République dominicaine (1993-1994)

« République dominicaine (1993-1994) Le président sortant Joaquim Balaguer a affirmé qu'il avait remporté les élections du 16 mai 1994, avec une avance de suffrages de 1% - soit environ 29 000 voix - sur son rival social-démocrate José Francisco Peña Gomez.

Ce dernier a dénoncé une fraude massive qui aurait privé 100 000 à 200 000 de ses sympathisants de leur droit de vote.

Les observateurs américains et ceux de l'OEA (Organisation des États américains) ont confirmé l'ampleur de la manipulation des listes électorales. Comme en 1990, l'armée a pris position pour garantir le maintien au pouvoir du président qui, âgé de 87 ans et aveugle s'est ainsi trouvé entamer son septième mandat en trente-cinq ans d'activité politique, le troisième consécutif. Le candidat du Parti révolutionnaire dominicain, frustré de la victoire, présentait un programme de lutte contre la pauvreté.

Il avait subi une violente campagne raciste, fondée sur l'origine haïtienne de ses parents et sa couleur de peau.

Il avait également fait l'objet d'attaques de la part de l'ancien président Juan Bosch, dirigeant vieillissant d'un Parti de la libération dominicaine divisé et dont le recentrage populiste avait désorienté l'électorat. Le président sortant avait, de son côté, multiplié les largesses pré-électorales, inaugurant des équipements dans tout le pays, annonçant des programmes sociaux et accroissant les dépenses publiques pour relancer une économie dont le taux de croissance était passé de 7,5% en 1992 à 3% en 1993.

Il pouvait porter à son crédit la chute de l'inflation (5,9% en 1992 contre 3,3% en 1993) et la renégociation, en février 1994, d'un quart de la dette extérieure (soit 1,1 milliard de dollars). Le peso est cependant resté faible, les capitaux spéculatifs finançant seuls le déficit de la balance des paiements; celui des échanges s'élevait en 1993 à 22,2% du PNB.

La fourniture d'électricité, un temps en progrès, s'est à nouveau détériorée au début de 1994.

Et, surtout, 60% des Dominicains ont continué de vivre en dessous du seuil de pauvreté; encore près de 30% des adultes étant, par ailleurs, illettrés.

La région Nord-Ouest, quant à elle, a connu un "boom" né de la contrebande d'essence permettant aux militaires putschistes haïtiens de tourner l'embargo international.. »