Pouvoir de la parole: : L’éloquence peut-elle s’enseigner ?
Publié le 21/11/2020
Extrait du document
«
EDS.HLP.Semestre1.
LES POUVOIRS DE LA PAROLE
Leçon : L’éloquence peut-elle s’enseigner ?
PARADOXE : L’éloquence (l’art de la parole) semble relever à la fois de l’inné et de l’acquis.
Elle semble
tenir du talent (don naturel) ET de l’acquisition d’une technique (laquelle suppose un apprentissage).
Précision sur la notion de PARADOXE : c’est une tension entre deux points de vue qui semblent tous les deux
vrais malgré leur opposition.
Cette opposition peut et doit être surmontée par l’analyse des présupposés de
chacun de ces deux points de vue afin de préciser et de déceler entre eux un point commun, une base commune
(et non un juste milieu).
Ainsi le paradoxe est à distinguer de la contradiction proprement dite.
En effet la contradiction, c’est
l’incompatibilité réelle entre deux points de vue exigeant de choisir l’un ou l’autre des deux, c’est-à-dire l’un au
détriment de l’autre.
Pour résoudre paradoxe, il ne s’agit pas de se positionner dans un « camp » ou dans
l’autre, de se « camper » dans une des deux positions que l’on « choisirait » en fonction de son propre ressenti.
Il
s’agit au contraire de comprendre avec sa raison que la réalité est plus complexe que ce que l’on en perçoit à
première vue.
Autrement dit il s’agit de s’étonner, de stimuler et engager une réflexion.
Le paradoxe est le point
de départ de la réflexion philosophique .
Il s’agit donc ici de rechercher quelles sont les qualités humaines requises par l’éloquence et, pour
cela, de s’interroger sur son but (rappel du double sens de la notion d’ art ) :
Quels sont les apports extérieurs qui permettent de développer ces qualités et qui justifient par-là que
l’éloquence s’apprend, s’acquiert ?
Quelles sont les ressources propres à l’individu, les qualités qu’il possède par lui-même et qui feraient
de l’éloquence un talent naturel ?
L’objectif est donc de montrer que ce n’est pas seulement l’enseignement qui fait l’éloquence mais
qu’il existe des bons et des mauvais orateurs et qu’un don se travaille, qu’il n’est pas d’emblée
maîtrisé.
I.
Les apports extérieurs justifiant l’enseignement de l’éloquence
1°.
La maîtrise d’une technique est incontournable.
C’est le point de vue soutenu par le personnage Gorgias de l’œuvre de PLATON intitulée Le Gorgias : il
existe une technique pour persuader un auditoire indépendamment de la vérité objective du discours
car l’important, c’est justement de persuader, de toucher la sensibilité de l’autre.
(Voir manuel page
34)
En effet, Gorgias soutient que pour être un bon orateur, la priorité n’est pas la connaissance du sujet
dont on parle mais plutôt de donner l’illusion que l’on maîtrise le sujet.
L’objectif, c’est de produire un
effet sur son interlocuteur.
Ceci est possible grâce au pouvoir du langage et des mots qui donnent
l’illusion de connaître ce dont on parle à partir du moment où on le nomme.
Le vraisemblable
« marque » davantage, a plus d’effet sur l’auditoire que le vrai.
Gorgias va même jusqu’à prétendre
qu’il peut davantage avoir d’effet sur son auditoire qu’un expert qui maîtriserait le sujet dont il parle.
1.
»
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