Ricoeur (Paul)

« 1 / 2 1•• novembre 1967 Série D-1 Fiche N• 2063 Ricœur (Paul) 1.

M.

Paul Ricœur représente dans la philosophie actuelle une tentative originale.

Par rapport aux courants existentialistes, structuralistes ou rationalistes, il s'attache au problème de l'interprétation, de l'élucidation du sens, ce qu'on appelle " l'hermé­ neutique"· Inaugurant son œuvre par une "Philosophie de la Volonté, (1950), il entreprenait une description de J'activité et de la passivité de l'homme face au monde, une étude de la relation dialectique entre le volontaire et l'involontaire qui devait déboucher sur une méditation sur cc La Finitude et la Culpabilité" (1960).

2.

Le mal s'introduit dans la réalité humaine parce qu'il y a une disproportion, une non-coïncidence de l'homme avec lui-même, sur les plans de la connaissance, de l'action et du sentiment.

Nous ne percevons rien totalement, mais notre langage va toujours au-delà, transcende ce qui est vu.

Il y a une dualité entre le donné et le sens, qui demeure irréductible.

De même, au plan de J'action, il y a disproportion entre une exigence de totalité ou d'infinité et le caractère qui n'est qu'une ouverture limitée et finie.

Le sentiment, enfin, crée une nouvelle scission par 1 opposition qu'il intériorise entre l'amour, l'élan vers l'autre et l'attachement au vivre, l'agressivité du désir.

3.

Il y a donc en l'homme une faille, une fragilité affective qui s'exprime dans " la tristesse du fini "· Elle se rév.èle dans la faute, " l'injustifiable"· Le mal ne peut être l'objet d'un discours cohérent, rationnel.

Mais il est déjà traduit dans les symboles primitifs qui sont le langage à J'état naissant, par exemple, la souillure s'exprime dans Je symbole de la tache, le péché, dans celui des chemins tortueux, etc.

Puis viennent les mythes qui content l'origine du mal (mythe de la chute, du chaos, etc.).

Le chris­ tianisme renverse la perspective en mettant l'accent sur le pardon, la rémission des péchés.

Ses symboles introduisent un sens nouveau, celui du salut, de la rédemption.

4.

Penseur chrétien, très lié au protestantisme, M.

Paul Ricœur, qui est J'un des collaborateurs de la revue personnaliste cc Esprit», cherche à édifier une philosophie du langage qui, en restituant la richesse des significations créées par les hommes, ferait prévaloir le sens sur les structures.

Selon le philosophe, les structures n'inter­ viennent que pour limiter et articuler les significations des ensembles cohérents.

L'analyse structurale, que pratique un Lévi-Strauss, n'atteint que la grammaire de l'esprit, l'organisation formaliste et syntaxique des symboles et des mythes.

5.

Mais pour retrouver Je sens, il faut dissoudre les illusions de la conscience immé­ diate et de la fausse conscience.

M.

Paul Ricœur fait son profit de J'analyse de Freud auquel il a consacré tout un ouvrage: "De l'Interprétation -Essai sur Freud» (1965).

M.

Paul Ricœur est né en 1913.

Agrégé de philosophie, docteur ès lettres, il est professeur d'abord à l'Université de Strasbourg, puis à la Sorbonne et à la Faculté des lettres et sciences humaines de Nanterre. 2 / 2. »