Résumé: Aurélia ou le rêve et la vie de GÉRARD DE NERVAL
Publié le 09/12/2021
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Aurélia ou le rêve et la vie de GÉRARD DE NERVAL
Traducteur du Faust de Goethe à l'âge de vingt ans, Gérard de Nerval (1808-1855) est, à l'image des Romantiquesallemands, une âme habitée par le rêve.
Sa rencontre avec Jenny Colon (1833) introduit dans son univers poético-oniriquela figure de la femme-fée.
L'exotisme d'un Voyage en Orient (1842-1843), la folie qui le guette par crises successives,confèrent à Aurélia un climat de légendes et de visions.
Le 26 janvier 1855, le poète est trouvé pendu rue de la VieilleLanterne à Paris.
Le désir exprimé dans la Mer en 1848 est exaucé : « Enfin, je m'embarque pour l'infini ! »
1832, La Main de gloire.1855, Aurélia.1834, Les Filles du feu.
« Le rêve est une seconde vie.
Je n'ai pu percer sans frémir les portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du mondeinvisible » (p.
359).
Il n'y a pas d'autre personnage que le narrateur qui rêve d'Aurélia.
11 a naguère entrevu une jeunefemme, Adrienne, qui est morte : « Ici a commencé ce que j'appellerai l'épanchement du songe dans la vie réelle » (p.
363).Il l'appelle Aurélia, mais, sous ce nom, à travers les différentes femmes qu'il a ensuite aimées, c'est vers l'image floue deson premier amour qu'il remonte.
Désormais, ses nuits sont hantées par des mirages et des fantasmes.
Tantôt il parcourtdes villes imaginaires, des rives mystérieuses, sans percevoir la nette marge entre la réalité (Paris, les voyages qu'il aeffectués) et ses songes.
Tantôt il croit entendre les appels déchirants d'Aurélia, écho du monde invisible dans celui desvivants.Il tente alors, nouvel Orphée, sa descente aux Enfers, une plongée dans le rêve, en quête du fantôme qui l'obsède.
Mais,à mesure qu'il s'enfonce et que sa raison s'obscurcit, il éprouve le besoin de Dieu.
Il échappe aux visions désespérées deson sommeil par une sorte de mysticisme.
Le rêve lui apparaît comme une maladie dont il faut guérir : « N'est-il paspossible de dompter cette chimère attrayante et redoutable, d'imposer une règle à ces esprits des nuits qui se jouent denotre raison ? » (p.
142).
Mais, submergé par ses rêves, sans doute se leurre-t-il quand il pense s'évader de lui-même etrevenir de ses Enfers intérieurs.• Un « Journal de la folie » : Nerval a donné les premiers signes de folie en février 1841.
A la suite d'une nouvelle crise dedéséquilibre mental, il entre en août 1853 chez le célèbre docteur Blanche à Passy, où en 1892 sera interné Guy deMaupassant.
Il y commence Aurélia en décembre.
Le souvenir de Jenny Colon, morte en 1842, n'est que le prétexte d'uneoeuvre qui est la somme de son expérience : la vie, le rêve, la méditation, s'y superposent en un récit lucide.
Le poèterègne sur sa propre démence, l'organise, l'interroge.• Illumination mystique : la quête orphique (descente aux Enfers d'Orphée), les épreuves (les apparitions successives dela femme aimée), l'illumination finale, dans un climat d'ésotérisme où les mythologies se mêlent, font de ce roman un récitinitiatique.• Saisir l'Inexprimable : les mouvements intérieurs se traduisent en visions cosmiques (le soleil noir dans un ciel désert) ;les cycles se referment.
L'effort de création artistique exorcise cet esprit halluciné, précipité dans un monde apocalyptique,qui lutte par les mots contre l'enlisement de l'âme.
« Ne m'attends pas ce soir, écrit-il à sa tante à l'heure du suicide, car lanuit sera noire et blanche » - conciliation désespérée des illuminations fulgurantes et des ténèbres progressives.Pour la première fois, le monde du rêve est exploré.
Bien avant Freud, Nerval a l'intuition d'une analyse psychiquesystématique.
Tandis que le poète, à la poursuite d'une femme qui l'obsède et l'entraîne dans l'univers des rêves, annonceAlain-Fournier', le romancier, qui fait de l'introspection le sujet même de son oeuvre, préfigure André Breton' et lesSurréalistes.
Commencée en 1841, Aurélia, ultime nouvelle de Nerval, fut essentiellement composée lors des deux séjours de l'auteur àla clinique du docteur Blanche en 1853 et 1854.
La première partie parut le 1er janvier 1855 dans la Revue de Paris, laseconde le 5 février, après la mort de Gérard de Nerval.
Aussi n'avait-il pu corriger les épreuves de la seconde partie.
Aurélia est l'histoire d'un rêve qui naît d'un amour impossible, s'épanche dans la vie réelle et désorganise toutereprésentation du monde ; Nerval tente d'expliquer ses hallucinations.
Un discours sur la folie
Le narrateur a perdu Jenny Colon, l'actrice qu'il aimait.
Il l'appellera désormais Aurélia.
Les crises hallucinatoirescommencent : Gérard voit apparaître le fantôme de la jeune femme dans un monde onirique où tout est coïncidence.
Ilcroit, dans une vision, apprendre la mort d'Aurélia mais son double la lui ravit pour le punir de son idolâtrie qui oublie levrai Dieu.
Plongé dans la plus grande détresse, il a alors une illumination réconfortante : Aurélia se transforme en Vierge etl'assure de son salut.
Tandis qu'un médecin l'arrache à ses chimères, elle se confond avec une étoile du firmament quibrillera éternellement.
A tout moment, le malade se fait visionnaire, tente d'expliquer et de dominer les visions quil'assaillent ; dans cette synthèse de lucidité et de délire apparaissent des signes de marginalité, de fascination du moi etde quête du spirituel.
Aussi cette introspection poussée conduit-elle tout naturellement le sujet vers la connaissance.
Ason père, Nerval écrit, à propos d' Aurélia, dans la lettre du 2 décembre 1853 : « Ce ne sera pas une étude inutile pour l'observation et la science.
»
La conscience du dédoublement
Toutes ces visions répondent à un besoin de croire qu'il existe un refuge au désespoir.
Ainsi les épreuves que traverse Gérard sont une lente descente aux enfers à laquelle il faut échapper par le pardon ou par l'espoir.
C'est donc à une quêtede lui-même que se livre le narrateur qui décrypte ses extases et ses cauchemars pour les refouler.
Il s'adonne à uneprofonde analyse des correspondances entre le quotidien et le surnaturel.
Cette obsession permanente de dédoubler toutce qu'il vit et écrit lui permet de maîtriser avec précision les chemins que prend son rêve et de découvrir ce qui fait sonunité.
Ainsi, dans Aurélia, toutes les femmes aimées se retrouvent à la fin en une : « Je suis la même que Marie, la même que ta mère, la même aussi que sous toutes les formes tu as toujours aimée.
».
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