Résumé Philosophie du geste - Michel Guérin
Publié le 02/04/2024
Extrait du document
«
Philosophie du geste,
Michel Guérin
« Nos premiers maîtres de philosophie sont nos pieds, nos mains
et nos yeux » Jean Jacques ROUSSEAU
A)
Introduction
Avant de démarrer cette exposé, il est important de comprendre
l’essence du geste.
Le geste correspondrait à un substitut pauvre de
la parole; il se contente de signifier le principal, voire le vital.
Il ne
peut s’appliquer aux situations complexes, du fait que les situations dans
lesquelles il est utilisé, sont relatives à l’urgence.
En ce sens, il
conviendra de penser le geste non point simplement comme un moyen
de s’exprimer, auquel cas il correspondrait à un signal, mais comme
un art, faisant ressortir l’inépuisable panoplie du vouloir-dire.
Le geste peut également avoir fonction d’excitateur ou de
modérateur, en opérant une schématisation par le corps de la
pensée abstraite.
Or, on vient d’expliquer qu’il n’était qu’un
révélateur ponctuel.
Néanmoins, face aux arguments avancés sur le
sujet, il convient de penser que le geste est également un révélateur
de la personnalité, des intérêts et des passions.
En d’autres termes, il
assure que la chaîne parlée n’est pas un flatus voci; que c’est bien
« moi » qui parle et non « n’importe qui ».
Dans ce contexte, il revêt aussi bien une dimension utilitaire et
pragmatique, qu’une dimension affective et expressive.
Ainsi, dans le
cas où il est pensé comme utilitaire ou expressif, il atteste d’un vouloirdire animal qui coïncide avec un vouloir-vivre, en esquissant la
technique et l’esthétisme.
En se grisant d’efficacité, le geste se place
comme charnière entre l’animalité et l’humanité.
De sorte que
quelque soit son utilisation « transformation ou transcription, il accroit
les pouvoirs de l’homme.
1
B)
FAIRE
Le geste de la main se donne comme dessin et comme dessein.
En effet, il vise à accomplir une action simple, et par le biais de l’outil
en accroit les performances, et fait varier et rassembler des
compétences.
De fait, l’outil crée par l’ouvrier ressemble à la main, de
par l’expérience dont il a su tirer profit pour être fabriquer.
Dans ce
contexte, il convient d’évoquer l’habileté qui peut être pensée comme
un équilibre entre la tendance synthétique de la main.
Ainsi, le geste
conjugue efficience et expressivité en exprimant son action d’un seul
mouvement; permettant d’induire une véritable sympathie
matérielle.
Enfin, chaque outil peut être pensé comme matérialisation
du débat entre adaptation et émancipation.
Le geste de faire, est donc indivisiblement mouvement et
symbole et sa dynamique est à la fois physique et interprétative.
Il
forme l’intermédiaire entre la posture, qui le fait descendre dans le
profond de la vie et l’outil de l’instrument auquel il délègue ses
pouvoirs.
En ce sens, le geste fait le relais entre l’intériorité vivante
et l’extériorisation techno-symbolique.
Par ailleurs, le geste peut être perçues selon deux faces.
La
première, renvoie à une situation mécanique, comme moulage (aspect
concret).
La seconde, renvoie quant à elle à une mécanique élargie,
se donnant comme modèle (aspect abstrait), exprimant une force
avant de la démultiplier.
C)
DONNER
Donner, correspond au geste qui se déprend, se dessaisit pour
s’abandonner à l’autre, voir le lui remet en main propres.
Contrairement, à ce que l’on a coutume de penser, il n’est pas aussi
gratuit que l’on croit et aussi libre qu’il semble.
Il n’est pas non plus
aussi déficitaire qu’il y paraît, portant avec lui l’obligation de rendre.
Le don possède une dimension sociale, systémique et économique
sans limite.
Par opposition, au troc qui est phénoménologiquement
plus proche de l’échange marchand et rend simultané le donné et le
rendu.
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Le geste technique érigeant son rapport au monde matériel,
est bâtit sur l’opposition, est vise au contact.
Le geste oblatif suscitant la relation du monde social, s’établit
quant à lui sur l’exagération, mais vise également au contact.
Or, il convient de s’intéresser à l’interprétation du don.
Lorsqu’on donne à quelqu’un, on se dessaisit de la chose pour que
l’autre l’acquiert.
D)
ÉCRIRE
Il convient de parler d’une dissidence de l’écriture, puisque pour
LEROI- GOURHAN, elle ne garde pas la forme, elle la renvoie.
De sorte,
qu’il existe une inversion puisque c’est la forme qui donne la matière
pour elle-même.
Bien que la peinture traite la matière comme une fin, l’écriture
la considère comme un moyen.
L’une est d’écrire soigneusement;
l’autre de cultiver une belle écriture dans le sens esthétique.
Il convient également de rappeler qu’écrire vient du grec graphein,
signifiant égratigner et écorcher.
L’écriture fait également référence à la
stabilisation entre le support et la surface.
Néanmoins, il convient de
préciser que l’écriture à la main, s’efface peu à peu ne laissant derrière
elle qu’un imago princeps; celui d’un homme assis, rêveur, songeant à
ce qu’il va écrire, tenant de sa main gauche son papier et de la dextre
écrit noblement.
En ce sens, écrire revient à déposer sa pensée sur le
papier.
Rousseau, explique que l’écriture en fixant le langage, se
manifeste sous trois aspects:
- substitution de l’exact à l’expressif
- L’acceptation commune à l’initiative sémantique individuelle
- De la fin aux moyens
De sorte que, le langage se trouve ravalé à un procédé,
intrinsèquement coercitif.
De cela découle une banalisation et une
homogénéisation de la pensée marquée par l’opinion d’autrui.
3
De surcroit, l’écrit est une voix unique, et n’est ni couverte, ni
parasitée, ni interpellée, ni incessamment modifiée, gardant son plaisir
en dépôt et se désirant elle-même dans la souffrance.
Enfin,
l’écriture pour Guérin peut être comparée à la sexualité par le fait que
toutes deux, dialectisent l’être et le néant, transitives sur fond
d’intransitivité, domesticables jusqu’à preuve d’imprévisibilité,
utiles par vagabondage et transcendent la signification ou la
reproduction.
E)
DANSER
Tout d’abord, il convient de penser la danse comme une recréation.
Dans un premier temps, il est nécessaire d’aborder le rôle de
l’émotion.
On pourrait croire, a priori, qu’elle présente une variété
infinie de manifestations, et que chaque individu s’exprime de manière
singulière.
Or, la danse peut également frapper par sa généralité, en
jouant le rôle de modèle.
De sorte qu’elle tende vers SA vérité, parce
que sa réalité est d’être visitée, habitée, et hantée.
En ce sens,
l’émotion présente un côté hystérique.
En effet, elle se veut vraie, nue
et viscérale.
L’expressivité est quant à elle, une partie induite, « hypnotisée »
voire « magnétisée ».
Celle-ci se retrouve piégée; la singularité passe
dans la généralité et la sincérité dans une comédie
supplémentaire.
Le danseur....
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