Résumé: La Condition humaine d'ANDRÉ MALRAUX

« La Condition humaine d'ANDRÉ MALRAUX André Malraux (1901-1976) est mêlé à tous les remous politiques de son époque : de 1924 à 1927, diplômé del'École Nationale des Langues Orientales et envoyé au Cambodge en mission archéologique, il se rend en Chine enpleine guerre civile et fait l'expérience de l'Asie.

En 1936, il organise et commande l'aviation étrangère au service dugouvernement républicain espagnol.

Mobilisé en 1939, blessé en 1940, prisonnier, évadé, il entre tardivement dans laRésistance.

L'action est le sujet de ses romans.

Mais, obsédé par l'idée de l'absurdité et de l'anéantissement del'homme, il cherche dans l'art une permanence que les métamorphoses du monde lui refusaient.

De 1958 à 1969, iltravaille comme ministre du Général de Gaulle à la rénovation et à la propagation de la culture. 1928, Les Conquérants1951, Les Voix du silence1930, La Voie royale.1952, Le Musée imaginaire.1933, La Condition humaine.1957, La Métamorphose des dieux.1937, L'Espoir. Pour comprendre la Condition humaine, il faut se remémorer les débuts de la république chinoise de 1911 à 1927.

Aulendemain des inondations catastrophiques du Yang Tsé Kiang ou Fleuve Bleu (1908) et des mauvaises récoltes de1911 s'était fondé le Kouo-min-tang, parti d'intellectuels favorables à l'instauration d'une jeune république et d'uneprise d'indépendance à l'égard des puissances occidentales.

La dynastie abdique, la République est proclamée(1911-1912).

Cependant les Seigneurs du Nord répriment à Shanghai en 1926 une première émeute descommunistes.

Ceux-ci, alliés au général Chang-Kaï-Chek, s'emparent de Han Kéou, Nankin et Shanghai où denouvelles émeutes sont étouffées en 1927.

Le parti communiste envoie Chou-en-Lai pour préparer une secondeinsurrection.Le roman d'André Malraux relate précisément du 21 mars au 6 avril 1927 ces actions clandestines du particommuniste.

En 1931 sera proclamée la République soviétique chinoise de Mao Tsé-toung.C'est sur ce fond de luttes et de défaites, de trafics et de complots, que les héros d'André Malraux : le jeuneEurasien Kyo, sa femme May, son père Gisors, sont aux prises avec leur « condition ».

Kyo, chargé de lacoordination des forces insurrectionnelles, cherche à concilier ses aspirations personnelles et la mission collectivedont il est investi : « Ce n'était pas lui qui songeait à l'insurrection, c'était l'insurrection, vivante dans tant decerveaux comme le sommeil dans tant d'autres, qui pesait sur lui au point qu'il n'était plus qu'inquiétude et attente »(p.

47).

Les actions relatées dans le roman sont autant de prétextes à réflexion sur les conflits de l'homme.

Devanttant de souffrance et d'angoisse, la mort apparaît même comme un acte « exalté », l'ultime tentative pour résoudrel'absurdité et la disparité de la condition humaine.

Le suicide de Kyo, ce don du cyanure qu'il se fait à lui-même dansun préau d'école où il attend avec deux cents blessés communistes qu'on le jette vivant dans la chaudière d'unelocomotive, est dynamique : « Mourir est passivité, mais se tuer est acte » (p.

303).• La fable exemplaire de notre temps : bien que les dialogues idéologiques ne manquent pas, Malraux évite deprésenter des personnages théoriques.

L'aventure révolutionnaire pour ces êtres en quête de leur propre vérité,déchirés d'angoisse, épris d'absolu, c'est un défi contre l'inertie et l'impuissance, contre la misère et la haine, contrel'angoisse et la mort, contre la guerre, la torture et la tyrannie, contre les entraves qui abolissent l'homme.• La condition de l'homme : impuissant à améliorer sa propre condition, l'homme se sacrifie pour que se perpétue lacondition des autres.

L'amour, la pitié, la fraternité donnent, au sein de ce rêve marxiste, une sorte de permanenceà l'homme en proie à ses métamorphoses : « Toute douleur qui n'aide personne est absurde.

». »