République tchèque (1994-1995)
Publié le 21/09/2020
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«
République tchèque (1994-1995):
L'évolution de la République tchèque vers l'"économie de marché" s'est
poursuivie sûrement et paisiblement, si l'on en croit les données statistiques.
Pour la première fois depuis 1989, le produit national brut a augmenté de 2,6%,
la production industrielle de 2,3%; le chômage a été ramené à 3,2% (3,1% fin
mars 1995), l'inflation a été de 10% au cours de l'année.
Les petites et
moyennes entreprises sont encore apparues comme les éléments les plus
dynamiques.
La baisse de la production des grandes entreprises s'est pour sa
part arrêtée.
D'autres évolutions ont été préoccupantes.
L'endettement du pays
est ainsi passé de 6,9 à 8,6 milliards de dollars, et le nombre de ménages ayant
rencontré des problèmes pour satisfaire leurs besoins alimentaires a augmenté -
les foyers de retraités, ou de professions ouvrières et ayant des enfants d'âge
préscolaires étant comme toujours les plus touchés.
Tout semble cependant aller mieux que dans les autres pays post-communistes...
Et puis, Prague, la capitale, voit toujours affluer des millions de touristes.
La paix sociale apparaît pourtant fragile, la grogne envers les gouvernants
libéraux semblant faire son chemin.
Les syndicats ont manifesté pour la défense
des acquis sociaux le 25 mars 1995 à Prague, en rassemblant entre 80 000 et 90
000 personnes venues de tout le pays.
Les enseignants, sous-payés, ont commencé
à s'organiser pour défendre leurs intérêts, menaçant d'entreprendre une grève
générale.
En ce qui concerne la coalition au pouvoir, les tiraillements entre le Parti
civique démocratique (ODS) du Premier ministre Vaclav Klaus et l'Alliance
civique démocratique (ODA) ont atteint un tel degré qu'elle a failli éclater en
mars 1995.
L'échéance des législatives de 1996 approchant, les alliés de l'ODS
sont apparus vouloir se démarquer.
Enfin, le président Vaclav Havel a
publiquement exprimé son désaccord avec certains aspects de la politique
gouvernementale, notamment à propos du "secteur public", et du principe faisant
de la course au profit la valeur essentielle de la société.
Le débat public est devenu plus ample et passionné concernant la position
internationale de la République tchèque et plus particulièrement ses relations
avec l'Allemagne.
Une tension certaine s'est développée, perceptible dans toutes
les catégories de la population tchèque.
Les remarques sur le nationalisme
allemand renaissant, anti-tchèque d'abord, mais aussi anti-polonais, se sont
multipliées.
Après la Seconde Guerre mondiale, trois millions d'Allemands ont
été expulsés de Tchécoslovaquie.
Bien que les victimes tchèques du nazisme
n'aient toujours pas été dédommagées par les autorités allemandes, les puissants
lobbies d'Allemands des Sudètes demandent que la République tchèque condamne non
seulement les "crimes contre l'humanité" commis lors de cette expulsion, mais en
dédommage les victimes en allant jusqu'à la restitution de leurs biens.
L'un des
historiens tchèque les plus éminents, Robert Kvacek, pose la question: "Quel
rôle a joué l'Allemagne dans le démantèlement de la Tchécoslovaquie en 1992?" Il
répond que celui-ci a été "très, très grand"..
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