Rocard, Michel
Publié le 06/12/2021
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1 | PRÉSENTATION |
Rocard, Michel (1930- ), homme politique français, Premier ministre de 1988 à 1991, sous la présidence de François Mitterrand.
2 | HAUT FONCTIONNAIRE ET MILITANT DU PSU |
Né à Courbevoie, Michel Rocard est le fils d’Yves Rocard (1903-1992), physicien de grand renom, qui fut notamment directeur du laboratoire de physique de l’École normale supérieure. Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, ancien élève de l’École nationale d’administration, Michel Rocard intègre le corps de l’inspection générale des finances en 1958.
Parallèlement à une brillante carrière administrative, à la Direction de la prévision du ministère des Finances, puis au secrétariat général de la Commission des comptes et budgets économiques de la nation, Michel Rocard milite activement : adhérent de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) dès 1949, il est secrétaire national de l’Association des étudiants socialistes à partir de 1955.
Hostile à la politique algérienne de la SFIO, Michel Rocard quitte en 1958 ce parti, qu’il juge engagé sur la voie du déclin, pour fonder avec quelques autres militants le Parti socialiste autonome (PSA), auquel adhère Pierre Mendès France, son maître en politique. En 1960, le PSA fusionne avec plusieurs clubs et mouvements, tels que l’Union de la gauche socialiste, pour donner naissance au Parti socialiste unifié (PSU), dont Michel Rocard sera le secrétaire national de 1967 à 1973.
Participant activement, dans les années 1960, au vaste mouvement de réflexion sur la rénovation de la gauche non communiste, il est l’un des animateurs des Rencontres socialistes de Grenoble (1966). En 1967, c’est en s’opposant à un ralliement à la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) de François Mitterrand qu’il devient le principal dirigeant du PSU.
3 | L’ENTRÉE AU PARTI SOCIALISTE |
Après s’être impliqué dans le mouvement de Mai 68, comme l’ensemble des militants du PSU qui prônent alors le socialisme autogestionnaire, Michel Rocard se présente à l’élection présidentielle de 1969, où il recueille 3,66 p. 100 des voix. Élu la même année député des Yvelines face à Maurice Couve de Murville lors d’une consultation partielle, il observe avec intérêt l’initiative de construction d’un nouveau Parti socialiste sur les décombres de la SFIO. Il rejoint les rangs de cette formation en 1974, après avoir pris part à la campagne de François Mitterrand.
Nommé l’année suivante secrétaire national chargé du secteur public, il est aussi membre du bureau exécutif du Parti socialiste. Élu maire de Conflans-Sainte-Honorine en 1977, il retrouve en 1978 le siège de député qu’il avait perdu en 1973. Mis en minorité avec Pierre Mauroy, au congrès de Metz, en 1979, Michel Rocard rend publique en octobre 1980 sa candidature à l’élection présidentielle de 1981, sans en référer aux instances du parti, tout en précisant qu’il se retirera si François Mitterrand se déclare, ce qu’il fit, lorsqu’au mois de novembre, François Mitterrand annonça sa candidature.
En 1981, il est nommé ministre d’État du Plan et de l’Aménagement du territoire, puis, en 1983, ministre de l’Agriculture, en remplacement d’Édith Cresson. Il démissionne en 1985 pour signifier son opposition à l’adoption du scrutin proportionnel en vue des élections législatives de 1986, qu’il estime être une manœuvre gouvernementale ayant pour but d’y minorer l’échec attendu de la gauche.
4 | PREMIER MINISTRE DE FRANÇOIS MITTERRAND |
Michel Rocard, l’homme du « parler vrai «, bénéficie d’une confiance grandissante dans l’opinion. Néanmoins, en 1988, après la décision de François Mitterrand de briguer un second mandat, il renonce une nouvelle fois à présenter sa candidature. Après sa réélection, François Mitterrand le nomme au poste de Premier ministre. Michel Rocard apparaît donc comme le seul dirigeant socialiste qui, imprégné d’une tradition social-démocrate, est capable de fédérer la gauche non communiste, ainsi qu’une partie du centre, dont l’appui est indispensable en raison de l’absence de majorité à l’Assemblée nationale après les élections législatives de 1988.
À la tête d’un gouvernement d’ouverture, où figurent plusieurs personnalités venues de l’Union pour la démocratie française (UDF) — dont plusieurs anciens ministres de Valéry Giscard d’Estaing (Jean-Pierre Soisson, Michel Durafour, Lionel Stoleru, notamment) — et des membres de la « société civile «, Michel Rocard met en œuvre une méthode — « la méthode Rocard « — fondée sur la recherche du consensus. Depuis lors ses relations avec les autres dirigeants socialistes sont demeurées tendues, comme en témoigne le rejet de sa candidature au profit de celle de Jean-Paul Huchon, son ancien conseiller, pour mener la liste de la gauche plurielle en Île-de-France, aux élections régionales de mars 1998.
Pendant les trois années qu’il passe à l’hôtel Matignon, Michel Rocard fait preuve d’une volonté de dialogue et de changement qu’illustre le règlement de la crise en Nouvelle-Calédonie (accords Matignon et Oudinot, juin et août 1988). Un programme de renouveau du service public est négocié avec les syndicats ; le revenu minimum d’insertion (RMI) est institué pour venir en aide aux personnes les plus démunies ; la contribution sociale généralisée (CSG) est instaurée, non sans heurts, pour accroître les recettes de la Sécurité sociale.
Mais donnant parfois une impression d’immobilisme en privilégiant des réformes à long terme plutôt que des mesures ponctuelles et immédiates, gêné dans son action par des divergences persistantes avec François Mitterrand, Michel Rocard s’astreint, selon ses propres termes, à un « devoir de grisaille «, seul moyen de prouver ses talents de gestionnaire tout en affirmant sa différence avec le président de la République. Ce dernier, jugeant l’opinion lassée, remplace Michel Rocard par Édith Cresson, en mai 1991.
5 | L’ÉLOIGNEMENT DU POUVOIR |
Confrontés à l’échec d’Édith Cresson, au développement des affaires judiciaires impliquant des personnalités socialistes et à la persistance de la crise économique, sur fond de divisions internes, les dirigeants socialistes font appel à Michel Rocard. Peu après l’échec de la gauche aux élections législatives de 1993, où il a lui-même été battu, il remplace Laurent Fabius à la tête du Parti socialiste. Élu premier secrétaire du parti en octobre 1993, Michel Rocard aspire à un « big bang « à gauche qui aurait pour effet de rapprocher des socialistes des centristes, des écologistes et des communistes (discours de Montlouis-sur-Loire, février 1993). Mais il ne parvient pas à s’imposer face aux différents courants du Parti socialiste et démissionne après l’échec de cette formation aux élections européennes de juin 1994.
La même année, il abandonne son mandat de maire de Conflans-Sainte-Honorine et, renonçant à poser sa candidature pour l’élection présidentielle de 1995, il soutient celle de Lionel Jospin. Élu sénateur des Yvelines en 1995, il siège également au Parlement européen (il y est réélu en juin 1999). En 1997, Lionel Jospin, Premier ministre, lui ayant demandé de ne pas cumuler ces deux mandats, il choisit de ne conserver que celui de député européen, qu’il continue de détenir à l’issue du scrutin de 2004, après avoir conduit la liste socialiste à la victoire dans la circonscription Sud-Est. En 2005, il est envoyé en tant que député européen comme observateur des élections qui se déroulent en Palestine.
6 | UN MILITANT PERMANENT DE L’OUVERTURE |
Artisan de l’ouverture en 1988 et 1994, Michel Rocard se rend en 2006 à l’université d’été de l’UDF. Il s’y dit désireux de contribuer à la création des « conditions d’une rencontre « entre « sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens «. Neuf jours avant le premier tour de l’élection présidentielle de 2007, fidèle à cette démarche, Michel Rocard appelle « à une alliance sincère et constructive « entre Ségolène Royal et François Bayrou afin de « battre la coalition Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen «, constatant de nombreux points de vue communs aux socialistes et aux centristes (l’Europe, la politique sociale, les institutions de la République…). Se confrontant à des réactions hostiles au sein du PS et à l’opposition de Ségolène Royal, sa prise de position est en revanche approuvée par Bernard Kouchner et par François Bayrou. Au lendemain du premier tour, qui voit arriver en tête Nicolas Sarkozy (31,18 p. 100 des suffrages) et Ségolène Royal (25,87 p. 100) suivis de François Bayrou (18,57 p. 100) — son score très élevé le place en position d’arbitre du second tour —, la candidate du PS propose à celui de l’UDF de débattre avec elle, proposition qu’il accepte. Si Michel Rocard continue de regretter qu’une telle alliance n’ait pas eu lieu avant le premier tour, il n’en apparaît pas moins que la démarche de Ségolène Royal va finalement dans son sens. En outre, si François Bayrou n’appelle pas ses électeurs à voter pour Ségolène Royal, il déclare qu’il ne votera pas pour Nicolas Sarkozy, qui est élu au mois de mai 2007 à la présidence de la République. Très impliqué au Parlement européen contre la brevetabilité des logiciels, Michel Rocard est chargé par Ségolène Royal pendant la campagne d’un rapport-programme sur les enjeux du numérique, intitulé République 2.0 (bêta) – Vers une société de la connaissance ouverte.
Auteur notamment de l’Inflation au cœur (1975), Parler vrai (1979), le Cœur à l’ouvrage (1987), Un pays comme le nôtre (1989), Michel Rocard a publié, en 1996, les Moyens d’en sortir, un essai consacré au problème du chômage, dans lequel il présente la réduction du temps de travail comme une solution majeure et, en 2005, Si la gauche savait, un livre d’entretiens avec le journaliste Marc-Georges Benhamou dans lequel il analyse la socialisme français sans complaisance aucune et qu’il décrit comme faisant « mauvaise exception « dans le paysage politique européen.
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