Rapport comptabilité
Publié le 14/11/2021
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Sommaire Remerciements..........................................................................................................................2 Acronymes.................................................................................................................................6 Résumé.......................................................................................................................................7 Introduction...............................................................................................................................9 1 ère Partie : La catégorisation fiscale : Vers un nouveau Pacte de confiance.....................12 Chapitre 1 : Le pourquoi de la catégorisation..................................................................12 1. Amélioration de la Relation DGI/contribuables.......................................................12 2. Renforcement de la compétitivité de l’entreprise marocaine...................................13 3. Amélioration du climat des affaires :........................................................................13 4. Réduction de l’iniquité fiscale..................................................................................14 5. Optimisation de l’action de contrôle;........................................................................18 Chapitre 2 : Présentation du Modèle marocain de « discipline fiscale coopérative »...21 1. Principes et Finalités.................................................................................................21 2. Cadre juridique et procédural....................................................................................26 3. Les obligations des parties........................................................................................29 Chapitre 3 : La discipline fiscale coopérative à travers le monde;.................................30 1. Australie : Accord annuel de discipline fiscale/ Annual Compliance Arrangement (ACA)................................................................................................................................30 2. Irlande : l’Approche coopérative de la discipline fiscale..........................................34 3. Pays-Bas – La surveillance horizontale/Horizontal Monitoring...............................37 2 ème Partie : Gestion des risques du programme de catégorisation....................................41 Chapitre 1 : Diagnostic du programme de catégorisation...............................................41 1. Un programme ambitieux dans un contexte difficile................................................41 2. Un programme louable mais avec des insuffisances................................................46 Chapitre 2 : Analyse des risques du programme de catégorisation selon le modèle MOSAR-MADS...................................................................................................................52 1. Présentation du modèle MOSAR-MADS.................................................................52 2. Etape préliminaire : Modélisation du système..........................................................56 3. 1 ère Etape du Module A : Identification des sources de danger.................................57 4. 2 ère Etape du Module A : Identification des scénarii de risques................................67 Chapitre 3 : Atténuation des risques identifiés.................................................................70 1. Dispositif juridique :.................................................................................................70 2. Dispositif communicationnel....................................................................................72 3. Dispositif managérial................................................................................................75 4. Les mesures d’accompagnement :............................................................................78 Conclusion...............................................................................................................................81 Annexes....................................................................................................................................82 Glossaire.................................................................................................................................105 Bibliographie.........................................................................................................................106 Table des matières.................................................................................................................108 Liste des Tableaux Tableau 1 : Evolution de l’IS de 2006 à 07/2013......................................................................17 Tableau 2 : Performance du contrôle fiscal...............................................................................19 Tableau 3 : Ce qu’il faut faire pour entrer dans un ACA Tableau 4 : Les avantages offerts par l’Approche coopérative de la discipline fiscale: Tableau 5: Les étapes du processus de l’accord de surveillance horizontale Tableau 6: Surveillance horizontale au niveau des grandes et moyennes entreprises au 31 Mars 2012 Tableau 7 : les délais dans la procédure de catégorisation fiscale Tableau 8: les sous-systèmes identifiés et leurs composants Tableau 9 : Tableau A du modèle MOSAR Tableau 10 : Indicateurs du Suivi&Evaluation du programme Liste des Figures Figure 1 : Logigramme du processus de Catégorisation Fiscale Figure 2 : Le modèle Australien de conformité fiscale Figure 3 : Cadre de différenciation des risques Figure 4 : La matrice FFOM / SWOT du Programme : Figure 5 : procesus de danger selon le modele MADS Figure 6 : Structure simplifiée de MOSAR Figure 7: Décomposition du système de catégorisation des entreprises en sous-systèmes Figure 8 : Boite noire relative au sous-système DGI avec visualisation d’un exemple de scénario Figure 9 : Exemple d’arborescence d’un scénario Figure 10 : l’arbre de défaillance du système de catégorisation Figure 11 : Modèle OCDE du comportement du contribuable à l’égard des impôts et des stratégies de lutte contre l’indiscipline fiscale correspondantes Liste des Annexes Annexe 1 : Liste des personnes interviewées...........................................................................82 Annexe 2 : Cadre juridique du PCE..........................................................................................83 Annexe 3 : Modèles de discipline fiscale coopérative à traves le monde.................................88 Annexe 4 : Exemple d’accord de supervision horizontale........................................................91 Annexe 5 : les boites noires relatives aux sous-systèmes.........................................................93 Annexe 6 :arborescences des scénarii éventuels.......................................................................97 Annexe 7 : Grille de classification des entreprises selon leur notation à Shanghai................104 Annexe 8 : Evolution des administrations modernes..............................................................104 Acronymes AAE Association Amal des Entreprises ACA Annual Compliance Arrangement (Autralie) ADII Administration des Douanes et des Impôts Indirects AEC Association des Entreprises Citoyennes AF Administration Fiscale ATO Australian Taxation Office (Australie) BIT Bureau International du Travail CCIS Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services CF Contrôle Fiscal CGEM Confédération Génerale des Entreprises du Maroc CNOEC Conseil national de l'Ordre des experts-comptables DGI Direction Générale des Impôts ENS Evénements Non Souhaités Eses Entreprises FCMCI Fédération des chambres marocaines de commerce, d'industrie HCP Haut Commissariat au Plan IGF Inspection générale des Finances IS Impôt sur les sociétés LCD Large Cases Division (Division chargée des gros contribuables à l’administration fiscale irlandaise) MADS Méthode d’analyse de dysfonctionnement des systèmes MOSAR Méthode Organisée Systémique d’Analyse Risque OCDE Organisation du Commerce et du Développement Economique PCE Le Programme de Catégorisation des entreprises Résumé La prolifération et la multiplication des stratégies d’évasion et de fraude fiscale, ont fait preuve de l’inefficacité des politiques de contrôle fiscal opérées par les administrations fiscales. D’où l’émergence à l’échelle internationale d’un nouveau concept dit « the vouluntry tax compliance » ou « la discipline fiscale coopérative », afin d’appuyer le dispositif de contrôle fiscal, dans sa quête de promotion de la conformité fiscale. Le Maroc conscient des insuffisances de son système fiscal, et s’alignant sur les tendances internationales en la matière, a lancé en 2012 son propre programme de discipline fiscale coopérative, dit « le programme de catégorisation des entreprises ». Outre le fait qu’il vise l’amélioration de la relation de la DGI avec ses usagers et la rationalisation de la gestion de l’impôt, le PCE est une réponse fondée, réfléchie et révolutionnaire à un ensemble de problématiques marquant le système fiscal de manière générale, dont : - La promotion des principes de confiance et de transparence comme leviers de consolidation de la relation entre la DGI et ses citoyens clients ; - La réduction de l’iniquité fiscale. Cette dernière est matérialisée par la prolifération de l’informel provoquant le renforcement de la pression fiscale sur une catégorie limitée de contribuables ; - L’amélioration du climat des affaires dont la composante fiscale est un élément clef ; - L’optimisation de l’action de contrôle qui, en disposant d’un nombre insuffisant de contrôleurs/vérificateurs, privilégie la finalité budgétaire (recouvrer avec rapidité et efficacité l'impôt « éludé ») aux 2 autres finalités : répressive (sanctionner les comportements frauduleux) et dissuasive (consolider le civisme fiscal de tous les contribuables) ; Ayant une double finalité, pédagogique et économique, et se basant sur des principes universels, à savoir : le volontariat, la transparence et la confiance mutuelle, le PCE inaugure une nouvelle ère de relation entre l’AF et le contribuable. Il a été introduit par l’article 164 bis du code général des impôts, et il consiste à accorder un traitement préférentiel aux entreprises citoyennes ayant un bon niveau de « discipline fiscale ». Les entreprises désireuses de bénéficier de ce traitement préférentiel doivent remplir un certain nombre de conditions et suivre une procédure particulière. Au terme de ladite procédure, une convention, fixant les obligations de chacune des parties contractantes, est signée entre l’AF et l’entreprise. Après une présentation du modèle marocain de discipline fiscale coopérative, il y lieu de le situer par rapport aux expériences à l’échelle internationales en la matière. Les modèles retenus sont ceux de l’Australie, de l’Irlande et des Pays-Bas. Une double comparaison, horizontale et verticale, entre ces modèles de référence et le PCE démontre les particularités et l’importance de cette initiative louable de la DGI. Or, Intervenu dans un contexte interne et externe difficile, le PCE est appelé à faire face à des risques multiples, provenant non seulement du programme et de sa gestion, mais surtout des interactions qu’il noue avec son environnement. En effet, un diagnostic du PCE a révélé que plusieurs handicaps risquent d’entraver son bon déroulement. Une bonne appréhension desdits handicaps suppose le placement du PCE dans une perspective systémique ; D’où le recours au modèle MOSAR/MADS qui permet la combinaison entre la gestion des risques et l’approche systémique. En analysant les différentes interactions entre les acteurs interpellés par le PCE, en l’occurrence : la DGI, les contribuables, les partenaires (intermédiaires fiscaux, associations professionnelles…), l’environnement et la cellule de catégorisation ellemême, le modèle permet de dégager l’ensemble des sources de danger susceptibles de générer des risques pour le programme. Comme barrières servant à atténuer les risques provenant de ces sources de danger, nous avons avancé des propositions que nous avons regroupées en 3 catégories de dispositif : le dispositif juridique, le dispositif communicationnel et le dispositif managérial. D’autres mesures d’accompagnement sont aussi proposées pour soutenir ce programme, dont la réussite est, certes, liée à la rencontre d’autres volontés autres que celle de la DGI. Introduction Malgré les efforts déployés pour les contrer, les stratégies d’évasion et de fraude fiscales ne cessent de se diversifier, se compliquer et s’internationaliser. Justement, mondialisation étant, éviter l’impôt est devenu plus facile, dans un contexte marqué par une forte accessibilité à l’information fiscale (facilité de détection de paradis fiscaux), une grande liberté de circulation des capitaux et des investisseurs en quête ardue de maximisation de profits. Ces comportements ont pour conséquence d’impacter négativement les ressources nécessaires pour le financement des services publics, de créer des distorsions de concurrence et des inégalités au détriment des contribuables honnêtes et de générer de leur part des frustrations et un mécontentement justifié. Le rôle de l’administration fiscale est justement de lutter contre de tels comportements altérant le contrat social et ce, à travers le renforcement du dispositif de contrôle qui est la contrepartie du consentement volontaire à l’impôt. Or, bien que les contrôles demeurent un outil fondamental et nécessaire de lutte contre l’indiscipline fiscale, les facteurs qui sous-tendent le comportement des contribuables dans un domaine de risque particulier sont souvent complexes. A ce titre, on ne peut guère espérer les neutraliser à l’aide d’une stratégie à composante unique — en particulier une stratégie basée exclusivement sur la vérification et l’exécution de la loi. C’est ainsi qu’à travers le monde, on a assisté à l’émergence d’un nouveau concept, celui de la « Voluntary tax compliance » et qui consiste en une nouvelle forme de relation entre l’Administration Fiscale et les contribuables, et où les deux parties travaillent ensemble pour atteindre le plus haut niveau possible de conformité fiscale. Il ne s’agit pas d’abandonner le dispositif traditionnel de régulation qui est le contrôle fiscal, mais au contraire, l’AF est appelé à le renforcer, à mieux l’orienter, tout en le conjuguant à un nouveau dispositif plutôt accueillant et promettant une meilleure relation DGI/Contribuable : Autrement, l'accent sera mis sur «la carotte » autant que sur le «bâton» pour promouvoir le civisme fiscale. S’alignant sur les tendances internationales en la matière, et dans le cadre de sa stratégie visant l’amélioration de la confiance et le renforcement de l’adhésion des citoyens à l’impôt, la DGI a lancé en 2012 le programme de catégorisation des entreprises. Inspiré des bonnes pratiques internationales, le programme consiste à accorder un traitement préférentiel aux entreprises ayant un bon niveau de « discipline fiscale ». La catégorisation est dédiée aux entreprises citoyennes faisant preuve d’un niveau indéniable de transparence et de civisme fiscal1 . C’est ainsi que nous tenterons, à travers ce travail, de répondre à la problématique suivante : Dans le cadre de l’amélioration permanente de la relation de 1 La catégorisation des entreprises, Abdellatif ZAGHNOUN directeur général des impôts, invité de la CGEM, Casablanca le 20 novembre 2012. l’Administration fiscale avec ses usagers - visant le renforcement du civisme fiscal-et s’alignant sur les tendances internationales en matière de « labellisation des bons contribuables », comment la DGI pourrait-elle assurer la réussite du programme de catégorisation des entreprises , dans un contexte marqué par des crises, économique, budgétaire , sociale et de confiance, tout en maitrisant le niveau des recettes fiscales et du coût de l’impôt ? Il s’agit entre autres de répondre aux questions suivantes : Qu’est ce qui justifie le recours à ce programme ? et en quoi consiste –t-il ? Quelles sont les expériences pionnières en matière de « volontary tax compliance » à l’échelle mondiale ? S’agissant de la relation DGI/contribuable, quels sont les apports du programme de Catégorisation des Entreprises par rapport au système en vigueur? Quels sont les risques internes et externes qui peuvent entraver la réalisation des objectifs du programme de Catégorisation des Entreprises ? Comment la DGI pourrait-elle les traiter afin d’en réduire, sinon en supprimer, les effets ? Afin de pouvoir traiter cette problématique, nous avons opté pour la méthodologie suivante : 1) Nous avons mené une recherche documentaire approfondie afin de comprendre le programme de catégorisation des entreprises et son contexte, tout en survolant les expériences des pays pionniers en la matière. 2) En procédant par une approche par parties-prenantes, et afin de dégager la perception qu’ont ces dernières de ce nouveau programme, nous avons conduit : Une Enquête auprès des entreprises adhérentes à la CGEM, l’AMEC et AAE, afin de collecter leur perception du programme ; Toutefois, il est à signaler que la réaction des entreprises était en deçà de nos espoirs. En fait, seules deux entreprises adhérentes à la CGEM ont rempli le questionnaire (toutes les deux n’ont aucune idée du programme) ; soi un taux de réponse de : 0,016%2 . Des Entretiens (Cf. Annexe 1) auprès des responsables des entités suivantes : La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) ; L’Ordre des Experts-Comptables (OEC) ; La cellule centrale de catégorisation ; 2 CGEM : 2/12000, AMEC : 0/200, AAE : 0/500. L’ Administration des douanes et impôts indirects (ADII) ; L’Association AMAL ENTREPRISES (AAE) ; L’ Association Marocaine des Entreprises Citoyennes (AMEC) ; Une grande entreprise. 3) Sur la base de la recherche documentaire et des informations retenues des différents entretiens, une analyse risque du programme est effectuée sur la base du module A du modèle MOSAR-MADS. 4) Afin de capitaliser sur les expériences étrangères nous avons retenu un Benchmark au niveau de l’Australie, des Pays-Bas et de l’Irlande. 5) Sur la base des résultats de l’analyse-risque et de la capitalisation sur les expériences étrangères susmentionnées, nous allons présenter des recommandations pour atténuer les risques soulevés. Ainsi, ce rapport est scindé en deux parties. La 1ère est consacrée à la mise en relief de ce programme, en avançant dans un premier chapitre l’opportunité dudit programme, en le présentant dans un deuxième, avant de le comparer, dans un troisième, aux programmes similaires lancés en Australie, aux Pays-Bas et en Irlande. Quant à la 2ème partie, elle est dédiée à l’analyse des risques du programme ainsi qu’à leur gestion. Son premier chapitre est consacré à un diagnostic du programme ; tandis que le deuxième traite des risques identifiés selon le modelé MOSAR-MADS ; le troisième, à la lumière des résultats du chapitre précédent, dresse les pistes de solutions pour contrer les risques identifiés. 1 ère Partie : La catégorisation fiscale : Vers un nouveau Pacte de confiance Une première au Maroc : la DGI honore ses honnêtes contribuables. En effet, le système de catégorisation, introduit dans le cadre de l’article 164 bis du CGI permet à l’administration fiscale d’accorder un traitement préférentiel réactif et rapide aux entreprises en situation fiscale régulière, gérées d’une manière transparente et ayant un bon comportement fiscal. Il s’agit d’un projet primordial dans le cadre de la vision d’amélioration des relations de la DGI avec ses contribuables. Dans cette partie, d’abord nous traiterons des insuffisances et des zones d’ombre du système fiscal marocain justifiant la mise en place de ce nouveau système (Chapitre 1) ; nous enchainerons par une présentation du programme de catégorisation ensuite (Chapitre 2) ; et nous finirons par un survol des meilleures expériences à l’échelle mondiale en matière de « Volontary Tax Compliance » desquelles le modèle marocain s’est inspiré (Chapitre 3). Chapitre 1 : Le pourquoi de la catégorisation L’instauration du système de catégorisation fiscale au Maroc n’était pas le fruit du hasard. C’était une solution - réfléchie, bien fondée, et révolutionnaire- à un ensemble de problématiques liées à la nature même du système fiscal marocain. 1. Amélioration de la Relation DGI/contribuables La relation entre l’administration fiscale et le contribuable est qualifiée par les experts et les observateurs du système fiscal marocain de conflictuelle. L’élément déclencheur des facteurs qui nourrissent cette conflictualité est le caractère contradictoire des intérêts entre les deux. Dans cette relation, chacune des parties essaye de défendre ses propres intérêts et sortir avec le maximum de gain. La DGI, par la collecte du maximum des recettes fiscales, et le contribuable, par la fuite de l’impôt (rien que pour les personnes physiques, elles auraient tendance à fuir les obligations, c’est psychique). Aussi, plusieurs facteurs aliment-ils cette conflictualité, malgré les efforts déployés par la DGI pour améliorer sa relation avec ses usagers, nous en citons entre autres: L’incertitude par rapport à l’interprétation du texte fiscal, dont le monopole est détenu par la DGI, lui donnant ainsi un pouvoir de redressement Il est à signaler que, Mondialisation étant, le lancement de ce programme s’inscrit aussi dans le cadre de la course à l’échelle mondiale vers la cristallisation d’administrations fiscales « compétitives ». C’est ainsi que la prolifération de modèles de discipline fiscale coopérative n’a pas laissé notre pays indifférent ; et grâce aux efforts d’ambitieux responsables au sein de la DGI, le Maroc s’est vu doté de son propre programme en la matière dont il peut se féliciter. En fait, le Royaume est le premier et seul pays arabomusulman qui a adopté cette nouvelle approche de discipline fiscale ; avant même notre inspirant historique « la France ». quasiment sans limite, dont elle use assez largement, ce qui génère un sentiment de peur et d’injustice3 . L’incertitude par rapport à la stabilité de certaines dispositions fiscales. En effet, chaque loi de finances annonce de nouvelles mesures, rendant la législation fiscale de plus en plus volatile. Rien ne garantit que le traitement fiscal d’une opération donnée pendant une année soit le même l’année suivante. Ainsi, la phase préparatoire de la loi de finances suscite de plus en plus l’intérêt des contribuables qui expriment leur impatience à découvrir les «surprises» fiscales du nouvel an. Parfois, le mois de décembre enregistre un accroissement de flux pour simple motif fiscal car on risquerait de tomber sous le coup de conditions moins favorables si l’opération intervient l’année d’après sous de nouvelles mesures fiscales.4 L’incertitude par rapport à la portée du contrôle fiscal : face à l’absence d’un système de gestion de risque d’indiscipline fiscale et de programmation objective des dossiers à contrôler, le contribuable ne sait pas à quelle sauce il risque d’être mangé suite à un contrôle fiscal. 2. Renforcement de la compétitivité de l’entreprise marocaine Au vu de l’ouverture de l’économie marocaine sur le marché internationale les entreprises marocaines sont-elles appelées à s’aligner sur les tendances internationales, notamment en matière fiscale, dans la perspective, non seulement de la conquête des marchés étrangers, mais même de la sauvegarde des parts de marché en interne. Consciente du poids important que joue la fiscalité dans la pérennisation et le développement d’une entreprise, la DGI, à travers ce programme, vise : L’accompagnement des contribuables honnêtes dans leur processus de conformité fiscale, afin qu’ils puissent maitriser leur coût de conformité. La facilitation de leur passage aux services des impôts, afin qu’ils puissent bénéficier d’un service de qualité (en termes de coût et des délais). 3. Amélioration du climat des affaires : Le climat des affaires est noté par le rapport Doing Business dont le calibrage et l’évaluation portent sur les 11 étapes du cycle de vie d’une entreprise 5 : la création 3 Rapport CESE op cit. 4 Pour une relation win-win entre l’administration fiscale et le contribuable. L’économiste Édition N° 4020 du 2013/04/29. 5 Climat des affaires au Maroc 2014 : amélioration, mais beaucoup d’affaires restent à faire, Les Echos du 04/11/2013. http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/international/afrique/221183579/climat-affaires-maroc-2014- amelioration-beaucoup-af d’entreprises, l’obtention de permis de construire, le raccordement à l’électricité, le transfert de propriété, l’obtention de prêts, la protection des investisseurs, le paiement des taxes et impôts, le commerce transfrontalier, l’exécution des contrats, le règlement de l’insolvabilité et enfin l’embauche de travailleurs. Aussi, le rapport de l’OCDE, intitulé « MAROC : Stratégie de développement du climat des affaires » 6 est le fruit d’une évaluation du climat des affaires marocain. A travers une évaluation multidimensionnelle portée sur douze axes principaux7 , le rapport salue les initiatives entreprises par le Maroc au niveau de l’axe dit « la politique et l’administration fiscale », notamment la réduction des taux d’imposition, la modernisation et la simplification de son système et l’élaboration de bilans des dépenses fiscales. Toutefois, mentionne-t-il, d’autres mesures doivent être prises en matière de simplification du système fiscal et de renforcement de la discipline et de la transparence fiscales.8 Certes, le volet fiscal est au cœur du climat des affaires. Réaliser un score considérable en Doing business revient à assainir et à améliorer ce volet. En effet, il n’est plus à démontrer que la visibilité fiscale, la sécurité juridique, la transparence, la simplification des procédures …, sont autant d’éléments majeurs du climat des affaires. Le PCE, en s’alignant sur les recommandations de l’OCDE ci dessus, se voit en tant que levier sur lequel table la DGI pour « faciliter la conformité fiscale des contribuables honnêtes », et de ce fait améliorer le climat des affaires au Royaume. 4. Réduction de l’iniquité fiscale L’iniquité fiscale est le fait non seulement d’une propagation de l’informel qui évolue d’une façon inquiétante, mais aussi du fait des comportements de dissimulation des revenus réalisés (déclaration en permanence de résultats déficitaires de la part d’une grande catégorie de contribuables). Résultat : une concentration forte de la pression fiscale au niveau d’une catégorie bien déterminée des contribuables, aux contributions desquelles les recettes fiscales sont de plus en plus dépendantes. a. L’informel en plein prolifération Le secteur informel au Maroc est inscrit dans les structures de production et de services traditionnelles de la société. La difficulté de définir l’économie informelle rend difficile sa mesure et la détermination des activités qui rentrent dans ses limites. Sous l’impulsion du BIT9 trois critères ont été fixés pour définir cette dernière à savoir : 6 http://www.ambrabat.esteri.it/NR/rdonlyres/591489F6-3285-4DC4-A5EB84740944FEFC/0/MoroccobusinessclimateFR.pdf 7 La politique et la promotion de l'investissement ; la politique de privatisation et les partenariats public-privé ; la politique et l’administration fiscale ; la politique commerciale et la facilitation des échanges commerciaux ; les politiques pour de meilleures réglementations et procédures pour les entreprises ; la politique et la promotion des petites et moyennes entreprises ; la lutte contre la corruption ; la gouvernance d'entreprise ; le droit des affaires et la résolution des litiges commerciaux ; l’infrastructure ; le capital humain et l’accès au financement. 8 http://www.yabiladi.com/articles/details/5764/evaluation-climat-affaires-maroc-peut.html L’organisation juridique : entreprise non constituée comme une entité légale Le type de comptabilité : dispositif comptable incomplet La destination de la production : au moins une partie de la production est mise en marché. Conformément à ces critères, le Maroc, à travers l’HCP, a réalisé deux enquêtes nationales sur le secteur informel : La première est l’enquête nationale sur le secteur informel non agricole réalisée en 1999/2000. Cette enquête a étudié ce secteur au travers de l’analyse de l’activité d’unités de production dites « informelles »/UPI10. Les résultats de cette enquête montrent que le secteur informel agricole contribue à hauteur de 17% au PIB national et cumule 39% de l’emploi global du pays (hors secteur agricole). La deuxième l’enquête nationale a été réalisée en 2007. Elle concerne toutes les unités de production qui ne disposent pas d’une comptabilité11 et elle est limitée aux activités non agricoles12. Les résultats de l’enquête, comme a souligné l’HCP, ont mis en lumière l’augmentation au cours des 8 années (1999-2007), du nombre des unités de production informelle, passant de 1,233 millions à 1,550 millions, soit en moyenne 40 000 nouvelles unités par année. Le secteur informel participe de 16,3% du PIB non agricole et 37,3% de l’emploi global. A coté de ces deux enquêtes, le "Mémorandum économique" de la Banque mondiale publié sur le Maroc en 2006, a noté que le secteur informel totalise 45% des emplois hors agriculture, et représente environ 36% du PIB. Le conseil économique social et environnemental dans son rapport sur « Le système fiscal marocain, développement économique et cohésion sociale » a souligné que la facilité d’accès au secteur informel et son installation dans une économie provient de l’existence des caractéristiques suivantes : la facilité d'accès aux activités ; la propriété familiale des entreprises ; 9L’agence française pour le développement, « La formation professionnelle en secteur informel » Rapport sur l’enquête terrain au MAROC ,2006 10 une unité de production informelle faisant référence à « toute organisation destinée à la production et/ou à la vente de biens ou à la prestation de services et ne disposant pas de comptabilité complète décrivant son activité et ce, conformément à la loi comptable en vigueur depuis 1994 11 par comptabilité, il est entendu la comptabilité tenue par les entreprises conformément à l’organisation comptable en vigueur au Maroc 12 les activités commerciales et artisanales exercées par les agriculteurs comme des activités secondaires sont prises en considération l'échelle restreinte des opérations ; l'utilisation de techniques simples et le nombre réduit de travailleurs ; des qualifications qui s'acquièrent en dehors du système scolaire officiel ; des marchés à tout règlement et ouverts à la Concurrence… Ceci étant, nul ne peut ignorer la part prédominante de l’économie informelle dans l’économie nationale. Ce phénomène n’est pas sans conséquence sur l’activité économique : en effet, les entreprises qui opèrent dans l’informel ne peuvent « grossir » au-delà d’une certaine taille, du fait de leur caractère illégal; et aussi, créent-elles une concurrence déloyale pour les entreprises respectueuses des règles du jeu. L’Etat, conscient des dégâts causés par ce phénomène, a pris des mesures fiscales afin d’encourager les entreprises du secteur informel à intégrer le « formel » 13. Mais il s’est avéré que les avantages de l’informel sont plus attractifs que ceux du formel. Pire encore, le caractère "inéquitable" de la fiscalité relative à l'économie informelle "nourrit le fléau de la concurrence déloyale et pénalise les sociétés qui optent pour la transparence"14 . Cette situation oblige la DGI, d’une part, à récompenser les entreprises opérant dans le formel et à cibler ses actions envers le secteur informel pour faciliter sa transition vers le formel. b. Recettes fiscales dépendant d’une catégorie limitée de contribuables Les recettes fiscales représentent l’essentiel des recettes de l’Etat (90% en 2012), notamment l’impôt sur les sociétés qui représente à lui seul une part importante de ces recettes (environ 25% en 2012). Ce qui explique la forte dépendance du budget de l’Etat vis-à-vis de cette catégorie des recettes, pour le financement des dépenses de la collectivité, notamment dans une économie où les deux tiers des sociétés déclarent systématiquement un résultat déficitaire. En se référant à l’évolution des recettes de l’IS durant ces dernières (Cf. Tableau 2), nous tentons de mettre en relief la corrélation positive entre cette variation et les contributions de certains contribuables. 13 Exemple de mesures fiscales : la réduction du taux de l’IS pour les petites et moyennes entreprises à 15% au titre de 2011 réalisant un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 3 millions de dirhams, ramené en 2013 à 10% pour les entreprises qui réalisent un bénéfice fiscal inférieur ou égal à 300.000 dirhams. 14 Meriem BENSALAH-CHAQROUN, présidente de la CGEM, lors des Assises Nationales sur la Fiscalité, 28/29 avril 2013. Les effo rts dép loy és pou r con trer le phé Tableau 1 : Evolution de l’IS de 2006 à 07/2013 Années 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 07/201 3 Recettes d’IS Millions de Dhs 24 182 30 427 46 290 43 532 37 163 40 250 43 206 22 596 Taux d’évolution 28% 26% 55% - 6% ‐12% 14,6% 9,7% -11,7% En fait, cette variation s’explique par la conjonction d’un certains nombre de facteurs, entre autres, la contribution de certaines catégories de contribuables. Ainsi par exemple, pour l’année 2012, les recettes de l’impôt sur les sociétés sont en hausse de 9,7%. Cette augmentation s’explique notamment par le versement par l’OCP d’environ 5,7 MMDH en 2012 contre 3,1 MMDH un an auparavant15 . Néanmoins la contre-performance des années 2009 (voir l’encadrée) et 2010 après des hausses enregistrées de 2006 à 2008, s’explique , entre autres, par le recul des versements de certains gros contribuables, surtout des entreprises publiques (l’OCP, Bank Al Maghrib…), en rapport avec une évolution moins favorable16 . Aussi, le premier semestre de l’année 2013 a enregistré une baisse des recettes de l’IS de 11,7% résultant notamment de la baisse des versements effectués par la même catégorie de contribuables (l’OCP : -2,5 MMDH), Maroc Télécom, certaines sociétés du secteur financier, certaines cimenteries, …17 Dans le même sens, les recettes de l’IS versées par les 74 sociétés cotées à la Bourse de Casablanca se sont élevées à 10,4 milliards de dirhams en 2010, soit une hausse de 2,4% par rapport à 2009 (2,6% en 2009 et 1,8% en 2008). En conséquence, la part des contributions des sociétés cotées dans les recettes totales de l’IS est passée à 29,6% en 2010 contre 24% en 2009 et 21,4% en 2008. C'est-à-dire que le tiers des recettes de l’IS provient d’une franche minime des sociétés marocaines. Pire encore, en 2012 : 82% des recettes de l’I.S proviennent de la performance de 2% des sociétés et 73% des recettes de l’I.R sont perçues sur les salariés du secteur public et privé. La contribution des personnes physiques non salariées (commerçants, entrepreneurs exerçant à titre individuel, professions libérales) est remarquablement très faible18 . 15 Bulletin mensuelle des statistiques des finances publiques de la TGR pour les mois de décembre 2011 et décembre 2012. 16 Projet de loi de finances pour l’année budgétaire 2013, rapport économique et financier. 17 Bulletin mensuelle des statistiques des finances publiques de la TGR pour le mois de juillet 2013. 18 L’opinion du 26/12/2010 consulté le 17/08/2013
«
LA CATEGORISATION FISCALE
AU MAROC
ANALYSE DES RISQUES ET
CONDITIONS DE REUSSITE
Etablissement d’accueil : Direction Générale des Impôts
Tutrice : Mme Saida GUELLIDA
de catégorisation des entreprises
et
Directrice préfectorale des impôts de SKHIRAT-
TEMARA INSTITUT SUPERIEUR DE
L’ADMINISTRATION
9 ÈME
PROMOTION
- Encadré par :
M.
Mostafa RHOMARI , Professeur à l’ISA
M.
Abdelahad FASSI FEHRI , Consultant
Préparé par le Binôme :
Mlle.
Karima HANINI, Elève à l’ISA
Mme.
Samira EL BAKKOURI, Elève à
l’ISA.
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