René Caillié
Publié le 16/05/2020
Extrait du document
«
René Caillié
1799-1838
Tombouctou, la ville aux mille et une richesses,
exerçait une incroyable attirance sur
les explora
teurs.
Le premier Européen qui atteignit la ville
était un jeune Ecossais, Alexander Laing.
La tra
versée du
Sahara lui avait coûté une année entière.
Au mois
d'août 1826, il arrivait à Tombouctou,
mais,
durant son séjour dans la ville, il ne put con
templer aucune de ses richesses qui, déjà, apparte
naient
au passé .
Si Laing a le mérite d'avoir été le
premier Européen à entrer dans la ville, il n'en est
pas
d'autre preuve que ses lettres.
Trois nuits
après qu'il eut commencé
le périlleux voyage du
retour,
il était assassiné par le neveu du cheik, lors
de
l'attaque de la caravane dont il faisait partie.
Le premier Européen qui se rendit à
Tombouctou
et qui en revint vivant fut le Français René Caillié,
alors âgé de vingt-sept ans.
Né à Mauzé , dans
les
Deux-Sèvres, il était le fils d'un boulanger quel
que peu ivrogne.
Caillié avait toujour s été émerveillé par les récits
de voyages qu'il se mit à dévorer dès qu'il sut lire.
A l'âge de seize ans,
il partit comme domestique
d'un officier sur un navire français, la Loire, qui
voguait vers
le Sénégal.
Un heureux hasard l'em
pêcha
d'embarquer sur La Méduse , dont le nau
frage est
resté célèbre.
Une fois arrivé, il prit part
à plusieurs petites expéditions et, au cours
d'un
premier voyage vers le Niger, il lut un récit de
Mungo
Park, l 'explorateur de l'Afrique, qui ne fit
qu'accroître son désir de reconnaître à so n tour
202
Ci-dessous: Alexander Laing
avait toujours eu une santé chan
celante .
Il était néanmoins doué
d 'une grande volonté.
C'est elle
qui lui permit d'arriver
à Tom bouctou .
D'une nature craintive,
il était surtout effrayé par les at taques des tribus nomades dans le désert.
Il sut pourtant vaincre la solitude, le pire ennemi des voya geurs du désert .
A gauche : René Caillié.
Il
fut le premier Français à rallier Tom
bouctou et à rentrer en France
sain et sauf.
Ci-dessous: Dans le désert,
Cail lié se faisait passer pour un Ara be.
Il par/air le ur langu e, mais la clarré de sa peau souleva il parfois la méfiance .
Cependanl, il fur le plus souvent rrairé correcrement .
A droire : Durant
neuf mois, Cail lié demeura auprès d'une rribu de
nomades pour apprendre le ur
lan g ue er s'adaprer à leur s col/lu mes.
Il y éwdia norammenr le Coran .
Lorsqu'il se mir en roure.
il pouvo ir passer pour un Arabe.
.
Il avoir érudi é le Coran à partir
des rradirionnell es "p/anchelles
coraniques " que l'on 1•oir ci-con Ire.
E lles l'iennenr du rerriroir e
des Mandingues, près de Tom bouc/ou.
l'arrière-pays africain.
Lorsque, à Paris, la Socié
té de Géographie promit une récompense de
10 000 francs au premier Européen qui atteindrait
Tombouctou et en reviendrait vivant, Caillié écri
vit :
"Je remporterai ce prix, mort ou vif."
Les nombreux récits faisant état de l'hostilité des
musulmans à l'égard des voyageurs européens lui
firent décider de voyager sous
les dehors d'un mu
sulman.
Pour s'y préparer, il vécut quelque temps
parmi
les Maures Brakna, une tribu de nomades
vivant
le long du fleuve Sénégal.
Il y resta neuf
mois, étudia
le Coran et apprit à parler l'arabe.
A
l'inverse de la plupart des explorateurs,
il ne reçut
aucune aide de son pays, et paya son expédition
avec
ses modestes économies.
En mars 1827, il ar
rivait à l'embouchure du rio Nunez, entre
le Séné
gal et la Sierra Leone.
Bien qu'il observât tous les devoirs
d'un bon mu
sulman, la couleur plus claire de sa peau soulevait
parfois la méfiance de
ses compagnons de voyage .
Mais son courage et sa persuasion lui permettaient
toujours de convaincre les sceptiques.
De façon
générale,
il était traité très amicalement.
Lorsque,
arrivé dans la ville de Tiné,
il fut atteint de la ma
laria et ensuite du scorbut,
il put compter, durant
cinq mois, sur les soins diligents d'une vieille né
gresse qui lui sauva ainsi la vie.
En mars 1828, après une marche de 1
500 kilomè
tres,
il atteignait enfin Djenné, baignée par un des
affluents du Niger.
Il s'embarqua alors sur un ba
teau inconfortable, qui devait l'amener à Tom
bouctou.
La chaleur était torride, et Caillié fut
contraint de voyager sur
le pont inférieur avec des
esclaves, dans des conditions déshonorantes
pour
l'humanité.
Après un voyage de 600 kilomètres,
qui
les avait mis dans un état pitoyable, ils arrivè
rent enfin à Kabara,
le port de Tombouctou .
Le
soir tombait et la première vision
qu 'il eut de la
ville
le désola profondément.
Il écrivit dans ses
notes:
"Au premier coup d'oeil, la ville donnait
l'impression de n'être
qu'un conglomérat de mai
sons d'argile laissées à
l'abandon.
Où que l'on re
gardât,
on ne voyait rien d'autre que d'immenses
étendues couvertes de sables mouvants
d'un blanc
jaunâtre.
Au crépuscule,
le ciel était rouge jusqu'à.
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