Rois fainéants
Publié le 06/12/2021
Extrait du document
Rois fainéants, terme apparu au XIXe siècle pour désigner les derniers rois mérovingiens.
Après la mort de Clovis II, en 657, le maire du palais d’Austrasie, Wulfoald, mais surtout celui de Neustrie, Ébroïn, prennent les décisions en lieu et place des jeunes héritiers de la Couronne, Clotaire III (652-673) et Childéric II (vers 653-675). À partir de cette époque, les rois sont mariés à l’initiative des maires du palais ou placés dans des monastères, ou encore installés et contrôlés dans des villae situées autour de Paris, au gré des affrontements entre les aristocraties neustrienne, austrasienne et burgonde. Et, lorsque s’impose à la mairie du palais la dynastie pippinide (avec Pépin de Herstal puis Charles Martel), leur pouvoir se limite à une simple signature apposée au bas des actes officiels.
Charles Martel place dans un monastère le dernier Mérovingien, le jeune Childéric III. En 743, les fils de Charles Martel, Carloman et son frère Pépin le Bref, tous deux maires des palais de Neustrie et d’Austrasie, rappellent Childéric III pour qu’il légitime leur pouvoir. Lorsque Pépin, après avoir obtenu l’aval du pape et des principaux comtes pour s’emparer de la couronne, devient en 751 seul princeps francorum, il se défait de Childéric III qui meurt quatre ans plus tard.
Les rois fainéants doivent leur image traditionnelle à Eginhard, biographe de l’empereur Charlemagne, le fils de Pépin le Bref. Leur impuissance ne résulte pas tant de leur incapacité politique que de leur jeune âge lorsqu’ils accèdent au trône et, surtout, de la baisse de leurs revenus. Le monnayage est usurpé par les comtes ; les exemptions d’impôt accordées aux domaines ecclésiastiques et aux officiers diminuent sensiblement les rentrées d’argent. Face à cela, les grands propriétaires se trouvent à la tête de richesses colossales — tel Pépin de Herstal, héritier de nombreuses terres dans une vaste zone s’étendant de la Flandre au Palatinat, d’une clientèle elle-même influente et puissante. Seul l’attachement d’une partie du clergé et de l’aristocratie à une souveraineté d’origine divine soutient encore les derniers Mérovingiens.
Malgré leur impuissance, les rois fainéants, écartés du pouvoir mais non détrônés jusqu’à Pépin, sont les témoins de la solidité de l’essence catholique et dynastique de la monarchie créée par Clovis, et qui reste inchangée jusqu’à la Révolution française.
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