RASMUSSEN
Publié le 16/05/2020
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RASMUSSEN
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LE Groenland d'il y a soixante ou soixante-dix ans était fort différent du Groenland actuel.
Il n'y avait ni élevage de moutons, ni pêcheries organisées, ni bateaux à moteurs, ni radio, ni
même de station télégraphique ordinaire.
Pendant l'été, un voilier se contentait de visiter une
ou deux fois la partie septentrionale des côtes ouest, tandis qu'en hiver le pays restait complète
ment isolé du monde.
Il n'y avait que les pistes de traîneaux pour relier entre eux les hameaux
indigènes, pendant la nuit arctique.
C'est dans ces conditions d'existence que, le 7 juin 1879, naquit à Jacobshavn, humble
hameau dans la baie de Disko, Knud Rasmussen, le plus grand explorateur danois des temps
modernes.
Son père était
pasteur de l'Église luthérienne et l'enfant avait par sa mère du sang
esquimau dans les veines.
Son enfance le destina, semble-t-il, à devenir
un explorateur des régions
arctiques.
Ses petits camarades lui apprirent toutes sortes de jeux esquimaux et il parla la langue
indigène avant même le danois; il écoutait avec avidité les histoires et les légendes que les vieil
lards contaient
du temps passé, ce qui éveilla en lui un vif intérêt pour l'histoire des Esquimaux.
Peu de temps après son entrée à l'Université de Copenhague en qualité d'étudiant, il prit
part, en 1903-1904, avec deux compagnons danois et trois Esquimaux, à une première expédition;
parti d'un établissement danois du Groenland occidental en traîneaux à chiens, il se rendit par
la baie de Melville chez les Esquimaux polaires du détroit de Smith.
Ce voyage devait avoir une
grande influence sur son avenir.
L'un des membres de l'expédition, tombé gravement malade
à l'arrivée, n'eut la vie sauve que grâce aux soins dévoués des Esquimaux.
Knud Rasmussen,
qui leur resta toujours très attaché, en fut rempli de gratitude et ce fut en grande partie à la suite
de
ses efforts qu'un poste missionnaire danois fut installé chez eux en 1909.
Dans le courant de
l'année suivante, il érigea lui-même la station commerciale de Thulé; il s'y agissait bien en somme
de négoce, mais il
importe de souligner que ce négoce était destiné à un but particulier, qui n'était
pas seulement de fournir aux Esquimaux polaires des marchandises européennes; la station devait
servir de base à des recherches scientifiques et à les défrayer par ses revenus, dont une part était
d'ailleurs dévolue
au relèvement du niveau d'instruction et d'hygiène des Esquimaux polaires.
Knud Rasmussen aurait alors pu s'enrichir; il préféra construire un hôpital qu'il dota d'un médecin
et d'une nurse et équiper des expéditions scientifiques.
De toutes ses grandes expéditions, deux
seulement reçurent des subventions du gouvernement et d'amis personnels.
En 1912, il entreprit la première expédition de Thulé en compagnie de Peter Freuchen
et de deux Esquimaux.
Le projet était si hardi que, de la part de tout autre que Knud Rasmussen,
il
eût été taxé de follement téméraire : Rasmussen se proposait de vérifier si la terre de Peary
était une île - ainsi qu'on le pensait communément - ou si elle confinait au Groenland, et
tout le voyage devait s'effectuer exclusivement à l'aide d'un équipement esquimau, sans autre
ravitaillement que celui de la chasse.
Les quatre hommes traversèrent avec leurs traîneaux en vingt
cinq
jours le désert des glaces intérieures et descendirent, non sans de grandes difficultés, la barrière.
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