Répères philosophiques
Publié le 18/06/2020
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« Absolu/ relatif L'Absolu, c'est ce qui ne dépend de rien d'extérieur à soi (du latin ab-solutus = séparé). Le relatif, au contraire, c'est ce qui est«en relation avec» quelque chose d'autre, donc qui dépend de quelque chose d'autre. Dans la pensée religieuse, l'Absolu, c'est Dieu: parce que tout dépend de Dieu, mais Dieu, lui, ne dépend de rien. L'homme, lui, est un être relatif: il dépend du monde qui l'entoure, il dépend de ses parents (pour naître), etc. Mais pour certains mystiques, l'homme peut peut-être faire une expérience de ?'Absolu, dans la contemplation pure de Dieu. On pourrait aussi trouver un exemple philo-sophiqued'expériencede l'Absolu dans le«je pense donc je suis» de Descartes, qui est l'exempled'une vérité absolue qui ne dépend de rien d'extérieur à elle [voir« un auteur/une idée n: Descartes, p. 197]. Le«relativisme», c'est l'idée qu'il n'y a pas de vérité absolue, que l'opinion de chacun dépend de lui-même (en général, la philosophie combat le relativisme, parce qu'elle cherche, au contraire, des vérités universelles). H Principales notions concernées/ l'existence et le temps; la religion; ia vérité; la liberté; le bonheur. Abstrait/ concret Ce qui est abstrait, c'estcequi est« en dehors», «loin»: loin du concret qui, lui, est proche, à portée de main, solide. Les idées sont abstraites, mais voir, toucher, c'est concret. Chez Platon*, l'opposition entre le «monde sensible» et le «monde intelligible» recoupe l'opposition entre concret et abstrait. Pour Platon, les Idées, abstraites, sont plus «élevées», et sont «mieux» que les réalités sen-siblesconcrètes. Mais, en même temps, il n'est intéressant de connaître les idées abstraites que si c'est pour «redescendre» ensuite [voir l'allégorie de la cavernede Platon, p. 178] pour comprendre les réalités concrètes. L'abstrait n'a donc pas de valeur en soi : il ne vaut que s'il trouve ensuite une application concrète. Mais si on ne commençait pas par sortir du concret, par s'élever au-dessus de lui pour prendre de la distance, on en resterait prisonnier. H Principales notions concernées: la raison et le réel; théorie et expérience; la vérité; la morale. En acte/ en puissance L'opposition acte/ puissance vient de la pensée d'Aristote*. Il distingue ce qui est «actuellement», réellement, effectivement, maintenant (= en acte); et ce qui est potentiellement, virtuellement, c'est-à-dire ce qui peut être, qui tend à être mais qui n'est pas encore(= en puissance). Un exemple simple permet de très bien comprendre cette distinction: un poulain est(en acte) un poulain ; mais c'est(en puissance) un cheval, c'est-à-dire qu'il y a quelque chose dans le poulain (on dirait aujourd'hui son programme génétique) qui le fait progressivement devenir cheval adulte. La différence en puissance/en acte permet ainsi de penser le devenir des êtres: elle permet d'expliquer pourquoi le poulain (ou moi, ou n'importe quelêtre) change maisreste pourtant le même animal. Elle permet ainsi de penser la permanence des êtres malgré le passage du temps. Principales notions concernées: l'existence et le temps; le travail et la technique; le vivant; la matière et l'esprit. Analyse/ synthèse Analyser c'est décomposer, mettreen morceaux plus petits; faire la synthèse, au contraire, c'est composer ou recomposer, c'est-à-dire mettre ensemble, rassembler. Ces termes peuvent être liés à la chimie (on fait par exemple l'analyse d'une substance, c'est-à-dire qu'on la décompose en ses éléments pour voir de quoi elle est faite. Analyse et synthèse ont aussi un sens intellectuel: Descartes* explique ainsi comment, en mathématiques, pour résoudre un problème, il faut d'abord l'analyser, c'est-à-dire, le décomposer en un ensemble de petits problèmes simples, puis faire la synthèse des résultats obtenus, c'est-à-dire les mettre ensemble pour résoudre le problème complexe dont on était parti. Q Principales notions concernées: la raison et le réel; la démonstration; le vivant. Cause/fin La cause, c'est ce qui produit un phénomène, ce « à cause» de quoi quelque chose se produit. La «fin», dans ce contexte, c'est ce en vue de quoi la chose se produit, son but, ce qu'elle vise. La distinction cause/ fin vient d'Aristote. La cause est à l'origine du phénomène; la fin, elle, est à... sa fin. Par exemple, la cause d'une statue, c'est le sculpteur: c'est lui qui a«fait» la statue. Mais la fin de la statue, son but, sa finalité, c'est de décorer un palais (par exemple): elle a été sculptée pour, en vue de, dans le but de décorer le palais. L'opposition cause/fin marque toute la différence entre la science desAnciens et ta science moderne, telle qu'elle commence à se développer au xvilE siècle avec Galilée et Descartes. Pour les Anciens (Aristote en particulier), connaître une chose, c'est connaître son but,sa cause finale, sa destination. Connaître la chenille, c'est savoir qu'elle va devenir papillon, par exemple. Tandis que pour la science moderne, on ne peut pas vraiment connaître la fin (le but) des choses : « pourquoi l'univers?» par exemple, est une question que l'on est obligé de laisser en suspens; mais on peut connaître les causes: le mécanisme qui produit les choses: qu'est-ce qui se passe,dans lachenille, qui fait qu'elle devient papillon? B Principales notions concernées: la raison et le réel; l'interprétation; le vivant; la liberté. Contingent / nécessaire/ possible Le contingent, c'est ce qui peut ne pas être; le nécessaire, c'est ce qui ne peut pas ne pas être ; le possible, c'est ce qui peut être Dans une conception déterministe du monde, comme celle de Leibniz par exemple, tout ce qui arrive se produit de manière nécessaire: tout a une cause, et il n'y a pas de hasard dans le monde, c'est-à-dire pas de contingence: si je jette trois dés, il y a un ensemble de causes qui se réunissent (angle de jetée, petits reliefs sur la table, élasticité des dés, etc.) pour que j'obtienne ces trois numéros là, et pas autre chose. C'est pourquoi on peut calculer et prévoir le résultat de phénomènes dont on connaît les règles de fonctionnement (par exemple, on peut calculer la trajectoire d'un projectile d'après sa masse, la force et l'angle de projection, les frottements de l'air, etc.) Se pose aussi le problème de la liberté, car si tout est nécessaire, y a-t-il une place pour la liberté de l'homme? Dans la vie courante, on admet l'existence de contingences: il y a des choses qui se produisent et dont on a l'impression qu'elles auraient pu ne pas se produire (pourquoi ai-je eu tel accident tel jour?). B Principales notions concernées: l'histoire; la raison et le réel; la politique; la liberté. ...»
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