Que m’apprend le comportement d’autrui ?
Publié le 07/12/2022
Extrait du document
«
L'expérience quotidienne me montre avec acuité que l'autre, par sa différence, me bouscule dans
mon être, car sa présence ne me laisse jamais indifférent.
Autrui est un autre moi-même, c'est-à-dire
celui qui est à la fois comme moi et autre que moi.
En termes platoniciens, autrui entrelace le même
et l'autre.
Ce caractère d'autrui semble fondamental lorsque l'on s'interroge sur sa capacité à
apporter une connaissance, une vérité sur soi-même ou bien une prise de conscience.
Rencontrer
autrui, suppose donc la vie en communauté, ce sont les autres hommes dans leur ensemble.
Ainsi
leurs comportements, l’ensemble des réactions observables chez un individu placé dans son milieu
de vie et dans des circonstances données, interfèrent avec «moi».
C'est cet entrelacement du même
et de l'autre en autrui qui fait l'objet d'un questionnement philosophique.
Que m’apprend le
comportement d’autrui ? Nous verrons ainsi que la présence d’autrui permet de prendre conscience
de notre existence, qu’autrui favorise la connaissance et la définition de soi, et enfin que l’ensemble
des faits et gestes d’autrui nous apprend à vivre en société.
Autrui suscite des réactions en nous, qui permettent la conscience de soi, de se découvrir en
tant qu'homme qui ressent des sentiments et des émotions.
Il peut provoquer en nous la colère, la
jalousie, la pitié, la tristesse, etc.
Ces sentiments éprouvés nous révèlent ce que l'on est sur le plan
psychologique, moral, sentimental et dévoilent notre caractère.
Autrui apparaît ainsi comme un
miroir, reflétant ce que je suis.
Chacun a besoin des autres pour se connaître car eux seuls semblent
pouvoir nous révéler à nous même tel que l'on est.
C'est eux qui voient en moi un personnage que je
ne vois pas.
Cette déduction nous permet d'affirmer que la conscience de soi suppose entièrement
autrui.
De plus, savoir que l'on existe ne suffit pas.
On a besoin d'autrui pour se sentir exister.
Nous
avons besoin de l'autre pour vivre et s'épanouir, prendre conscience de la réalité et du monde qui
nous entoure.
Que serait la conscience de soi si l'on n'avait jamais côtoyé autrui ? On ne pourrait pas
extérioriser ses pensées, ne ressentirait pas ces sentiments ou émotions suscitées par autrui et nous
ne saurions pas quelle personne nous sommes finalement.
On ne connaîtrait pas l'amour par
exemple.
On ne serait pas réellement conscient de soi en fin de compte.
Nous saurions que l'on vit,
que l'on respire, que l'on n'est pas encore mort ; mais on ne ressentirait pas cette vague de vitalité
qui nous submerge chaque fois que l'on éprouve un sentiment, une émotion.
C'est dans cette
perspective que la conscience de soi suppose autrui.
Autrui me renseigne sur moi-même, et me
permet de savoir qui je suis.
Autrui n'agit pas seulement comme guide de nos sensations et nos pensées, il nous réveille la
conscience comme par exemple la conscience d'être une personne distincte, qui appartient à telle ou
telle classe sociale et qui se comporte de telle ou telle façon.
En outre, avant toute connaissance de
soi, il faut déjà fonder ce soi-même en tant que tel c'est-à-dire avoir une conscience de soi.
Il y a la
certitude de mon existence en tant que conscience, cependant cette certitude ne peut être une vérité
objective, seulement si elle existe aux yeux d'autrui.
Donc c'est en existant aux yeux d'autrui, que chacun existe pour soi-même, ainsi chaque homme a
besoin d'un autre homme pour certifier son existence.
Il faut alors deux consciences pour que
chacun déclare l'existence de l'autre.
Ce qui signifie que c'est à travers « autrui » qu'on existe.
Hegel
dans son œuvre Phénoménologie de l'Esprit adhère à cette thèse et affirme que cette conscience de
soi s'appuie nécessairement sur la reconnaissance d'un autre moi, d'autrui.
Il faut que je reconnaisse
autrui comme tel, libre et différent de moi pour que je puisse avoir conscience de moi-même.
Autrui
est donc la condition de possibilité de la conscience de soi.
Ainsi, la conscience est conscience
seulement si elle est reconnue par d'autres comme telle.
Dans la pensée de Hegel, l'humanité ne
nous est pas donnée à la naissance, au contraire, elle est gagnée si nous voyons autrui nous
l'accorder, car c'est lui qui me donne le statut d'être humain.
Il faut donc le miroir de l'autre pour que
la conscience de nous même ne soit pas une illusion et qu’il m'apporte une vérité sur moi-même,
celle de me connaître comme sujet, mais l'on peut dire que c'est ma relation à autrui, et non autrui
lui-même, qui est la source de cette vérité.
Selon Lévinas (Éthique et infini), c'est la reconnaissance d'autrui en tant que tel, en tant
qu'autre et semblable, qui m'apporte une vérité éthique en me faisant prendre conscience de ma
responsabilité envers lui.
Autrui m'apparaît comme un visage vulnérable, qui me rappelle à ma
responsabilité.
Cette vérité, qui me constitue comme véritable être humain, ne m'apparaît donc pas
en cherchant à m'imposer à l'autre pour être reconnu par lui, mais en reconnaissant l'autre : en ce
sens, je ne dois pas attendre passivement qu'autrui me délivre une vérité sur moi-même, mais je dois
prendre en compte la fragilité de l'autre pour me découvrir comme sujet éthique, c'est-à-dire sujet
humain.
La vérité que me délivre autrui est que je suis un être qui existe dans ma relation de
responsabilité avec d'autres sujets humains.
C'est bien à travers autrui et sa relation, que l'existence de la conscience est affirmée.
Il a un rôle
important dans notre existence et sur l'existence même de notre conscience.
Autrui nous permet de nous connaître, de nous guider et nous faire évoluer à travers le
temps.
Sans autrui, l'Homme ne connaîtra pas ses qualités et ses défauts, ses désirs, ses envies,
puisque c'est autrui qui guide nos goûts et c'est lui-même qui nous dévoile ce que nous sommes.
Comme l’indique Sartre dans L’être et le Néant, autrui nous permet de ressentir des choses, comme
la honte, et nous permet de prendre connaissance de certains sentiments.
Autrui et moi sommes semblables, car autrui partage les même attributs que moi.
Mais les
choix qu'autrui fait dans sa vie est ce qui le différencie de moi.
En effet, il n'y a scientifiquement
aucune réelle différence entre autrui et moi mis à part le fait qu'autrui peut avoir une origine
différente de moi, cela suggère alors un autre type de socialisation au monde.
Il peut aussi avoir des
croyances différentes de moi, pouvant alors voir le monde différemment.
Lorsque l'on rencontre
autrui, tout ces attributs qui diffèrent de ce que l'on connaît peuvent nous influencer et nous aider à
nous remettre en question.En effet, autrui peu nous éveiller intellectuellement par le partage de la
connaissance de son propre monde.
Ainsi, quand deux individus se rencontrent, deux mondes
différents entre en collision.
Même si nous avons des points communs dans notre éducation ou notre
sociabilisation au monde, il y a toujours des différences aussi minimes soient elles.
On peut penser
l’autre comme étant une personne venant d'un monde parallèle à nous.
Autrui peut ainsi avoir
intériorisé, lors de son éducation, des normes d'une société différentes de celles qui règlent la nôtre.
Prenons l'exemple d'une personne dont les parents sont issus de l'immigration d'un pays avec
d'autres valeurs qu'en France.
Il aura appris, par le biais de ses parents, certaines valeurs de son
pays.
Ainsi, cela va se refléter dans son caractère.
Si j’entre en contact avec cette personne, je
pourrais ainsi avoir accès à un avant-goût des valeurs d'une culture étrangère.
Je vais pouvoir
m'éveiller intellectuellement car ces valeurs nouvelles vont m'amener à me poser des questions sur
ce que je connais et sur ce qui est correct éthiquement parlant.
Autrui va ainsi m’aider à me
connaître car il va me pousser hors de mes limites et m’aider à m'ouvrir au monde.
En faisant ça,
j’aurais l'opportunité d'apprendre ce que l’autre aime réellement et je pourrais questionner ce qui
m'entoure.
L’'Homme a besoin d'autrui pour se connaître, d'un autre lui-même pour lui refléter ce qu'il
est vraiment.
Aristote emploiera lui le mot "ami" pour définir celui qui nous apprendra à nous
connaître, et illustrera son idée en disant qu'il est impossible de se connaître mieux qu'autrui.
On
rencontre cette fatalité notamment quand nous faisons des reproches à des personnes, et qu'un jour
nous reproduisons les mêmes erreurs sans nous en rendre compte, il dira " la connaissance de soi est
un plaisir qui n'est pas possible sans la présence de quelqu'un d'autre qui soit notre ami".
S'il faut alors pouvoir observer pour connaître, il est indéniable qu'a force d’expériences avec autrui
nous ayons une connaissance de lui très forte.
Nous observons ses réactions, à des faits ou paroles,
que l'on enregistre et qui reviennent lorsque l'on a besoin de prévoir une réaction, ou encore
lorsqu'il arrive que la personne s'exprime mal, et que nous arrivons quand même à comprendre le
sens de ce qu'il a voulu nous dire.
A l’inverse, autrui, par ses expériences avec mon moi, détient
forcément une connaissance de moi élevée.
Si l'on admet maintenant qu'autrui a effectivement une grande connaissance de nous-mêmes,
est-il en revanche la cause de ce que je suis ? Est-ce que sans lui mes réactions ou traits de
caractères seraient identiques ? On peut se demander si au contact d'une personne, cette dernière
n'influence pas nos choix de vies.
Il est possible que l'on ait envie de copier et de s'identifier à une
personne qui nous plaît, ou justement de se s’opposer à personne que l'on pourrait détester.
On peut
se croire amoureux ou bien désireux de quelque chose, alors que nous somme sous l'emprise de
pulsion que nous provoque autrui par la jalousie.
Si l'on croit ses hypothèses, autrui en plus de nous
connaître, forge celui que nous sommes, et devient indispensable aux développements de nos idées
et traits de caractères.
Plus concrètement, pour savoir si autrui à réellement ce pouvoir sur «moi», on pourrait....
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