les poursuit de sa fureur et de son ironie, mais il éprouve une émotion sincère en exposant ladétresse du pays.
L'œuvre de Ronsard, dans son ensemble, représente un effort vigoureux de lyrisme joint à l'érudition.
Ses productions embrassent tous les genres, sauf le théâtre, et représentent une masse considérable : « Entre tous les Français, j'ai seul le plus écrit.
»
Imagination et idées.
Il y avait en Ronsard un humaniste et un poète : le pédantisme de l'un a souvent nui au lyrisme de l'autre.
Tour à tour l'érudition,l'inspiration mythologique, l'amour du plaisir et le sentiment de la nature se reflètent dans ses vers.
Cependant, même dans les sujets mythologiques, sonimagination féconde a parfois dominé avec succès son érudition.
Quant au sentiment de la nature, Ronsard l'a exprimé sur des tons très divers, parfois tropmignards (Bel aubépin verdissant), souvent mythologiques (nymphes et déesses de la forêt de Gastine tuées par les bûcherons), mais parfois directementdans des descriptions originales et intéressantes (Églogues.) Ce goût était du reste sincère :
J'aime fort les jardins qui sentent le sauvage.
J'aime le flot de l'eau qui gazouille au rivage.
La langue et le style.
La langue est brillante et sonore, émaillée d'un vocabulaire riche et pittoresque, mais il use sinon de mots composés (peu nombreux),du moins d'appellations inaccoutumées grecques ou latines (Neptune, la mer; Cérès, le blé, etc.), et de diminutifs puérils (rossignolet, herbelette).Cherchant à assouplir la syntaxe, il emploie très librement l'adjectif (« l'épais d'un nuage », cf.
le frais de l'ombrage), l'infinitif (le dormir, l'oser = audace).
Le style est inégal.
Les pièces, riches en passages d'une belle envergure, sont mal composées, prolixes, embarrassées de digressions, mais elles sontremarquables déjà par l'accent oratoire, et pleines d'un souffle grandiose dans les Hymnes et dans les Discours.
Malgré des reproches injustes, la gloire restera à Ronsard d'avoir transformé et ennobli la langue et fondé la poésie classique.
L'œuvre de Ronsard est restée partiellement méconnue jusqu'à la moitié du XIXe siècle.
Boileau a discrédité l'auteur des Odes et de La Franciade et lesRomantiques n'ont apprécié que l'auteur des sonnets et de quelques pièces élégiaques.
Malgré le charme de ces ouvrages, on ne peut oublier qu'il y a aussidans Ronsard des poèmes d'une inspiration plus large.
En tout cas, son action d'initiateur reste considérable : réformateur du style, il a le premier éprouvéla capacité de la langue française en y transcrivant les passages excellents des anciens, mettant ainsi à la disposition des modernes un vaste répertoire delieux communs; il a assoupli et affermi la langue, « une langue rebelle », a dit Sainte-Beuve; versificateur, il a essayé tous les rythmes possibles et a établidéfinitivement l'alexandrin.
Son influence lointaine et durable s'est étendue en réalité très loin : l'école classique du XV IIe siècle a pu le renier par la voix de Malherbe et de Boileau,mais elle a vécu sur le principe qu'il avait posé : l'imitation des Anciens..
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