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Que pensez-vous de cette opinion de Jean Giraudoux : « Le spectacle est la seule forme d'éducation morale ou artistique d'une nation. Il est le seul moyen par lequel le public, le plus humble et le plus lettré, peut être mis en contact avec les plus hauts conflits. » ?

Publié le 16/05/2020

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Que pensez-vous de cette opinion de Jean Giraudoux : « Le spectacle est la seule forme d'éducation morale ou artistique d'une nation. Il est le seul moyen par lequel le public, le plus humble et le plus lettré, peut être mis en contact avec les plus hauts conflits. » ? Ce document contient 1838 mots soit 4 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Philosophie.

« Que pensez-vous de cette opinion de Jean Giraudoux : « Le spectacle est la seule forme d'éducation morale ou artistique d'une nation.

Il est le seul moyen par lequel le public, le plus humble et le plus lettré,peut être mis en contact avec les plus hauts conflits.

» Cette réflexion est tirée d'un Discours sur le théâtre prononcé le 19 novembre 1931 au banquet de l'Associationparisienne des anciens élèves du lycée de Châteauroux.

La voici rétablie dans son intégrité et dans son contexte.La question du théâtre et des spectacles, qui a joué un rôle capital et parfois décisif dans l'histoire des peuples, n'arien perdu de son importance à une époque où le citoyen voit se multiplier, du fait de la journée de huit ou de septheures, son temps de loisir et de distraction.

Le spectacle est la seule forme d'éducation morale ou artistique d'unenation.

Il est le cours du soir valable pour adultes et vieillards, le seul moyen par lequel le public le plus humble et lemoins lettré peut être mis en contact personnel avec les plus hauts conflits, et se créer une religion laïque, uneliturgie et ses saints, des sentiments et des passions.

Il y a des peuples qui rêvent, niais pour ceux qui ne rêventpas, il reste le théâtre.

La lucidité du peuple français n'implique pas du tout son renoncement aux grandesprésences spirituelles.

Le culte des morts, ce culte des héros qui le domine prouve justement qu'il aime voir degrandes figures, des figures proches et inapprochables jouer dans la noblesse et l'indéfini sa vie humble et précise.Son culte de l'égalité aussi est flatté par ce mode d'égalité devant l'émotion qu'est la salle de théâtre au lever durideau, égalité qui n'est surpassée que par celle du champ d'épis avant la moisson.

S'il n'est admis qu'une fois paran, au coeur de notre fête officielle, dans la matinée gratuite du 14 juillet, comme il convient à notre démocratie, àvivre quelques heures à l'Odéon ou à la Comédie-Française, avec les reines et les rois, avec les passions reines etles mouvements rois, croyez bien qu'il n'en est pas responsable.

Partout où s'ouvre pour lui un recours contre labassesse des spectacles, il s'y précipite.

Dans les quelques lieux sacrés que n'a pas gâtés la lèpre du scurrile et dufacile, des masses de spectateurs, sortis de toutes les classes de la population s'entassent, et écoutentrespectueusement -- peu importe qu'ils en comprennent le détail puisque le tragique agit sur eux en cure d'or et desoleil, — la plus hermétique des oeuvres d'Eschyle ou de Sophocle.

(Dans Littérature, p.

233-234, Grasset 1941.) INTRODUCTION. — Généralement, on va au spectacle pour se distraire.

Certains ont aussi pour but de s'instruire : ils désirent connaître un film ou un drame dont on parle, assister à la représentation d'une pièce classique qu'ils ontétudiée pour la préparation d'un examen...

Sauf exception assez rare, on ne va pas au théâtre ou au cinéma en vuede sa formation artistique et moins encore en vue de sa formation morale.Le résultat, il est vrai, n'est pas nécessairement celui qu'on cherche.

Venu pour se distraire, le spectateur peul;aussi s'instruire, recevoir de hautes leçons pratiques et repartir avec un goût plus affiné, des sentiments plusgénéreux.

Mais il faudrait être bien optimiste pour assurer qu'il en est toujours ainsi.C'est pourquoi on est passablement surpris de lire cette affirmation de GIRAUDOUX : « Le spectacle...

» Nous dironsd'abord les causes de cette surprise et ensuite chercherons à voir ce qui semble justifier l'opinion soumise à notrejugement. I.

— CE QU'IL Y A D'EXCESSIVEMENT EXAGERE... 1.

Le spectacle constitue souvent une contre-éducation. — Qu'il puisse y avoir un théâtre éducatif, on ne saurait le contester et nous dirons en terminant d'où vient sa puissance éducative.

Ce qui nous choque dansl'affirmation de GIRAUDOUX c'est qu'elle soit formulée sans réserve et semble en quelque sorte canoniser le théâtreen lui-même.Coupée de son contexte, la phrase soumise à notre jugement n'exprime pas, il est vrai, l'opinion de celui qui l'aécrite.

Il suffit de poursuivre un peu plus loin la lecture de son Discours sur le théâtre pour rencontrer des parolessévères sur les scènes parisiennes : « Il s'agit de plaire, par les moyens les plus communs et les plus vils.

»Giraudoux songe à un spectacle visant beaucoup moins à fournir au spectateur moyen le divertissement qu'il vient ychercher qu'à réaliser un type idéal.Malheureusement ce n'est d'ordinaire qu'un idéal de beauté que vise le dramaturge.

Il croirait déchoir en faisantoeuvre d'édification.

Pratiquant le principe de l'art pour l'art, il lui arrive de produire des pièces amorales ou mêmeimmorales.Il est vain d'arguer que l'art purifie tout.

Cette purification, dans la mesure où elle est réelle suppose une cultureartistique qui manque au « public » dont parle Giraudoux.

Chez l'homme cultivé lui-même, la fréquentation desspectacles entretient souvent un climat moral délétère.

En effet, c'est la passion de l'amour qui fournit les thèmesles plus ordinaires du dramaturge.

Dans ses célèbres Maximes sur la Comédie, BOSSUET se fait cette objection: «Mais tout cela, dira-t-on, parait sur nos théâtres comme une faiblesse.

» Il lui est facile d'y répondre : « Je le veux: mais il y paraît comme une belle, comme une noble faiblesse, comme la faiblesse des héros et des héroïnes; enfincomme une faiblesse si artificieusement changée en vertu, qu'on l'admire, qu'on lui applaudit sur tous les théâtres etqu'elle doit faire une partie si essentielle des plaisirs publics, qu'on ne peut souffrir de spectacle ou non seulementelle ne soit, mais encore où elle ne règne et n'anime toute action.

»De même, à un âge qui ne s'intéresse pas encore aux intrigues amoureuses, les spectateurs du théâtre demarionnettes prennent beaucoup plus de plaisir à voir rosser le gendarme qu'à assister an triomphe des défenseursde l'ordre.D'ordinaire, ce n'est donc pas aux nobles aspirations de l'homme que fait appel le théâtre.

On ne peut donc voir enlui qu'un médiocre éducateur. 2.

Le spectacle n'est pas le seul moyen d'éducation. — Plus excessive encore l'affirmation répétée qui fait du. »

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