RFA 1989-1990 Vers une grande Allemagne
Publié le 10/09/2020
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RFA 1989-1990
Vers une grande Allemagne
En 1989, l'Histoire a rattrapé à grands pas la République fédérale d'Allemagne.
Début janvier, l'éditorialiste du New York Times, William Safire, avec son
article "Auschwitz in the sand" ("Auschwitz dans les sables"), attirait tous les
regards vers la bourgade libyenne de Rabta où une entreprise chimique de RFA
participait très activement au développement d'armes chimiques.
La grande nation
exportatrice était-elle devenue si gourmande qu'elle ne respectait plus la
morale qu'elle-même s'était imposée au lendemain de la dernière guerre?
Un autre retour soudain de l'Histoire est arrivé avec les célébrations du 40e
anniversaire de l'existence de la RFA.
Pour une fois, gauche et droite,
intellectuels et politiques étaient d'accord: le provisoire de l'année 1949
avait gagné en 1989 le profil du durable.
Le chancelier chrétien-démocrate,
Helmut Kohl, oeuvrait même en faveur du premier musée de l'histoire de la RFA.
A
quelques semaines près, ces célébrations coïncidaient avec les commémorations du
déclenchement de la Seconde Guerre mondiale par le IIIe Reich, considéré comme
la raison profonde de la division de l'Allemagne.
Ironie de l'actualité, ces
deux commémorations ne précédaient que de peu la révolution qui, en RDA, devait
marquer le début de la fin de cette division en deux États.
Peu de gens avaient prévu l'ampleur de ces bouleversements.
Quand, début janvier
1989, une vingtaine de citoyens est-allemands avaient investi les bureaux de la
représentation officielle de la RFA à Berlin-Est, les observateurs ne se
doutaient guère qu'ils anticipaient une lame de fond.
Leur attention restait
encore fixée sur les mesures de détente et la "normalisation" entre les deux
Allemagnes qui, à travers un rapprochement général entre Est et Ouest,
affirmaient leurs autonomies respectives.
Une "normalisation" rythmée à la fois
par l'espoir - Erich Honecker, le chef de l'État est-allemand promettait en
janvier au ministre-président suédois Ingvar Carlsson un désarmement unilatéral
- et par le retour du pire des cauchemars de la guerre froide quand, début
février, les gardes-frontière est-allemands abattaient un jeune au Mur de
Berlin, lors d'une tentative d'évasion (un événement semblable eut lieu en
mars).
La politique de détente vis-à-vis du régime réformateur de Mikhaïl Gorbatchev
était alors dominée par le débat entre alliés de l'OTAN (Organisation du traité
de l'Atlantique nord) concernant la modernisation des missiles nucléaires à
courte portée (SNF).
Le gouvernement Kohl refusait leur installation prévue et
provoquait une querelle entre Allemands et Anglo-Saxons.
Cette fois, à l'inverse
du débat sur les missiles nucléaires intermédiaires Pershing-2 en 1982-1983,
l'opinion publique était en harmonie avec l'attitude de H.
Kohl.
Déjà imprégnés
de fortes sympathies pour le leader soviétique, lors de sa visite en juin, les
Allemands réservaient un accueil triomphal à M.
Gorbatchev, qui contrastait avec
les sentiments plus réservés avec lesquels ils avaient reçu un mois plus tôt, en
plein débat sur les missiles Lance, le président George Bush.
Revers électoraux pour Helmut Kohl
Même si le chancelier se trouvait cette fois en plein accord avec l'opinion, sa
politique ne fut guère couronnée de succès électoral en 1989 et en 1990.
Son
parti, le CDU (Union démocrate-chrétienne), est allé de défaite en défaite dans
tous les scrutins généraux et municipaux.
Fin janvier 1989, les
sociaux-démocrates du SPD remportaient les élections à Berlin.
Le nouveau
bourgmestre-gouvernant, Walter Momper, formait en mars une coalition
rouge-verte, huit des treize postes clefs étant occupés par des femmes.
Aux
élections municipales en Hesse, le CDU perdait en moyenne 7%.
Cette baisse ne
fut pas stoppée par le remaniement ministériel qui, à la mi-avril, fit de Theo.
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