Quand l'amour parle, il est le maître, et il parlera. Marivaux
Publié le 16/05/2020
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Quand l'amour parle, il est le maître, et il parlera.
Marivaux
La comédie des Fausses confidences, d'où est extraite cette phrase (fin de la scène 2 de l'acte I), a été représentée en 1737, au Théâtre-Italien, pour la première fois.
Dernier chef-d'oeuvre de Marivaux (1688-1763), Les Fausses confidences mettent fin à la période de pleine maturité.
L'auteur de La Surprise de l'amour (1722), de La Double inconstance (1723), du Jeu de l'amour et du hasard (1730), du Triomphe de l'amour (1737), n'écrira plus ensuite que quelques pièces en un acte et, de 1746 à 1757, il s'éloignera même du théâtre.
En 1737, les représentations de cette comédie ont reçu du public un accueil très réservé : il faut attendre un demi-siècle pour que l'on découvre enfin la qualité de ce chef-d'oeuvre.
Du reste, il n'y a guère plus d'un siècle — depuisla fin du XIX' siècle — que l'on apprécie l'originalité du théâtre de Marivaux.
Dans Les Fausses confidences, de même qu'auparavant dans La Surprise de l'amour (1722) et dans La Seconde surprise de l'amour (1727), Marivaux choisit une jeune veuve comme protagoniste de sa comédie, en l'occurrence Araminte.
L'intrigue de cette pièce tient en peu de mots.
Araminte prend à son service un intendant — personne de confiance chargée d'administrer sa maison, ses biens etses affaires — qu'elle choisit sur sa belle apparence : Dorante.
Mais elle ne sait pas que Dorante l'aime follement;c'est grâce aux manoeuvres de Dubois, valet mais aussi confident, complice et ami, que Dorante sera introduit chezla jeune veuve et parviendra très vite à vaincre les résistances de cette dernière et à se faire épouser d'elle, malgrél'opposition de l'entourage.
Ruiné mais amoureux — et d'une riche veuve —, Dorante compte entièrement surl'entregent de Dubois pour se faire agréer d'Araminte.
Dans la scène qui nous occupe (scène 2, acte I),Dorante est sur le point d'être présenté à la veuve etdoute de réussir mais Dubois, lui, est sûr de son faitet lui promet un infaillible succès.
Stratège omniscient, Dubois considère avec précisionet sang-froid les fins et les moyens du combatamoureux qui s'engage :
«DORANTE.
— Je l'aime avec passion, c'estce qui fait que je tremble!
DUBOIS.
— Oh! vous m'impatientez avecvos terreurs : eh que diantre! un peu deconfiance; vous réussirez, vous dis-je.
Jem'en charge, je le veux, je l'ai mis là; noussommes convenus de toutes nos actions;toutes nos mesures sont prises; je connaisl'humeur de ma maîtresse, je sais votremérite, je sais mes talents, je vousconduis, et on vous aimera, touteraisonnable qu'on est; on vous épousera,toute fière qu'on est, et on vous enrichira,tout ruiné que vous êtes, entendez-vous?Fierté, raison et richesse, il faudra que toutse rende.
Quand l'amour parle, il est lemaître et il parlera : adieu, je vous quitte;j'entends quelqu'un, c'est peut-êtreMonsieur Remy; nous voilà embarqués,poursuivons.
(Il fait quelques pas et revient.) A propos, tâchez que Marton prenne un peu de goût pour vous.
L'amouret moi nous ferons le reste.
»
D'emblée, Dorante déclare à son ancien valet qu'il estpassionnément épris d'Araminte et son objectif paraîtêtre de l'épouser quand il prétend se faire engagercomme intendant.
Quels obstacles seraient susceptibles de faire échecà son projet ? Dubois les évoque : « fierté, raison etrichesse ».
Araminte possède «plus de cinquante mille livres de rente», soit près d'un million de nos francs,.
»
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