Résumé: L'Éducation sentimentale de GUSTAVE FLAUBERT

« L'Éducation sentimentale de GUSTAVE FLAUBERT Deux romans de Flaubert portent le même titre.

La première Éducation sentimentale, oeuvre de jeunesse, ne parutqu'en 1914.

La seconde Éducation sentimentale est à la fois la confession d'un amour d'adolescence et untémoignage sur une génération qui avait moins de trente ans en 1848. A seize ans, le regard d'une femme, Mne Schlésinger, avait séduit Flaubert.

Et le souvenir de cet été 1836 baignetout le roman.

A bord de la Ville-de-Montereau, bateau à vapeur qui assure le trafic des voyageurs et desmarchandises de Paris à Montereau, Frédéric Moreau, qui vient d'être reçu bachelier, rencontre Mme Arnoux : « Cefut comme une apparition » (p.

7).

Le premier regard scelle le destin de ce jeune homme intelligent, mais dépourvude cette volonté qui mobilise un Julien Sorel ou un Rastignac.

Frédéric s'abandonne facilement à des états qui leparalysent ; il se laisse enivrer par cette femme sans jamais le lui dire, au point qu'il en arrive parfois, dans leparoxysme de son amour impuissant, à vouloir se venger d'elle.Le roman, d'une facture toute moderne, raconte par épisodes successifs le déclin des rêves de jeunesse, arrachéspar lambeaux, l'illusion suprême de l'amour, qui se lézarde à son tour et s'écroule : « Il était encore plus lâchequ'autrefois.

Chaque matin, il se jurait d'être hardi.

Une invincible pudeur l'en empêchait » (p.

200).

Les femmes qu'ilconnaît ne le consolent jamais de ses nostalgies passionnées et tristes.

Chaque rencontre avec la femmeinaccessible le fait un peu plus glisser vers le néant.

Pendant vingt-sept années, ni lui, ni Mme Arnoux neparviennent à l'aveu.

Lorsque Mme Arnoux remet à Frédéric une mèche de ses cheveux devenus blancs, c'est troptard : « Il y a un moment, dans les séparations, où la personne aimée n'est déjà plus avec vous » (p.

495).

« Je n'aijamais aimé qu'elle » (p.

481), avoue Frédéric.• Un roman-chronique : le roman commence en 1840 (Frédéric a dix-huit ans), s'achève en 1867.

La révolution de1848 (p.

336 et suivantes) aurait pu donner à Frédéric sa chance : « Il faut des citoyens purs, des hommesentièrement neufs : quelqu'un se présente-t-il ? — Frédéric se leva » (p.

359).

L'amour inavoué de Frédéric apparaîten contrepoint de cette vaste fresque historique qui s'étale sur un quart de siècle avec, en son centre, lamonarchie de Juillet et les scènes de l'insurrection.• Une double vision de l'échec : un homme voué à la médiocrité ; une génération qui s'est sentie condamnée, cellede 1848, que Maxime du Camp, l'ami de Flaubert, appelait la génération des Forces perdues, ultime agonie du mal dusiècle.• La technique : on a vu dans l'Éducation sentimentale un « nouveau roman » : un héros qui se refuse à entrer dansl'action, une intrigue conduite au gré des événements.

L'écrivain américain Henry James disait de ce roman : « C'estun gigantesque ballon, fait de pièces de soie solidement cousues et gonflées avec patience, mais qui refuseabsolument de quitter terre.

» L'Éducation sentimentale était seulement un chef-d'oeuvre en avance sur son temps. Cinéma : Alexandre Astruc, l'Éducation sentimentale (1961).. »