Résumé de "Chacun sa vérité" de Luigi Pirandello
Publié le 09/12/2021
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Dans le salon de monsieur Agazzi, conseiller à la Préfecture, sa femme Amélie et sa fille Diana commentent le comportement du nouveau secrétaire de la Préfecture, Ponza. Non seulement, il néglige ses devoirs les plus élémentaires, à savoir venir saluer le conseiller chez lui, mais en plus, il vit de manière bien étrange : il cloître sa femme à la maison et en interdit l'accès à madame Frola, sa belle-mère. Voilà qui est amplement suffisant pour susciter les médisances... Le beau-frère de monsieur Agazzi, Laudisi, a beau prendre parti pour les nouveaux venus en soulignant que les apparences sont souvent trompeuses et que l'attitude de Ponza s'explique sans doute aisément, rien n'y fait; bien plus, l'arrivée d'autres mauvaises langues comme les époux Sirelli et madame Cini ne fait qu'envenimer les choses. Et l'appel à la raison que réitère Laudisi — «Je vous vois acharnés à savoir ce que sont les êtres et les choses comme si les êtres et les choses en soi étaient ceci plutôt que cela » — n'est pas écouté.
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Chacun sa vérité de Luigi Pirandello
Résumé
Dans le salon de monsieur Agazzi, conseiller à la Préfecture, sa femme Amélie et sa fille Diana commentent le comportement du nouveau secrétaire de laPréfecture, Ponza.
Non seulement, il néglige ses devoirs les plus élémentaires, à savoir venir saluer le conseiller chez lui, mais en plus, il vit de manièrebien étrange : il cloître sa femme à la maison et en interdit l'accès à madame Frola, sa belle-mère.
Voilà qui est amplement suffisant pour susciter lesmédisances...Le beau-frère de monsieur Agazzi, Laudisi, a beau prendre parti pour les nouveaux venus en soulignant que les apparences sont souvent trompeuses et quel'attitude de Ponza s'explique sans doute aisément, rien n'y fait; bien plus, l'arrivée d'autres mauvaises langues comme les époux Sirelli et madame C ini nefait qu'envenimer les choses.
Et l'appel à la raison que réitère Laudisi — «Je vous vois acharnés à savoir ce que sont les êtres et les choses comme si lesêtres et les choses en soi étaient ceci plutôt que cela » — n'est pas écouté.Le hasard veut que madame Frola rende une visite opportune au conseiller.
Pressée d'expliquer la conduite de son gendre qu'elle estime infiniment bon, lavieille dame justifie l'attitude de Ponza par l'amour excessif qu'il voue à sa femme.
L'assemblée présente, et surtout les dames, a tôt fait de prendre partipour les pauvres femmes qu'un homme jaloux sépare.A peine sa belle-mère est-elle sortie qu'entre monsieur Ponza, disposé à relater la vérité : depuis la mort de son épouse, sa belle-mère est devenue folle et,par compassion, lui et sa seconde femme jouent la comédie afin qu'elle conserve ses illusions.
Revirement complet : chacun plaint monsieur Ponza.
Mais à peine ce dernier a-t-il quitté le salon que reparaît Madame Frola.
Elle n'ignore pas dans quels termes son gendre l'a dépeinte et elle tient à compléter saversion des faits : monsieur Ponza fut terriblement affecté par le long séjour à l'hôpital que dut faire son épouse, à tel point que lorsqu'elle revint, il se refusaà la reconnaître; les deux femmes durent simuler un second mariàge.
Nouveau revirement : c'est madame Frola que l'on plaint à présent.
Il semble que cette affaire soit devenue l'unique sujet de conversation de la ville tout entière et, afin d'apaiser les esprits, le Préfet ordonne une enquêtediscrète.
Malheureusement, tous les documents d'état civil ont été détruits dans un tremblement de terre.
Le sage Laudisi s'en réjouit : les preuves sontinutiles; seules deux personnes détiennent la vérité; il suffit de croire ce qu'elles disent.
Mais la curiosité est à son comble et le clan organise uneconfrontation d'où jaillira, à n'en pas douter, la vérité.
En quoi ils se trompent : monsieur Ponza, très en colère, tance vertement sa belle-mère, «elle saitbien que sa fille est morte » et celle-ci ne contredit pas son beau-fils.
Devant un tel accès de rage, l'assemblée le croit fou.
Mais il se calme aussitôt etexplique que la folie qu'il simule permet à madame Frola de conserver intactes ses illusions.
A nouveau seules, madame la conseillère, sa fille et les autres personnes présentes ne savent plus qui croire.
Laudisi propose que le Préfet fasse venirmadame Ponza, tout en précisant qu'en toute logique, elle ne devrait être qu'un fantôme.
Sur les instances de l'assemblée bien pensante, la jeune femme estconvoquée malgré les protestations de son mari qui considère toute cette histoire comme une atteinte à sa vie privée.
Madame Ponza entre, voilée; elle accepte de bonne grâce de révéler son identité : vis-à-vis de madame Frola, elle est sa fille; vis-à-vis de Ponza, elle estsa seconde femme.
Quant à elle, elle n'est personne; elle est celle que l'on croit qu'elle est.
C'est à Laudisi qu'appartient le mot de la fin.
Il s'avance et conclut : « Voilà, Mesdames et Messieurs, comment parle la vérité ! Etes-vous satisfaits? »
Pistes de lecture
Nouvelles, théâtre, romans, essais...
Chacun sa vérité est une étape décisive dans l'oeuvre de Pirandello.
Cette pièce fut, non seulement, son premier réel succès, mais encore, elle est à l'origine de ce que la critique appelle le Pirandellisme; il se caractérise par la contestation du personnage clairement définissable par son caractère et sonappartenance sociale.
Pirandello introduit une notion nouvelle, la dissolution de la personnalité, qu'il ne cessera de mettre en lumière jusqu'à son paroxysmedans Six personnages en quête d'auteur.
Avant la publication, en 1917, de Chacun sa vérité, Pirandello écrivait principalement des nouvelles (parmi lesquelles Madame Frola et Monsieur Ponza, son gendre, dont la pièce est tirée).
Plus tard, il adapta pour la scène la plupart de ces nouvelles.
Pirandello s'essaya également à d'autres genres littéraires; son premier roman, L'Exclue, date de 1893 mais il lui faudra attendre la parution de deux essais (Art et Science et L'Humanisme) pour être nommé professeur et pouvoir enfin se consacrer entièrement à la littérature.
Quatre thèmes majeurs
La lecture la plus courante de Chacun sa vérité débouche sur la conclusion un peu hâtive que la vérité en soi n'existe pas (conception ébauchée par Laudisi dans la pièce) et qu'il faut respecter autrui.
Si la pièce met effectivement ces idées en évidence, elle ne se réduit pas à elles seules.
On peut dégager de l'oeuvre quatre grands thèmes : la vérité n'existe pas en soi — la folie — la dissolution de la personnalité — une critique de la mentalitébourgeoise de l'époque, et de la médisance en général.
La folie est un thème avec lequel Pirandello joue tout au long de la pièce, par l'intermédiaire de Madame Frola et de son gendre.
Il suscite, par le biais del'alternative folie réelle - folie simulée, les réactions les plus diverses; en ce sens, tout le texte est articulé autour de ce thème majeur.
Et l'ambiguïté sisavamment élaborée demeure : rien n'est simple, rien n'est en soi, et notre normalité est peut-être folie pour les autres, et vice-versa.
La dissolution de la personnalité découle des deux premiers thèmes cités.
Par le biais de la folie et de l'absence de vérité une et infaillible, l'auteur mène lespectateur sur un terrain mouvant où l'identité des protagonistes principaux n'est pas une donnée acquise, mais bien perpétuellement remise en question.En ce sens, le personnage pirandellien s'oppose au héros classique, typé et défini socialement, tel que l'a conçu Molière.
Dans la pièce qui nous occupe,l'auteur donne tout son poids au concept abstrait de dissolution de la personnalité en l'ancrant dans un contexte donné comme réel et concret : untremblement de terre a détruit tous les papiers officiels, toute trace écrite susceptible de donner une certitude.
Bien plus : l'écrit, même s'il existait, pourraitêtre faux...
Si le développement du thème paraît exagéré, rappelons qu'en 1917, la Première Guerre mondiale a vu de nombreux cas de personnesamnésiques dont les papiers avaient disparu, et qui vivaient sans soupçonner l'existence, ailleurs, de leur conjoint.
Le sage Laudisi
Enfin, la critique de la bourgeoisie cancanière s'inscrit dans le cadre des petites villes de Sicile et d'Italie du Sud où le qu'en-dira-t-on était roi, et l'arrivéede nouveaux venus prétexte à commérages.
Par l'intermédiaire de Laudisi, Pirandello conteste cette manière de vivre et interpelle directement le public,tout aussi curieux que madame Agazzi de connaître le fin mot de l'histoire.Laudisi nargue, critique, lance à dessein la compagnie sur une fausse piste, tout en suggérant, dès le début de la pièce, que nous ne connaîtrons jamais lavérité.
La scène où il s'adresse à son miroir, en lui demandant s'il est lui ou son reflet, donne déjà à entrevoir le concept suivant lequel les choses et leshommes sont par rapport à un point de vue.
Dans Six Personnages en quête d'auteur, Pirandello étend l'interpellation du public à toute une pièce, et sollicitela participation de celui-ci.
Par de tels développements, il rompt les règles du jeu théâtral traditionnel pour pousser le spectateur à entrevoir que, au-delàdes préjugés et des jugements hâtifs, d'autres vérités existent..
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