Que nous apprend l'histoire littéraire sur la vie de l'oeuvre ?
Publié le 21/12/2021
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«
S’élevant contre les œuvres du passé et la fixité d’une pensée « révolue », Antonin
Artaud s’élève du même coup, non seulement contre l’ancienne tradition littéraire mais
encore contre l’impact négative que ces œuvres peuvent avoir sur l’écrivain moderne (et
par extension sur le lecteur).
Selon ce théoricien du XX esiècle, la survivance ou plutôt l’imitation du passé est
vraisemblablement nuisible à la qualité de l’ œuvre littéraire.
Son jugement soulève
différentes questions : que nous apprend l’histoire littéraire sur la vie de l’ œuvre ?
L’émergence d’une nouvelle façon de concevoir est-elle inhérente à sa valeur ou est-ce la
conséquence d’une époque? Enfin de quels autres éléments peut-elle encore dépendre ?
Le renouvellement du genre littéraire : moteur de l’écriture d’hier et
d’aujourd’hui
Il est nécessaire de souligner dans un premier temps que la formule employée par
Antonin Artaud rappelle sensiblement la Querelle des Classiques et des Modernes.
L’écrivain semble relancer et prolonger ce débat né au terme du XVII esiècle, qui opposaient
autrefois les Anciens, (menés par Boileau), aux Modernes (représentés par Charles
Perrault).
Les premiers soutenaient une conception très particulière de la création littéraire
comme simple imitation des auteurs de l’Antiquité –Racine a par exemple choisi des sujets
antiques anciennement traités par les tragédies grecques pour ses propres pièces,
notamment La Thébaïde ,Andromaque ou Phèdre – les seconds quant à eux défendaient le
mérite des auteurs contemporains et affirmaient au contraire que la création littéraire
devait être innovante.
Les hostilités furent ainsi déclenchées à la lecture d’un poème de
Perrault.
Le dit poème fait l’éloge du XVII esiècle, époque idéale, et remet en cause le
modèle Antique : « La docte Antiquité dans toute sa dureté/ À l’égal de nos jours ne fut
point éclairée ».
(Charles Perrault, Le siècle de Louis le Grand ).
Face à un tel débat (peut-
être sans fin), il devient légitime de se poser la question de la valeur que chaque écrivain
accorde à l’ œuvre selon son époque, selon ses influences…
On ne considérait pas la nouveauté comme étant bonne par le passé.
Or de nos
jours, ce type de critère est retenu pour juger la qualité d’une œuvre.
On porte de l’intérêt
à une œuvre parce qu’elle est nouvelle.
De ce fait, et à en croire les différents mouvements
qui vont apparaître tels que le dadaïsme, le surréalisme, l’absurde ou encore le nouveau
roman, le XX esiècle est enclin à préférer l’innovation à la tradition.
Les temps changent et
les mentalités évoluent.
Il y a donc eu un grand nombre de prédécesseurs avant Artaud, qui ont manifesté
ce besoin d’offrir à l’ œuvre un renouvellement de la forme et du fond.
Dès lors, il est sans
doute raisonnable d’affirmer qu’Antonin Artaud se réapproprie, à sa manière, une pensée
déjà établie des siècles plus tôt.
Au XX esiècle l’imitation du passé est considérée comme
une faiblesse et non comme une valeur.
Il est intéressant de s’interroger sur les causes de
« la mort et de la transfiguration de la littérature » qui caractérisent nettement l’époque
moderne.
L’œ uvre : reflet d’une vision du monde
L’Histoire des modifications est en partie due à un événement marquant, à savoir
une rupture celle de la révolution de1789.
Cette date est symboliquement très forte–
changement de rythme politique, décapitation du roi, fin de l’Ancien Régime…–la réalité a
donc introduit une nouveauté radicale sur beaucoup de plan.
Les Mémoires d’outre-tombe
récit autobiographique et histoire de Chateaubriand représente cette fracture très concrète.
Une grande partie de sa famille fut décapitée, il vécut donc dès l’âge de trente ans dans
un monde étranger à celui qui l’avait vu naître.
Ainsi à l’image de l’existence de l’écrivain,
les changements dans le panorama littéraire vont être considérables.
En effet il existe
probablement un véritable lieu de simultanéité entre les bouleversements artistiques et
politiques.
La guerre est un fait marquant du XX esiècle (la France ne sera en paix qu’en
1962), elle est à la base de cette écriture moderne–Grande guerre, Guerre d’Espagne,
Seconde guerre mondiale, décolonisation–construisent et déconstruisent l’homme.
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