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rechercher si des sept arts libéraux quelques-uns ne devraient pas être rangés parmi les sciences, et d'autres comparés à des métiers.

Publié le 22/10/2012

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rechercher si des sept arts libéraux quelques-uns ne devraient pas être rangés parmi les sciences, et d'autres comparés à des métiers. Il est bon cependant de rappeler que dans tous les arts libéraux, il faut qu'il y ait une certaine contrainte ou, comme on l'appelle, un mécanisme sans lequel l'esprit, qui dans l'art doit être libre et anime seul l'ouvrage, n'aurait point de corps et s'évaporerait complètement (par exemple, la poésie exige la précision des termes et leur abondance, de même la connaissance de la prosodie et de la métrique); en effet, maint pédagogue s'imagine aujourd'hui contribuer pour le mieux au progrès d'un art libéral en lui ôtant toute contrainte et en transformant le travail en un jeu pur. (Critique du jugement, p. 124-125.) L'art est l'oeuvre du génie, « disposition innée de l'esprit (ingenium) par laquelle la nature donne ses règles à l'art «. (Critique du jugement, p. 127.) 51. Le génie. Chacun est d'accord sur ce point que le génie est çomplètement opposé à l'esprit d'imitation. Or apprendre, ce n'est pas autre chose qu'imiter; la plus grande aptitude, la plus grande capacité en tant que facilité pour apprendre, ne peut cependant pas passer pour du génie. Mais même si quelqu'un pense ou imagine par soi-même, s'il ne se contente pas de saisir ce que d'autres ont pensé, bien plus, s'il invente dans les arts comme dans les sciences, ce n'est pourtant pas une raison pour nommer génie un tel cerveau (puissant parfois) — (par opposition à celui que l'on traite de niais, parce qu'il ne sait rien de plus qu'apprendre et imiter); en effet, tout cela même aurait pu aussi être appris, se trouvant sur le chemin naturel de la recherche et de la réflexion d'après les règles, et ce n'est pas spécifiquement différent de ce qui peut être acquis par le travail grâce à l'imitation. Ainsi l'on peut bien apprendre tout ce que NEWTON a exposé dans son immortel ouvrage sur les principes de la philosophie de la nature, quelque puissant qu'ait dû être le cerveau capable de telles inventions; mais on ne peut apprendre à composer de beaux poèmes, si détaillés que puissent être les préceptes de la poésie et si parfaits que puissent en être les modèles. En voici la raison : NEWTON pouvait non seulement pour lui, mais pour tout autre, décrire clairement, et déterminer pour ses successeurs, les démarches qu'il eut à faire depuis les premiers éléments de la géométrie jusqu'à ses grandes et profondes découvertes; mais aucun Homère, aucun Wieland ne pourrait montrer comment ses idées riches en poésie et pourtant lourdes de pensées surgissent et s'assemblent dans son cerveau, car lui-même ne le sait pas et il ne peut donc l'enseigner à un autre. En matière de science par conséquent il n'y a, entre le plus grand inventeur et l'imitateur, l'apprenti le plus laborieux, qu'une différence de degrés, mais il y a une différence spécifique entre lui et celui que la nature a doué pour les beaux-arts; on ne veut pas pourtant diminuer ces grands hommes auxquels l'humanité doit tout, par rapport à ceux qui par leur talent pour les beaux-arts sont des favoris de la nature. Le talent des premiers consiste à faire progresser toujours davantage les connaissances, et les avantages pratiques qui en dépendent, comme à instruire les autres dans ces mêmes connaissances et c'est là une grande supériorité sur ceux qui méritent l'honneur d'être appelés des génies; pour ceux-ci, l'art s'arrête quelque part; il a ses limites qu'il ne peut dépasser, qu'il a sans doute atteintes depuis longtemps et qui ne ne peuvent plus être reculées; de plus une telle maîtrise ne peut se communiquer, elle est dispensée directement à chacun par la main de la nature; elle disparaît donc avec l'un jusqu'à ce que la nature confère à un autre les mêmes dons; et il ne reste plus à celui-ci que d'avoir un modèle pour laisser se manifester de semblable manière le talent dont il a conscience. Puisque le don de la nature doit établir la règle de l'art (Beaux-Arts), quelle est donc cette règle? On ne peut la formuler pour servir de précepte, car alors le jugement sur le beau serait déterminé par concepts; mais la règle doit être extraite de l'acte même, c'est-à-dire du produit, il doit servir aux autres de pierre de touche pour leur propre talent, comme un modèle pour une imitation qui ne doit pas être servile. Comment cela se peut-il? Voilà qui est difficile à éclaircir. Les idées de l'artiste éveillent dans l'élève de semblables idées, si la nature a doué celui-ci de facultés équivalentes. Les modèles de l'art sont donc les seuls guides qui peuvent le perpétuer; de simples descriptions seraient inefficaces (surtout pour les arts de la parole); et même seuls les modèles fournis par les vieilles langues mortes, conservées seulement comme langues savantes, peuvent devenir classiques. Quoique les arts mécaniques et les beaux-arts, les premiers comme arts de l'application et de l'étude simplement, les seconds comme arts du génie, soient très différents les uns des autres, il n'y a cependant pas parmi les beaux-arts un art dont la condition essentielle ne soit pas constituée par quelque chose de mécanique pouvant être compris et suivi d'après des règles, donc quelque chose de scolaire; car il faut qu'il y ait une fin, sans quoi un produit ne saurait être regardé comme artistique; dans ce cas, ce serait un simple effet du hasard. Mais pour mettre en oeuvre une fin, il faut des règles déterminées; et on ne peut s'en libérer. Or, comme l'originalité du talent constitue un élément essentiel du génie (mais non le seul), des esprits superficiels se figurent ne pas pouvoir mieux montrer qu'ils sont des génies naissants qu'en se débarrassant de la contrainte scolaire de toute règle et croient que pour parader il vaut mieux un cheval qui prend le mors aux dents qu'un cheval de manège. Le génie se contente de fournir une riche matière aux beaux-arts; pour travailler cette matière, pour lui donner la forme, il faut un talent formé par l'école; celui-ci l'emploiera de façon à satisfaire la faculté de juger. Lorsque quelqu'un parle et décide en génie à propos de ce qui est du ressort de l'examen le plus minutieux de la raison, il se rend tout à fait ridicule; on ne sait trop si l'on doit rire davantage du charlatan qui répand autour de lui une fumée telle que, ne pouvant rien distinguer, on laisse l'imagination aller d'autant plus librement, ou bien du public qui se figure de bonne foi que son impuissance à connaître et saisir nettement le chef-d'oeuvre de l'intelligence, vient des vérités qui lui sont déversées à profusion, alors que le détail (explications convenables et examen méthodique des principes) ne lui paraît être que bousillage. (Critique du jugement, p. 128-130.) Le jugement esthétique posait une finalité subjective; le jugement téléologique ou jugement de finalité affirme une finalité objective, c'est-à-dire l'existence d'une harmonie dans la nature même.

« 99 Le génie la raison : NEWTON pouvait non seulement pour lui, mais pour tout autre, décrire clairement, et déterminer pour ses successeurs, les démarches qu'il eut à faire depuis les premiers éléments de la géométrie jusqu'à ses grandes et profondes découvertes; mais aucun Homère, aucun Wieland ne pourrait montrer comment ses idées riches en poésie et pourtant lourdes de pensées surgis­ sent et s'assemblent dans son cerveau, car lui-même ne le sait pas et il ne peut donc l'enseigner à un autre.

En matière de science par conséquent il n'y a, entre le plus grand inventeur et l'imitateur, l'apprenti le plus laborieux, qu'une différence de degrés, mais il y a une différence spécifique entre lui et celui que la nature a doué pour les beaux-arts; on ne veut pas pourtant diminuer ces grands hommes auxquels 1 'humanité doit tout, par rapport à ceux qui par leur talent pour les beaux-arts sont des favoris de la nature.

Le talent des premiers consiste à faire pro­ gresser toujours davantage les connaissances, et les avantages pratiques qui en dépendent, comme à instruire les autres dans ces mêmes connaissances et c'est là une grande supériorité sur ceux qui méritent l'honneur d'être appelés des génies; pour ceux-ci, l'art s'arrête quelque part; il a ses limites qu'il ne peut dépasser, qu'il a sans doute atteintes depuis longtemps et qui ne ne peuvent plus être reculées; de plus une telle maîtrise ne peut se communiquer, elle est dispensée directement à chacun par la main de la nature; elle disparaît donc avec l'un jusqu'à ce que la nature confère à un autre les mêmes dons; et il ne reste plus à celui-ci que d'avoir un modèle pour laisser se manifester de semblable manière le talent dont il a conscience.

Puisque le don de la nature doit établir la règle de l'art (Beaux-Arts), quelle est donc cette règle? On ne peut la formuler pour servir de précepte, car alors le jugement sur le beau serait déterminé par concepts; mais la règle doit être extraite de l'acte même, c'est-à-dire du produit, il doit servir aux autres de pierre de touche pour leur propre talent, comme un modèle pour une imitation qui ne doit pas être servile.

Comment cela se peut-il? Voilà qui est difficile à éclaircir.

Les idées de 1 'artiste éveillent dans l'élève de semblables idées, si la nature a doué celui-ci de facultés équivalentes.

Les modèles de l'art sont donc les seuls guides qui peuvent le perpétuer; de simples descriptions seraient inefficaces (surtout pour les arts ·de la parole); et même seuls les modèles fournis par les vieilles langues mortes, conservées seule­ ment comme langues savantes, peuvent devenir classiques.. »

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