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RIVAROL

Publié le 15/05/2020

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« RIVAROL Rivarol (1753-1801) semble n'avoir pas résisté au changement de siècle.

On l'associe en général à Chamfort, mortjeune lui aussi, mais en pleine Terreur, comme Lemierre, Florian, Condorcet, Roucher ou André Chénier.

Tous ceux-làsont les otages de l'Histoire, tués sur le tas.

La disparition de Rivarol un peu plus tard et loin de la France, alors queNapoléon déjà perce sous Bonaparte, alors que Chateaubriand se prépare à publier Le Génie du christianisme, aquelque chose de symbolique : elle signifie peut-être l'enterrement des Lumières.Sa vie n'offre rien de remarquable.

Son oeuvre, de volume assez maigre, ne comprend guère que des essais deJeunesse, des articles de circonstance, quelques projets plus graves mais demeurés en friche, enfin des mots,maximes et pensées qu'il avait notés dans ses carnets, ou que ses auditeurs avaient enregistrés.

Une finprématurée, une paresse proverbiale excusent-elles cette demi-disette ? La conversation de Rivarol étaitéblouissante : le causeur a nui à l'écrivain.

La littérature écrite a cédé le pas à la littérature orale, ce qui estfâcheux à une époque où le document sonore n'existait pas encore.

Le vrai Rivarol nous échappe, et le lecteurmoderne est tenté de voir en lui un philosophe de la onzième heure, un dandy réactionnaire qui n'aurait laissé dansson sillage que des étincelles fugitives.«C'est sans doute un terrible avantage de n'avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser », déclarait-il en 1788.Ce mot serait terrible à coup sûr s'il donnait la mesure des possibilités de son auteur.

Rivarol, imbattable faiseurd'aphorismes, avait-il aussi la trempe et la carrure du moraliste ? Depuis Sainte-Beuve, la question reste posée.Disons à sa décharge qu'il est arrivé tard, dans une société vermoulue.

Lorsqu'il se fixe à Paris vers 1780, l'ère desinventeurs est terminée, celle des exploiteurs bat son plein : Voltaire et Rousseau disparus, d'Alembert, Diderot etBuffon proches de leur fin, les grands hommes du jour se nomment Beaumarchais, Marmontel, La Harpe, Delille, enattendant Florian et Bernardin de Saint-Pierre.

Au règne du génie a succédé le règne de l'esprit, et l'esprit lui-mêmeest en passe de se dégrader.Dans cette foire aux vanités, Rivarol a tout pour plaire, ou pour déplaire.

Car il regorge d'esprit.

Le rôle de persifleursemble l'avoir tenté dès l'abord, et c'est bien par le persiflage qu'il débute, voie dangereuse où sa rosserie naturellefait merveille.

L'abbé Delille est sa première victime, dont il égratigne les Jardins en prose et en vers (1782) ; ilprononce cette prophétie succulente :« Sa gloire passera, les navets resteront.

»Polissonnerie que le tout-Paris n'apprécie guère.

Mais déjà l'on pressent les tendances maîtresses du personnage.Rivarol a un esprit critique dont l'arme de choix est l'ironie : son intelligence agit comme un frein sur l'événement ;elle a besoin de lui pour s'exercer, mais si elle le commente, c'est aussitôt pour le contester ou le refuser, qu'ils'agisse de la gloire surfaite d'un poète ou de la Révolution française.

Cette dépendance de l'inspiration par rapportà l'événement, constamment vérifiable dans son cas, prouve que Rivarol n'était pas un génie inventeur mais, selon ladéfinition qu'il donnait lui-même de l'homme, un témoin «spectateur et scrutateur de la nature.

» Sa pensée ne créepas, elle récapitule et prophétise : elle fait le point sur le champ, dans un présent qui résume le passé et devinel'avenir.En 1783, les premiers ballons volants lui font prévoir l'astronautique, et les tétas parlantes de l'abbé Mal le mettentsur la vole du disque et de la bande magnétique.

Il a prédit dès 1790 l'avènement de l'Empire, avec une précisionstupéfiante dans 'les détails.

S'il a complètement méconnu l'oeuvre de Madame de Staël, il a du moins annoncé lagrandeur littéraire de Chateaubriand.Fils spirituel des philosophes, il fait rétrograder leur héritage par excès de clairvoyance et de conservatisme.

PourRivarol, l'état présent des choses est par principe le meilleur.« Le génie, en politique, écrit-II, consiste non à créer, mais à conserver ; non à changer mais à fixer ; il consisteenfin à suppléer aux vérités par des maximes : car ce n'est pas la meilleure loi, mais la plus fixe qui est la bonne.On trouverait aisément les applications de ce fixisme dans tous les domaines dont l'écrivain s'est occupé :linguistique et littéraire (Universalité de la langue française).

religieux (Lettres à M.

Necker), politique (écrits del'époque révolutionnaire) , psychologique et philosophique (De l'Homme intellectuel et moral).

Rivarol a posé lesbases de la pensée dite « de droite », celle qui suspecte le progrès et redoute les réformes par crainte des piègesde l'idéalisme.Avec une culture éminente, il n'a pas du tout le sens de l'histoire : elle est gour lui un tableau, un prisme dont lemoment présent serait le foyer de convergence.

A la limite, s'il le pouvait, il arrêterait le temps ; aussi cetteréflexion hardie, venant de lui, ne surprend pas :« La plus grande Illusion de l'homme est de croire que le temps passe.

Le temps est le rivage ; nous passons, li al'air de marcher.

»La plus grande illusion de Rivarol a été de croire que l'homme et l'univers, la civilisation et l'histoire pouvaient seconcevoir en dehors du temps.

Ses erreurs.

ses incompréhensions découlent de là.

Ce n'est pas nous qui le plaçonsà la fin d'un âge : c'est lui qui se représente avec complaisance comme le dernier survivant d'un navire en perdition,rêvant pour l'humanité du point fixe qui lui servirait de havre, et donnant à la moindre de ses réflexions un relentd'eschatologie.Le sujet proposé par l'Académie de Berlin en 1783 convenait parfaitement à ses penchants, puisqu'il s'agissaitd'étudier un état acquis et de montrer que la langue française avait atteint un degré de perfection définitif etinsurpassable.

Aussi Rivarol, en rédigeant le Discours sur l'universalité de la langue française, arrive-t-il à déployertout son talent.

Cette « pendeloque éclatante » sacrifie aux lois d'un genre académique s'il en fut, et l'on doitregretter qu'elle ait éclipsé le reste de son oeuvre.

Mais le jeune écrivain de trente ans, poussé par sa passion dubeau langage, fait de l'exercice de style un acte d'amour.

Ce n'est pas tant le patriotisme qui l'anime, comme on l'adit parfois, qu'une ferveur cosmopolite héritée des lumières : dire comment et pourquoi le français est devenul'idiome de la République des Lettres, la langue universelle rêvée par Leibniz.

L'ensemble du discours est un condensé. »

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