Quelles sont les formes empruntées par l'apologue au cours de l'histoire ?
Publié le 21/12/2021
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Quelles sont les formes empruntées par l'apologue au cours de l'histoire ?
L'auteur grec Ésope (vi6 siècle av.
J.-C.) est le premier grand écrivain à pratiquer
l'apologue dans des fables en prose.
En France, la Renaissance voit fleurir le genre de
l'utopie, tandis qu'au XVIIe siècle, La Fontaine publie ses Fables.
Par la suite, le siècle
des Lumières a fréquemment recours à la fiction didactique dans les contes
philosophiques (Voltaire en est un bon exemple), et la nouvelle, au XIXe siècle, joue
parfois ce rôle.
Enfin, au XXe siècle, certains récits de science-fiction s'apparentent
l'apologue : ainsi, Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley avertit les hommes des
risques qu'ils courent à trop jouer avec les lois de la nature.
Quels sont les rapports entre narration et argumentation ?
Comme un essai ou un texte purement argumentatif, l'apologue cherche à convaincre, à
délivrer un enseignement ou à faire réfléchir, mais de manière détournée : c'est le récit
qui est chargé de mettre en scène des idées et des valeurs.
L'argumentation s'exprime à
travers une fiction allégorique, ce qui permet d'incarner des principes abstraits dans des
personnages qui en retirent une valeur symbolique : dans la fable de La Fontaine « Le
Loup et l'agneau », les deux personnages incarnent de façon immédiatement perceptible
le principe du mal et celui de l'innocence ; au-delà de cette dichotomie, le lecteur doit
s'efforcer de décrypter la scène afin d'en comprendre les enjeux plus vastes.
En principe,
la visée pédagogique de l'apologue impose que les situations narratives illustrent sans
ambiguïté les valeurs morales défendues par l'auteur.
Toutefois, un texte véritablement
littéraire ne saurait se satisfaire de cette simplicité ; le jeu peut être alors de créer le
doute dans l'esprit du lecteur, de prendre quasiment le parti du loup contre l'agneau, ou
d'employer l'ironie, comme Voltaire dans Candide.
Le lecteur averti doit donc se tenir sur
gardes et prêter attention aux symboles un peu trop évidents.
Telle est en effet la différence principale entre une argumentation directe et une
argumentation rendue indirecte par la fiction : il ne peut y avoir de stricte équivalence
entre les deux, car toute situation fictive, toute symbolisation, rend l'interprétation à la
fois plus difficile et plus stimulante.
Quelles sont les fonctions de l'apologue ?
L'apologue remplit les deux fonctions classiques de la littérature selon l'auteur latin
Horace : instruire et plaire.
Les premiers apologues de l'ère chrétienne sont les paraboles
des évangiles, dans la Bible : la fiction permet de faire comprendre au lecteur ce qui
pourrait lui sembler trop abstrait ou obscur.
De même, la tradition chrétienne au Moyen
Âge transmet un enseignement moral à travers le genre de l'exemplum, récit des actions
et des paroles de personnages célèbres et dignes d'être imités.
Les écrivains des Lumières ont fréquemment eu recours à l'apologue dans un but de
critique du pouvoir et des institutions.
La fiction permet en effet de contourner plus
facilement la censure en offrant un premier niveau de lecture tout à fait inoffensif, qui
peut s'avérer très subversif lorsqu'il est interprété.
L'apologue prend alors une nouvelle
dimension : son objectif n'est pas de délivrer un message unique, mais d'inciter le lecteur
à la réflexion.
La fonction ludique ne doit pas être oubliée, pour autant.
Si l'apologue est préféré à
l'essai austère, c'est parce qu'étant plaisant, il retient davantage l'attention et permet de
s'adresser au plus grand nombre.
En tant qu'oeuvre littéraire, il est aussi conçu pour
procurer un plaisir esthétique.
Les Fables de La Fontaine sont d'ailleurs moins lues
aujourd'hui pour la morale que l'on peut en tirer que pour leur inventivité littéraire.
Qu'est-ce que l'utopie littéraire ?
Le mot « utopie » vient du grec u topos, qui signifie « lieu qui n'existe pas » ; il désigne,
en littérature, l'évocation d'un lieu imaginaire, d'une société idéale qui, par contraste
avec la société réelle, doit faire réfléchir le lecteur sur le monde qui l'entoure.
L'Utopie de
Thomas More (1516) est l'ouvrage fondateur de ce genre.
À partir du XIXe siècle, le mot
désigne une « idéologie politique ».
On peut qualifier de « contre-utopies » les représentations littéraires d'une société
sombre et noire, telle celle dépeinte par George Orwell dans son roman 1984..
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