Que penser de cette formule de Paul Valéry: Deux dangers ne cessent de menacer le monde: l'ordre et le désordre ?
Publié le 16/05/2020
Extrait du document
«
Analyse du sujet : Il n'est pas nécessaire dans un tel sujet de comprendre la citation de Valéry en rapport aux thèmes abordésdans ses écrits.
On ne vous demande pas de connaître la pensée complexe de Paul Valéry, ni son intentionexacte, il suffit de savoir que c'est un poète français du début du XX ème siècle.
L'important est de réfléchirsur la formule, sur le choix de chaque terme et d'en fournir une interprétation.Paul Valéry affirme que deux menaces pèsent sur le monde, deux menaces qui sont antinomiques : le désordreest en effet le contraire, l'opposé de l'ordre.
Mais cette opposition ne signifie pas qu'il y ait une alternativeradicale entre un ordre pur et un désordre pur, le monde au contraire semble se tenir entre ces deux écueils.Le désordre total serait l'absence de tout ordre, un chaos sans distinctions, sans différenciations.
Il fautcependant bien distinguer l'ordre politique et social, de l'ordre du monde en général dont il n'est qu'une partie.S'il n'y avait pas d'ordre dans la nature, aucune connaissance, aucune action ; aucune vie ne serait possible.Un tel désordre serait par ailleurs inconcevable.Le désordre n'est pas nécessairement absence totale d'ordre, mais un défaut d'ordre, un déficit.
L'ordre produitdes distinctions, des différenciations : mais il ne se contente pas de différencier, il ordonne cettedifférenciation, il crée un ensemble de liens entre les divers éléments, c'est donc un principe d'union qui lie lesdistinctions.
Le désordre est une remise en cause de ces différenciations, il n'est qualifié de désordre qu'enrapport à l'ordre auquel il s'oppose.Dans la citation de Valéry, l'article défini « le » (désordre) et « l' » (ordre) indique qu'il n'est pas question de telou tel ordre, de tel ou tel désordre mais de l'ordre ou du désordre en général quelque chose de commun à toutexcès d'ordre et à tout défaut d'ordre.
Problématisation : Les deux menaces qui pèsent sur le monde sont, d'après la formule de Valéry, toujours présentes, latentation de l'ordre et du désordre sont donc des écueils permanents de toute organisation, et particulièrement del'organisation sociale.
L'ordre fige, il structure, le risque est que l'ordre soit funeste, il est une spatialisation sansdurée et donc sans vie.
Inversement, le désordre risque d'être un « devenir fou » pour reprendre une expression deGilles Deleuze, une sorte de mouvement perpétuel sans assises, sans valeurs, sans structures.
Il faudra, dans cesujet, saisir la différence entre les deux menaces.
Comment le monde se tient-il entre ces deux principes ? Ledanger du désordre et de l'ordre sont coextensifs, le monde est pris dans un étau ; il faudra montrer que cesmenaces sont réelles, notamment par des exemples historiques.
Comment prévenir de telles menaces ? 1.La menace du désordre.
a) Tout ordre est mortel, l'histoire nous enseigne combien sont précaires les civilisations, les empires que l'on a pu croire en leur temps immortels.
L'effondrement de l'Empire romain par exempletémoigne de la précarité de tout ordre, l'Histoire est un processus qui bouleverse les ordres établis etce, de manière violente, mais en réalité la révolution n'apparaît pas d'un seul coup, celle-ci a pu êtreportée par des idées, ralentie, étouffée ou accéléré, elle était en marche à partir du moment oùl'ordre politique était en contradiction avec les idées.
Si un ordre est mortel, c'est qu'en lui est inclusun certain désordre, des contradictions, des tensions.
La révolte, la guerre civile existent dans unecertaine mesure avant que leur éclat les rendent incontestables. b) Le défaut d'ordre, en quoi réside le désordre, ne semble pas pour autant pouvoir tenir.
Il semble en effet que le moment de désordre entendu comme une violence est peu durable et, l'Histoirenous l'apprend, celui-ci est suivi d'une réaction autoritaire.
La peur du désordre, par ceux qui sontsitués dans un ordre, désigne aussi la peur de ceux que l'on a nommés les indigents. c) La menace du désordre est une justification courante du pouvoir.
Pour Hobbes, dans le Léviathan, les hommes sont à l'état de nature dans une guerre de chacun contre chacun.
L'état de nature désigne non pas un état originel de l'homme, mais l'état du monde en l'absence de tout artificepolitique.
Les désirs des hommes aussi bien que leur raison portent les hommes au conflit car ils nepeuvent compter sur aucune force instituée pour garantir leur sécurité.
Or toute la démarche deHobbes tient sur ce que l'état de nature ainsi décrit comme un état de guerre est le pire étatpossible.
Mieux vaut selon Hobbes le pire des tyrans qu'une absence totale de souverain.
Bien sûr leLéviathan consiste à édifier une structure politique conçue de telle manière qu'elle permette de régler ce problème de le guerre.
Mais, si l'on refuse que l'état de guerre soit le pire état qui soit, ou quel'état de nature soit un état de guerre alors on peut remettre en cause la légitimité d'un ordre : l'ordredoit-il être préserver à tout prix ? .
2.L'ordre à tout prix ?a) L'excès d'ordre pourrait-il être pire qu'un défaut d'ordre ? L'excès d'ordre se donne à voir dans ce qui le maintient.
Pour qu'un ordre s'impose, il faut user de la répression.
L'ordre est aussi rendu.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- "Prendre dans un monde, et plonger tout à coup dans un autre, quelque être bien choisi, qui ressente fortement tout l’absurde qui nous est imperceptible, l’étrangeté des coutumes, la bizarrerie des lois, la particularité des mœurs, des sentiments, des croyances dont s’accommodent tous ces hommes parmi lesquels le dieu tout-puissant qui tient la plume l’envoie brusquement vivre et ne cesse de s’étonner, - voilà le moyen littéraire" En quoi cette citation de Paul Valéry est-elle représen
- « Presque tous les arguments contre Voltaire s'adressent, en somme, au trop d'esprit qu'il eut. Puisqu'il avait tant d'esprit, il était donc superficiel. Puisqu'il avait trop d'esprit, c'est donc qu'il manquait de coeur. Tels sont les jugements du monde. » (Paul Valéry.) Vous discuterez ce « jugement du monde », en vous fondant sur la connaissance que vous avez de la vie et de l'oeuvre de Voltaire.
- Sujet: « Que l'on soit un homme ou un texte, écrit Paul Valéry, quelle plus grande gloire que exciter les contradictions ? » Vous expliquerez et vous apprécierez cette formule en vous appuyant sur les textes du corpus et sur les oeuvres, essais, apologues, dialogues, que vous avez étudiées.
- Paul VALÉRY, Regards sur le monde actuel (1945) - commentaire : pour Valéry, la grande ville est un lieu « riche d'imprévu, qui engendre à l'imagination toutes les promesses de l'incertain. Chaque grande ville est une immense maison de jeux». Partagez-vous cette vision des grandes métropoles?
- « Que l'on soit un homme ou un texte, écrit Paul Valéry, quelle plus grande gloire que exciter les contradictions ? » Vous expliquerez et vous apprécierez cette formule en vous appuyant sur les textes du corpus et sur les oeuvres, essais, apologues, dialogues, que vous avez étudiées.