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Préparation à l’oral du baccalauréat de français Analyse linéaire n°4 - Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, 1990 (épilogue)

Publié le 18/06/2024

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« Préparation à l’oral du baccalauréat de français Analyse linéaire n°4 - Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, 1990 (épilogue) LOUIS Après, ce que je fais, Premier mouvement je pars Je ne reviens plus jamais.

Je meurs quelques mois plus tard, une année tout au plus. Une chose dont je me souviens et que je raconte encore (après j'en aurai fini) : Deuxième mouvement c'est l'été, c'est pendant ces années où je suis absent, c'est dans le Sud de la France. Parce que je me suis perdu, la nuit, dans la montagne, je décide de marcher le long de la voie ferrée. Elle m'évitera les méandres de la route, le chemin sera plus court et je sais qu'elle passe près de la maison où je vis. La nuit, aucun train n'y circule, je n'y risque rien et c'est ainsi que je me retrouverai. À un moment, je suis à l'entrée d'un viaduc immense, Troisième mouvement il domine la vallée que je devine sous la lune, et je marche seul dans la nuit, à égale distance du ciel et de la terre. Ce que je pense (et c'est cela que je voulais dire) c'est que je devrais pousser un grand et beau cri, un long et joyeux cri qui résonnerait dans toute la vallée, que c'est ce bonheur-là que je devrais m'offrir, hurler une bonne fois, mais je ne le fais pas ; je ne l'ai pas fait. Je me remets en route avec seul le bruit de mes pas sur le gravier Ce sont des oublis comme celui-là que je regretterai. Juillet 1990, Berlin Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, 1990 Cours - Antoine Beuzit Préparation à l’oral du baccalauréat de français Analyse linéaire n°4 - Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, 1990 (épilogue) ● INTRODUCTION Voir l’introduction faite lors du cours précédent et s’en inspirer pour la contextualisation. Seule différence: ici nous connaissons le dénouement de l’intrigue.

Louis n’a pas réussi a parlé à sa famille, ainsi ces derniers restent dans l'ignorance de sa mort à venir.

Louis repart donc seul avec son destin tragique et inéluctable.

Les conflits familiaux et les discordes auront pris le dessus sur l’envie de sincérité et les motivations de Louis.

Il n’aurait pas réussi à prendre son destin en mains comme il l’avait annoncé dans le prologue.

Il est en effet important de faire écho entre la première analyse faite sur le prologue, et ce que nous voyons ici avec l’étude du prologue.

L’enjeu de cette dernière analyse sera donc d’exposer la résolution du dénouement de l’intrigue.

Même s’il faut se focaliser sur l’épilogue pour réaliser cette analyse, il ne faut pas oublier qu’il représente le dénouement d’une histoire.

Il sera donc important dans cette introduction de replacer les éléments de contexte de l’intrigue et du début de la pièce. PROBLÉMATIQUE: Dans quelle mesure cet épilogue constituerait-il une mise en abyme (1) de l'œuvre ? 1.

Une mise en abyme (ou mise en abîme) est un effet de perspective qui consiste à placer à l’intérieur du récit principal un récit qui reprend plus ou moins fidèlement des actions ou des thèmes du récit principal. L’enjeux de l’étude linéaire sera alors d’identifier cette mise en abyme et d’en expliquer l’intérêt et le sens dans le récit.

Mais également pourquoi Jean-Luc Lagarce a décidé de placer cette mise en abyme dans l’épilogue et non dans le prologue.

Ce choix d’une mise en abyme dans l’épilogue de la pièce ne constituerait pas l’ouverture d’une boucle infinie dans la vie du protagoniste ? Quel effet cela produit-il chez le lecteur ? MOUVEMENTS ● Le premier mouvement : Un échec marqué par un départ, de “Après, ce que j’ai fait” (v.1) jusqu’à “(après j’en aurai fini)” (v.4). ● Le deuxième mouvement : La confidence d’un souvenir, de “c’est l’été” (v.5) jusqu’à “c’est ainsi que je me retrouverai” (v.14). Cours - Antoine Beuzit Préparation à l’oral du baccalauréat de français Analyse linéaire n°4 - Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, 1990 (épilogue) ● Le troisième mouvement : Le choix du silence ou Le mutisme incurable de Louis, de “A un moment” (v.15) jusqu’à “Ce sont des oublis comme celui-là que je regretterai” (v.28). Autoportrait du peintre autrichien Johannes Gumpp.

Représentation picturale d’une mise en abyme. ● ANALYSE Les précisions et explications supplémentaires sont écrites en bleu à la fin de chaque explication 1.

Premier mouvement: Un échec marqué par un départ du verset 1 au verset 4 V1-V2 : D'entrée de jeu, le complément circonstanciel de temps “après” s’inscrit dans le cadre du prolongement de l'œuvre.

Il met en scène les répercussions de toute l’intrigue de la pièce de théâtre, des actes et des scènes précédents.

Ainsi, la valeur cataphorique du démonstratif “ce” met en avant l’action à venir.

Elle définit en fait l’évolution du protagoniste qui passe d’un état de passivité décrit au niveau du prologue (qui subit la fatalité de sa mort) vers le dynamisme relayé par un champ lexical de l’action “fais”, Cours - Antoine Beuzit Préparation à l’oral du baccalauréat de français Analyse linéaire n°4 - Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, 1990 (épilogue) “pars” “reviens” (on imagine donc un avenir - même court - pour Louis).

D’ailleurs, le rejet “je pars” met en avant toute l’importance que requiert désormais ce départ.

Il semble être l’aboutissement de la crise mise en scène dans l'œuvre.

Louis n’a en effet pas réussi à dire la vérité à sa famille, mais prend lui-même la décision de partir, il ne reste pas passif face à cet échec. Le mot “après” introduit une idée de continuité.

L’épilogue, par définition, n’est pas censé continuer la pièce, comme le prologue, il est à part, ne fait pas partie du dénouement de l’intrigue.

Pourtant ici, il y a une forme de continuité, de futur, de poursuite car il y a la présence du complément circonstanciel de temps “après”.

On appelle cette notion en littérature française un appendice. Le champ lexical de l’action montre que Louis ne subit pas ce départ, il l’a choisi au regard de tout ce qu’il s’est passé dans sa famille et de son échec de communication. V.3- V.

4 : Par la négation totale “je ne reviens plus jamais”, Louis proclame l’impossibilité du retour.

Le tragique s’installe et inscrit le futur dans une seule certitude, celle de la mort.

La vie se renferme sur le protagoniste d’autant plus que l’accumulation des compléments circonstanciels de temps mène le temps vers l’accélération “plus jamais”, “quelques mois plus tard”, “une année tout au plus”.

La fin est imminente.

Mais cela n’empêche pas un attachement à la vie.

Louis sait qu’il va mourir, il s’est que pendant qu’il essayait de dire la vérité à sa famille, la mort se rapprochait de plus en plus. Il y a un énorme bond dans le temps entre le prologue et l’épilogue.

En effet, se sont écoulé plusieurs mois. 2.

Deuxième mouvement: La confidence d’un souvenir du verset 5 au verset 14 V.5-V.6 : Cet attachement ne tarde pas à retentir par un retour vers le passé que met en œuvre l’analepse “me souviens”, “raconte”.

La parole fait encore survivre, vivre (en l'occurrence un moment passé).

Or, le pronom personnel “en” laisse supposer qu’il s’agit d’un appendice de l’appendice, un avenir dans lequel la parole n’aura plus lieu d’être.

S’agit-il de la mort ou encore de la fin de la pièce ? En d’autres termes, il s’agit d’un prolongement du prolongement évoqué dans la première partie de l’analyse, introduit par le complément circonstanciel de temps “après” (verset 1).

Louis raconte un souvenir dans le prolongement de l’action passée de l’intrigue.

La notion de boucle dans laquelle serait enfermé le protagoniste commence à s’installer. Une analepse est synonyme de flash back, de souvenir.

Louis raconte maintenant un événement passé. Cours - Antoine Beuzit Préparation à l’oral du baccalauréat de français Analyse linéaire n°4 - Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde, 1990 (épilogue) V.7- V.8 : Ce souvenir se livre dans la précision que met en œuvre le cadre spatio-temporel “l’été” et “le sud de la France”.

Il s’agit d’en souligner l’effet marquant dans la vie du protagoniste.

La parole se met donc en scène ; elle se théâtralise.

Dans ce contexte, le présentatif allié au présent “c’est”, marqué par sa répétition anaphorique permet l'identification du spectateur, la possibilité de sa projection.

En effet, cela appuie sur la description détaillée du souvenir de Louis, le lecteur est donc submergé par ce nouveau cadre. La répétition du mot “c’est” fait totalement entrer le lecteur dans le cadre du souvenir décrit par Louis.

En lisant la pièce, nous avons l’impression de revivre avec lui son souvenir.

Cette répétition montre également que Louis est en train de chercher les informations dans son esprit, et qu’il est en train de revivre la scène avec plus ou moins de détails. V.9-V.12 : L’épisode relaté est d’autant plus intéressant qu’il se donne à lire comme une représentation métaphorique, une mise en abyme de la crise même.... »

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