pragmatique, n.
Publié le 08/12/2021
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pragmatique, n.f., discipline linguistique se donnant pour objet l'utilisation effective du
langage par les sujets parlants dans l'acte de communication.
Une seconde révolution linguistique ?
Telle qu'elle s'est développée dans la première moitié du XXe siècle sous l'influence
notamment du Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure, la linguistique est,
pour l'essentiel, une science des formes effectivement observées. Quand elle s'intéresse au
sens de ces formes, elle le décrit sous son aspect littéral, sans prendre en considération
son effet éventuel sur la personne à qui s'adresse le message. Soit, par exemple, la phrase
« Pouvez-vous me passer le sel ? ». Elle sera décrite, en linguistique structurale, comme
une phrase interrogative, de structure comparable à celle de « Le ciel est-il bleu ? ».
« Pouvez-vous me passer le sel ? » est incontestablement une phrase interrogative, et la
description qu'en fait la linguistique structurale reste exacte et indispensable. Il est
cependant rare que cette phrase soit interprétée effectivement comme l'interrogation
qu'elle est littéralement : si on l'adresse à son voisin au cours d'un repas, on sera étonné
de s'entendre répondre « Oui, je peux. ». On s'attend, en effet, non seulement à une
réponse linguistiquement formulée, mais aussi à un acte : celui de passer le sel. Cette
interaction entre deux sujets, en principe négligée par la linguistique structurale, est l'objet
de la pragmatique. Cette discipline s'est développée dans la seconde moitié du XXe siècle,
sous des influences diverses : la principale est sans doute celle de John Langshaw Austin
(Quand dire, c'est faire, 1962). Sans entrer à proprement parler dans le domaine de la
pragmatique, la linguistique énonciative de Benveniste, plus enracinée dans l'étude du
donné linguistique, envisage d'un autre point de vue la même problématique.
Deux notions centrales en pragmatique : co-texte et contexte.
Toujours à l'opposé de la linguistique structurale, qui, pour l'essentiel, se limite à la phrase
et ne prend guère en considération les objets ou les situations visés par le discours, la
pragmatique fait appel à la fois au co-texte et au contexte.
Le co-texte est l'ensemble constitué par les grandes unités du discours. Comment, par
exemple, rendre compte de cet acte langagier qu'est la conversation - objet privilégié de la
recherche pragmatique contemporaine - sans prendre en considération le jeu complexe
des questions, des réponses, des silences, des « petits mots » (eh bien !, bon !, çà !, etc.),
dans un vaste co-texte ?
Le contexte est l'ensemble référentiel (êtres, objets, situations) auquel renvoie le
discours. Cette relation entre le discours et le réel prend nécessairement des formes très
diverses, par exemple celle de l'embrayage ou celle des énoncés performatifs. La
pragmatique en fait l'un de ses objets privilégiés.
Complétez votre recherche en consultant :
Les corrélats
acte de langage
pragmatique, n.f., discipline linguistique se donnant pour objet l'utilisation effective du
langage par les sujets parlants dans l'acte de communication.
Une seconde révolution linguistique ?
Telle qu'elle s'est développée dans la première moitié du XXe siècle sous l'influence
notamment du Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure, la linguistique est,
pour l'essentiel, une science des formes effectivement observées. Quand elle s'intéresse au
sens de ces formes, elle le décrit sous son aspect littéral, sans prendre en considération
son effet éventuel sur la personne à qui s'adresse le message. Soit, par exemple, la phrase
« Pouvez-vous me passer le sel ? ». Elle sera décrite, en linguistique structurale, comme
une phrase interrogative, de structure comparable à celle de « Le ciel est-il bleu ? ».
« Pouvez-vous me passer le sel ? » est incontestablement une phrase interrogative, et la
description qu'en fait la linguistique structurale reste exacte et indispensable. Il est
cependant rare que cette phrase soit interprétée effectivement comme l'interrogation
qu'elle est littéralement : si on l'adresse à son voisin au cours d'un repas, on sera étonné
de s'entendre répondre « Oui, je peux. ». On s'attend, en effet, non seulement à une
réponse linguistiquement formulée, mais aussi à un acte : celui de passer le sel. Cette
interaction entre deux sujets, en principe négligée par la linguistique structurale, est l'objet
de la pragmatique. Cette discipline s'est développée dans la seconde moitié du XXe siècle,
sous des influences diverses : la principale est sans doute celle de John Langshaw Austin
(Quand dire, c'est faire, 1962). Sans entrer à proprement parler dans le domaine de la
pragmatique, la linguistique énonciative de Benveniste, plus enracinée dans l'étude du
donné linguistique, envisage d'un autre point de vue la même problématique.
Deux notions centrales en pragmatique : co-texte et contexte.
Toujours à l'opposé de la linguistique structurale, qui, pour l'essentiel, se limite à la phrase
et ne prend guère en considération les objets ou les situations visés par le discours, la
pragmatique fait appel à la fois au co-texte et au contexte.
Le co-texte est l'ensemble constitué par les grandes unités du discours. Comment, par
exemple, rendre compte de cet acte langagier qu'est la conversation - objet privilégié de la
recherche pragmatique contemporaine - sans prendre en considération le jeu complexe
des questions, des réponses, des silences, des « petits mots » (eh bien !, bon !, çà !, etc.),
dans un vaste co-texte ?
Le contexte est l'ensemble référentiel (êtres, objets, situations) auquel renvoie le
discours. Cette relation entre le discours et le réel prend nécessairement des formes très
diverses, par exemple celle de l'embrayage ou celle des énoncés performatifs. La
pragmatique en fait l'un de ses objets privilégiés.
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