Réanimation

« 1 / 2 16 septembre 1964 Série No 10 Fiche No 120 Réanimation 1.

Naguère, l'arrêt total du cœur et des mouvements respiratoires était considéré comme marquant l'instant de la mort: un organisme dans cet état ne revenait jamais à la vie.

Aujourd'hui, on parle seulement de " mort clinique ...

car on dispose de méthodes permettant de rappeler parfois à la vie un être humain dont le cœur a cessé de battre.

2.

On dit qu'il y a " mort biologique ..

au moment où Je processus de destruction de l'organisme est devenu irréversible.

C'est dans l'intervalle qui sépare Ja mort clinique de la mort biologique que jouent les techniques extrêmes de la réanimation.

Leur emploi est indiqué dans tous les cas où la mort clinique ne résulte pas d'une lésion ou d'une usure incurables, mais d'une défaillance passagère.

3.

La réanimation " in extremis ..

a fait de grands progrès ces dernières années grâce aux spécialistes de divers pays, notamment ceux du Laboratoire de physiologie expé­ rimentale de Moscou, dirigé par le professeur Negovski.

Les conditions climatiques.

en donnant maintes fois aux médecins russes l'occasion de sauver des victimes du froid, leur ont permis de constater que chez ces patients l'intervalle qui sépare la mort clinique de la mort biologique est considérablement allongé.

4.

Dans les conditions ordinaires, cet intervalle est de deux à quatre minutes.

Passé ce délai, les cellules de l'écorce cérébrale, privées d'oxygène, commencent à subir des dommages irrémédiables.

Les autres cellules supportent l'asphyxie un peu plus longtemps, mais la réanimation n'est plus possible quand le cortex cérébral est désorganisé.

5.

Le service du professeur Negovski a ranimé un patient tué par le froid et resté ense­ veli dans la neige pendant plusieurs heures.

Après quelques mois de traitement, l'homme a repris son existence normale.

Des expériences faites sur les animaux ont confirmé que si un organisme est rapidement refroidi au moment de la mort clinique, les besoins en oxygène des cellules cérébrales sont diminués et la mort biolog:que retardée, ce qui donne beaucoup plus de temps pour mettre en œuvre les techniques de réanimation.

6.

En les plongeant dans l'eau froide, des médecins suédois ont rappelé à la vie des nouveau-nés en état de mort apparente.

Dans ce cas, la réussite semble due non seulement à la diminution des besoins en oxygène, mais aussi à la vaso-cons­ triction des vaisseaux périphériques qui a fait refluer le sang vers le cœur et aug­ menter la pression artérielle.

7.

Les progrès des techniques du froid en médecine permettront un jour, selon cer­ tains savants, de placer les malades actuellement incurables en état de mort apparente et de les ranimer au terme d'une période indéterminée quand les moyens de les guérir auront été mis au point.

Cette hypothèse, exposée dans un ouvrage récent du physi­ cien américain Robert C.

W.

Ettinger, a vivement frappé certains milliardaires d'outre­ Atlantique, assez riches pour s'offrir éventuellement une hibernation de durée illimitée. 2 / 2. »