ROCROI

« ROCROI (19 mai 1643) L'éclatante victoire de Rocroi, remportée par le jeune duc d'Enghien à peine âgé de vingt-deux anssur l'armée espagnole commandée par le vieux comte de Fuentes perclus de douleurs et porté dans sa chaise,constitue un des tournants de la guerre de Trente Ans.

Sur l'initiative de Richelieu, la France participe à cetteguerre depuis 1635, dans l'intention de limiter l'expansion de l'Empire et de l'Espagne.

Les premières opérationsmilitaires n'ont pas été heureuses et, en 1636, une menace espagnole sur Paris et la Bourgogne a été écartée dejustesse, avant que les armées françaises ne réussissent à occuper l'Artois et le Roussillon.Mais, en 1643, les Espagnols se décident à porter un coup décisif.

La mort de Richelieu, la fin imminente de LouisXIII, l'espoir d'un désarroi dans le gouvernement et les armées de la France incitent le gouverneur des Pays-Bas,Francisco Melo de Braganza, à envahir la France et à s'emparer de Paris.

Le plan des opérations est simple.

Unearmée sous les ordres du comte de Fuentes enlèvera, entre la Sambre et la Meuse, la place de Rocroi, tournera parl'est les villes sur l'Oise : Guise, La Capelle et La Fère, et marchera sur la capitale par les vallées de l'Aisne et de laMarne.

Les Espagnols jettent dans la bataille leurs meilleures troupes, de solides bandes wallonnes, italiennes,espagnoles, parfaitement aguerries.Pour parer à cette menace, la garde de la frontière a été confiée au duc d'Enghien, futur prince de Condé, assistédu vieux maréchal de L'Hospital.

Les instructions de la cour sont de «ne s'engager à rien dont l'issue ne doive, partoutes les apparences humaines, être glorieuse pour les armées de Sa Majesté».

Sans écouter les conseils deprudence de son mentor, le jeune duc se porte sur Rocroi et se heurte, le 19 mai 1643, à l'armée espagnole rangéeen bataille.

Il laisse l'ennemi engager son aile droite et, à la tête de sa cavalerie, avec une impétuosité extrême, ilculbute la cavalerie espagnole, se rabat sur les arrières de l'adversaire et met en déroute une aile gauche qui secroyait victorieuse.

Il se retourne ensuite contre le centre de l'ennemi, contre cette «redoutable infanterie del'armée d'Espagne dont les gros bataillons, semblables à autant de tours [...], restaient inébranlables et lançaientdes feux de toutes parts» (Bossuet).

Au troisième assaut, l'adversaire cède et la victoire est complète.Rocroi met fin à la menace d'invasion et porte un coup fatal à la puissance et à la renommée militaires de l'Espagne.Jamais celle-ci ne réussira à reconstituer le corps d'officiers détruit à Rocroi et dont la valeur, de l'avis même du ducd'Enghien, était la plus «fine» de toute l'Europe.. »