PROVENCEGordes, le Village-Noir.

« 1 / 2 PROVENCE Gordes, le Village-Noir 84 -Vaucluse Les pierres sèches Habitations, granges ou bergeries, les bories ont une longue histoire, qui remonte aux pre­ miers élans de bâtisseurs de nos ancêtres.

Après les grottes, les cavernes et autres abris naturels, après les huttes de bois et de bran­ chages, l'homme de l'âge de la pierre se dit qu'il était temps d'inventer un habitat solide et durable dont il pourrait choisir l'emplace­ ment.

Il inventa donc la borie, en se servant du matériau qu'il avait sous la main, des pierres plates (lauzes) non taillées.

Mais des pierres sèches, assemblées sans apport d'au­ cun mortier ou liant.

Une technique universelle Cette technique date du néolithique, donc de plusieurs millénaires avant notre ère ; et on en retrouve des traces en de nombreux sites du monde entier.

Ce sont des "broch" en Irlande, des "talayot" aux Baléares, des "nura­ ghe" en Sardaigne.

En France, on retrouve ce type d'habitat dans les régions calcaires, puisque c'est là qu'on trouve le matériau nécessaire à sa construction.

En Bourgogne, on parle de "loges" ou de "cadoles" ; dans le Bourbonnais, ce sont des "caves", dans le Velay des "chi bottes", en Auvergne des "cases", dans le Gard des "capitelles", etc.

Dans le Vaucluse, on trouve d'innombrables bories dispersées çà et là (Apt, Buoux, Bon­ nieux, Venasque, Ménerbes, Lacoste, etc.).

Construites et reconstruites Ne rêvons pas : que l'on soit au Village-Noir, près de Gordes -une des agglomérations de bories parmi les plus importantes de France - ou ailleurs, on n'admire pas des constructions ayant abrité les hommes de l'âge de la pierre (2 500 ans avant notre ère).

On pense généra­ lement que toutes les bories de ces époques reculées se sont effondrées, mais qu'elles ont été reconstruites et réparées au fil des siècles, et jusqu'à la fin du siècle passé, sur les mêmes modèles et selon les mêmes techniques.

Les bories ont des dimensions et des usages divers.

Elles ont un ou deux étages, une ou plusieurs pièces ; elles sont isolées ou regrou­ pées (il y en a plus de trois cents sur la com­ mune de Gordes), carrées, rectangulaires ou rondes, elles ont servi d'habitation, de grange, de bergerie, de pressoir, de moulin à huile ou à grain, de four à pain, elles ont une fausse voûte en ogive ou en carène.

Vocabulaire Le mot "borie" est propre au parler d'une région et, jusqu'à présent, on n'a pas trouvé d'explication satisfaisante à son étymologie.

On trouve certes des "orry" ou "harry" dans les Pyrénées­ Orientales, -mot dérivé de "horreum" signifiant "grenier" -mais on rencontre également le mot "borie" dans des régions où il n'y avait rien à récolter ou à engranger. 2 / 2. »