RENARD Jean-Claude : sa vie et son oeuvre
Publié le 18/05/2020
Extrait du document
«
RENARD
Jean-Claude (né en 1922).
Poète et essayiste
né à Toulon.
Fils d'officier de marine, Jean-Claude
Renard, après des débuts scolaires moyens, devient, en
1933, interne à l'école Saint-Martin de Pontoise; puis en
1939 il entre au lycée Henri-IV, dont il suivra la première
supérieure.
ri obtient une licence de lettres à la Sorbonne
et, de 1950 à 1982, remplit la fonction de directeur
littéraire, d'abo)rd aux éditions du Cerf ( 1950-1962),
puis chez Casterman ( 1962-1982).
Parallèlement,
J.-C.
Renard n"a cessé de se consacrer à la composition
de ses poèmes.
Ses textes reposent essentiellement sur une probléma
tique du langage poétique, qu'il définit comme une
«parole», opposée à «l'écriture usuelle et contrai
gnante» (Notes sur la poésie, 1970).
Après des débuts
postbaudelairiens (Juan, 1945: Cantiques pour des pays
perdus, 1947), les livres de Renard ont célébré dans
cette parole lyrique l'alliance chrétienne de Dieu et de
l'homme.
Les leitmotive caractéristiques de l'écrivain
-le « sacre », les« noces »-prennent toute leur signi
fication dans la recherche du Verbe, du langage de l'ori
gine : «La langue du sacre est à retrouver -la langue
pascale/Où la vigne germe et la chair de gloire aimante
la chair » (Incantation du temps, 1962).
Cette découverte
doit assurer l'unité de l'être humain et l'harmonie de son moi
avec un cosmos d'essence divine-« faire noce en
moi de ma moelle et du monde» (En une seule vigne,
1959) : célébration qui ne va pas sans conférer à des
textes comme Père, voici que l'Homme ( 1955), Incanta
tion des eaux (1961) ou Incantation du temps un rythme
et des connotations volontiers liturgiques.
Mais à partir de la Terre du sacre, 1966, le lyrisme
de Renard évolue, s'enrichissant des réflexions théori
ques des essais (Notes sur la poésie; Une autre parole,
1981) : peu à peu l'écrivain élabore une métaphysique du
langage poétique; en celui-ci il voit en effet une langue
oxymorique unifiant dans son flux des contradictions
qu'elle ne résout pas : « Le langage poétique a la pro
priété paradoxale d'être à la fois l'endroit et l'envers
du langage, de poser ensemble et en même temps une
affirmation et une négation » (Une autre parole).
Seul
capable de «dire le réel», le poème simultanément
s'écarte de toute réalité, fondant ainsi une dialectique
perpétuelle entre l'être et le non-être, le sens et le vide,
l'autre et le même, etc.; espace énigmatique, il s'appro
che de la vérité des choses pour la mieux fuir: «Les
mêmes mots [ ..� J parlent chaque fois autrement» et
«d'indéchiffrables neiges imprègnent l'écriture» (Tou
tes les îles som secrètes, 1984).
De la sorte, la poésie relève du mythe : ambiguë, elle
signifie toujours autre chose en même temps qu'elle
même; de fait, depuis les années 70, les recueils de
J.-C.
Renard, abandonnant les structures de versification
traditionnelles et les strophes incantatoires, sont compo
sés de textes polymorphes, alliant l'aphorisme, la for
mule interrogative, le poème elliptique en vers libres au
récit en prose ou verset -vrai muthos initiatique, qui
dit une nature toujours symbolique.
Les lieux d'élection
du poète (les îles, les sables), ses objets fétiches (galets,
oursins, oranges, laines) possèdent une signification
ouverte, inévitablement paradoxale� Langage mystique
au sens le plus étymologique du terme, la poésie est par
essence apte à «inscrire dans la parole ce qui n'est pas
de 1 'ordre de la parole »,et à désigner le silence, le néant
- vérité et mystère fondamental de l'être.
Une telle philosophie du signifié poétique convoque
en une compacte synthèse les théories héraclitéennes de
l'être et du logos, les textes holderliniens, les métaphysi
ques orientales, les questions ontologiques abordées,
depuis Hegel jusqu'à Heidegger, par la philosophie alle
mande, ainsi que les récentes recherches de la sémiologie
littéraire, et révèle une conception très personnelle du
sacré.
Pour le chrétien que demeure Renard (Notes sur
la foi, 1973), l'univers est signifiant, et à la poésie échoit
la fonction de conduire à 1" absolu de la nature.
Mais
cette connaissance ne peut être atteinte par le dogme
catholique, simple vulgarisation et «appareil socialisa
leur» du divin; c'est au poème de placer le moi qui le
dit et son lecteur dans l'Un, lieu limite de la dialectique
des contraires où s'exerce alors la vraie foi: «Croire
n'est point trouver, mais vivre en même temps l'écart et
l'alliance» (la Lumière du silence, 1978).
Sans permet
tre d'accéder à la connaissance absolue, la poésie, pour
Renard, bien qu'elle doive éviter l'hermétisme et l'in
communicabilité du signe, ne peut seulement être un
mode d'expression; ses arcanes polysémiques en font le
sujet et l'objet d'une quête littéraire, philosophique et
religieuse, et le poème devient l'humaine allégorie d'un
mystère divin et cosmique.
Il faut citer enfin, plrus margi
nales, ces expériences quasiment , de pure
technique poétique, que sont Aven ne ment (1980) et Par
vide nuit avide ( 1983)..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- De l'astrologie, telle qu'elle est bâtie depuis des millénaires sur des connaissances dépassées, et largement, depuis quatre siècles, il ne reste rien... Et pourtant, des millions de gens continuent à y croire sans y croire, et à alimenter une industrie florissante... Le goût du merveilleux, l'inquiétude de la vie quotidienne et ses difficultés : certes, on comprend ! Mais il n'est pas possible de ne pas proclamer qu'il vaudrait mieux diffuser dans le public la compréhension des faits
- « Avec des mots si j'essaie de recomposer mon attitude d'alors, le lecteur ne sera pas dupe plus que moi. Nous savons que notre langage est incapable de rappeler même le reflet de ces états défunts, étrangers. Il en serait de même pour tout ce journal s'il devait être la notation de qui je fus. Je préciserai donc qu'il doit renseigner sur qui je suis, aujourd'hui que je l'écris. Il n'est pas une recherche du temps passé, mais une oeuvre d'art dont la matière-prétexte est ma vie d'autr
- CREVEC¼UR Michel Guillaume Jean de : sa vie et son oeuvre
- ATELIER (L’) JEAN-CLAUDE GRUMBERG - résumé de l'oeuvre
- Chardin, Jean-Baptiste - vie et oeuvre du peintre.