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Pourquoi écrivez-vous ? Demande-t-on souvent à l'écrivain. Vous devriez le savoir, pourrait répondre l'écrivain à ceux qui posent la question. Vous devriez le savoir puisque vous nous lisez, car si vous nous lisez et si vous continuez de nous lire, c'est que vous avez trouvé de qui lire, quelque chose comme une nourriture, quelque chose qui répond à votre besoin... Si je suis écrivain, pourquoi êtes-vous mon lecteur ? C'est en vous-même que vous trouvez la réponse à la question que vo

Publié le 09/12/2021

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Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Pourquoi écrivez-vous ? Demande-t-on souvent à l'écrivain. Vous devriez le savoir, pourrait répondre l'écrivain à ceux qui posent la question. Vous devriez le savoir puisque vous nous lisez, car si vous nous lisez et si vous continuez de nous lire, c'est que vous avez trouvé de qui lire, quelque chose comme une nourriture, quelque chose qui répond à votre besoin... Si je suis écrivain, pourquoi êtes-vous mon lecteur ? C'est en vous-même que vous trouvez la réponse à la question que vous me posez. Comment comprenez-vous cette repartie surprenante d'Eugène Ionesco ?. Ce document contient 811 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
Pourquoi écrivez-vous ? A cette question, l'écrivain honnête pourrait d'abord répondre que c'est pour lui un besoin, et le but même de sa vie, sa raison d'être, puisqu'il a choisi ce métier; il pourrait d'ailleurs ajouter, le temps des mécènes étant passé, que c'est aussi sa profession et son gagne-pain. Mais bien vite, on en viendrait à désirer de savoir si l'écrivain veut divertir ou instruire, et l'erreur fondamentale de notre temps est peut-être justement de vouloir dresser l'une contre l'autre l'oeuvre de divertissement et l'oeuvre de réflexion, en un mot celle qui n'est au service d'aucune doctrine, et celle qui se veut « engagée ». En effet, l'artiste peut vivre dans son temps, ne rien en ignorer ni en renier, sans pour autant se contenter de demeurer attaché à un fait historique ou à une doctrine nettement définie. En écrivant ses Amours, Ronsard est de son temps, mieux sans doute qu'en écrivant laborieusement ses Discours. Avant d'être le champion d'affaires et de causes célèbres, Voltaire écrit des satires, des poésies de salon et des contes libertins, fort charmants et propres à nous faire revivre une époque ; l'auteur des Contemplations nous parle de nous quand il parle de lui, et l'oeuvre lyrique de Hugo ne nous fait pas oublier que les Châtiments ou l'Histoire d'un Crime comptent parmi les oeuvres les plus engagées qui soient. Et ce qui fait la valeur, la profondeur, la beauté émouvante de l'oeuvre d'Éluard, c'est l'union étroite d'un thème d'amour et du thème actuel ; Éluard, poète engagé, reste un des plus grands poètes d'amour, tout comme Apollinaire, et c'est ce qui explique à nos yeux leur « présence ». Il n'y a donc aucun motif de n'afficher que mépris pour la littérature qui n'est pas spécifiquement témoignage d'un événement mis au service d'une idée. Il n'est pas moins faux ni dangereux, en les dissociant, de vouloir les opposer de façon irréductible. Ce serait d'autant plus périlleux que ramener la littérature à un art d'engagement serait nier les besoins du public.

« Pourquoi écrivez-vous ? A cette question, l'écrivain honnête pourrait d'abord répondre que c'est pour lui un besoin,et le but même de sa vie, sa raison d'être, puisqu'il a choisi ce métier; il pourrait d'ailleurs ajouter, le temps desmécènes étant passé, que c'est aussi sa profession et son gagne-pain.

Mais bien vite, on en viendrait à désirer desavoir si l'écrivain veut divertir ou instruire, et l'erreur fondamentale de notre temps est peut-être justement devouloir dresser l'une contre l'autre l'œuvre de divertissement et l'œuvre de réflexion, en un mot celle qui n'est auservice d'aucune doctrine, et celle qui se veut « engagée ».En effet, l'artiste peut vivre dans son temps, ne rien en ignorer ni en renier, sans pour autant se contenter dedemeurer attaché à un fait historique ou à une doctrine nettement définie.

En écrivant ses Amours, Ronsard est deson temps, mieux sans doute qu'en écrivant laborieusement ses Discours.

Avant d'être le champion d'affaires et decauses célèbres, Voltaire écrit des satires, des poésies de salon et des contes libertins, fort charmants et propres ànous faire revivre une époque ; l'auteur des Contemplations nous parle de nous quand il parle de lui, et l'œuvrelyrique de Hugo ne nous fait pas oublier que les Châtiments ou l'Histoire d'un Crime comptent parmi les œuvres lesplus engagées qui soient.

Et ce qui fait la valeur, la profondeur, la beauté émouvante de l'œuvre d'Éluard, c'estl'union étroite d'un thème d'amour et du thème actuel ; Éluard, poète engagé, reste un des plus grands poètesd'amour, tout comme Apollinaire, et c'est ce qui explique à nos yeux leur « présence ».

Il n'y a donc aucun motif den'afficher que mépris pour la littérature qui n'est pas spécifiquement témoignage d'un événement mis au serviced'une idée.

Il n'est pas moins faux ni dangereux, en les dissociant, de vouloir les opposer de façon irréductible.Ce serait d'autant plus périlleux que ramener la littérature à un art d'engagement serait nier les besoins du public.Que, dans les quartiers les plus populaires de la périphérie de Paris, les « théâtres de la culture » donnent desœuvres qui illustrent les grands problèmes actuels et cherchent à faire réfléchir, c'est fort bien, et c'est un besoinpour le peuple, de plus en plus concerné.

Mais qu'ils se limitent à ce rôle serait une grande erreur et on l'a engénéral assez bien compris, depuis Jean Vilar qui n'a pas craint de « perdre son temps » — auraient dit certainsirréductibles — à monter les Caprices de Marianne ou Ruy Blas, entre les œuvres du passé ou du présent quiengagent le plus le public.D'ailleurs, en quoi Ruy Blas est-il un drame moins engagé que Mère Courage de Brecht? Si l'on me demande pourquoije vais voir cette œuvre, je répondrai avec Hugo lui-même : comme la foule, je viens voir un spectacle dontj'attends de Faction ; comme les femmes, je veux être ému à la peinture des passions ; avec les penseurs, j'aime àen étudier les caractères, et les problèmes qu'il pose : causes de la décadence d'une monarchie, aspirations dupeuple, inégalités sociales, et tous autres thèmes qui sont ceux des auteurs les plus engagés.Et ce qui est vrai de la poésie et du théâtre ne l'est pas moins du roman.

Le lecteur veut avoir l'occasion de sereplonger dans le passé, d'où le succès actuel du roman historique, ou de se tourner vers l'avenir avec le romand'anticipation, après avoir vécu dans son époque ; il peut se passionner pour le roman qui narre le conflit d'unenfant et de sa mère, tel Vipère au poing, d'Hervé Bazin, avant de s'intéresser au drame de l'homme de ce mondemoderne, puis de se distraire par l'action violente d'un bon roman policier, ou d'aventure ou d'espionnage.

Et pourqui sait lire (de même, pour qui aime le théâtre) il n'est pas plus de lecture inutile qu'il n'est de mauvaise lecture.Ionesco a donc parfaitement raison de répondre de façon humoristique au journaliste trop curieux ou seulement troppressé.

Il a raison de renvoyer la balle et, à la question « Pourquoi écrivez-vous? », de répondre plaisamment : «Vous devriez le savoir », donc c'est à vous de me le dire.

Dites-moi en effet, non pas ce que vous lisez, maispourquoi vous lisez tel auteur plutôt que tel autre — et de cet auteur, telle œuvre — et je vous dirai si vous êtes unbon lecteur et si je peux vous compter au rang de ceux dont je suis fier d'être un des écrivains favoris.. »

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