Post-structuralisme / Deleuze ; Derrida
Publié le 10/06/2020
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Gllks Ddtuu (1925) occupe une place singulim dans le champ de la philosophie française contemporaine.
Historien critique de la philoso phie, mais aussi penseur original, MICHEL Fou CAULT a 6crit à son propos, parlant de l'un de ses ouvrages: « Un jour, peut~ le siècle sera deleuzien.
• Comme FOUCAULT, l>ELEuz1i esl radicalement anti-hégélien.
n congédie la dialectique et les fan• tômes d'hégélianisme qui s'y attachent et, notam ment à travers une DOUVelle lecture de NŒTZSCHE (Nimsche et la pllilosopllit, 1962), pr6cise les termes de sa critique.
« D n'est pas de compromis possible entre Hegel et Nietzsche.
La philosophie de Nietzsche [ •.• )forme .une anti-logje naturelle dures senliment, de la mauvaise conscience.
[.M] D'uo bout à l'autre, elle est pensée fondamen talement chrétienne : impuissante à crttr de nouvelles m~ de peoscr, de nouvelles manières de sentir.
• l>ELEU'ZE évacue donc le champ des doctrines existentielles -qui mirent 1' accent sur la né gativité.
D contribue à faire basculer la pensée dans une lpistlmJ inédite : « La légèreté de ce qui afünne, contIC le poids du négatif; les JeUX de la volonté de puissance, contre le travail de la dialectique; l'affirmation de l'affinnation , contre cette fameuse négation de la négation.
» Difflrenct tt rlpitition (1968) marque l'avène ment d'une vision des choses inédite.
DELEU'ZE présente un réel conçu comme champ anonyme, dépourvu de sujets ou d'individualités person· ne1Jes: l'identité du sujet doit être brisée .
Au-delà de toute référence à un « je • penonnel, apparait ainsi un univers incltfini, sans identité du moi, sans sujet.
L'existence est impersonnelle.
DELeuzE rettouvera ce champ des désirs imper soMels avec L' Anti-œdipe (1972) : désirs ~i gnant la vie et la produisant.
Le désir? Une création de vie et une volonté de puissance; non pas un manque, mais une puis sance affinnative.
Si, dans Lt Banquet, Platon décrivait l'amour comme une béance, comme manque du beau et du bon, marquant ainsi et de manim inéversible la pensée occidentale, Dl:J...El/ll! déplace l'inter prétation et signale la positivité du désir.
Dans Qu'est-ce que la philosopltit ? (1992), une fois encore , DEuuzE affirmera sa singu-
Post-structuralisme Il/ Deleuze; Derrida 237
larité.
Pour lui, la philosophie n'est pas une contemplation (Pt.ATON), ni une réflexion (DESCARTES), ni une communication (HABl!lt· MAS).
mais elle est prodllctlon dt conœpes.
Jacq U!S Derrida (1930), dans la lignée du travail entIC pris par Hm>i!GGl!lt, s'efforce de rettouver le vrai foyer de la pensée.
D forge la notion de diffé• rance et explicite, sous un jour nouveau, le méca nisme de la d~niction -déjà analyst par HEi• DEOOl!lt, mais en un sens différent.
Par aillew-s, il s'intéresse au couple 6crilllle/parole, f~le en cela à la réflexion cootemporainc qui a fait du langage l'un de ses principaux domaines de recherche.
Selon DERRIDA, la métaphy sique occidentale s'est construite sur des oppositions de concepts (intelligible/sensible, dedans/dehors, inté rieur/extmeur, sujet/objet, parole/écriture, etc.) dont l'un des termes est le plus souvent priviligjé .
Le travail du philosophe consiste alors à dépasser ces oppositions ( « déconstruire " la mttapbysi que), pour atteindre la différance, source et mou vement de etution des difflrtncts.
DERRI DA pense ainsi pouvoir revenir à l'unité originelle, perdue ou oubli~ par la pensée occidentale.
Il vise donc à dq,asscr les oppositions concep tuelles rigides et à enraciner les couples de ~ dans la différance .
Qu est-ce que la différance 7 Le travail de la pensée qui se fraie un chemin dans 1 'illusion de la présence qu'est l'Etre, le jeu systématique des différences et leur mouvement génératif .
DERRIDA fait surgir la fluidité originelle de la dif férance, en deçà du couple parole/écriture.
D remonte à son fond dynamique et fluide, inacces sible: elle n'est ni sensible, ni intelligible.
C'est en retrouvant ce fond mobile et en dépassant toutes les oppositions concepnielles, que DERRIDA entend déconstruire la métaphysique occidentale qui réprime cette fluidité originelle.
Le terme de déconstruction est emprunté aux grammairiens et, pour DEu.lDA, caractérise l'acte de défaire et ~ter une structute, d'en ébranler les bases pour revenir au mouvement originel de la différance .
La mttapbysique s'est forg~ au prix d'un efface ment de 1'6criture (accusée de figer la pensée) au profit de la parole.
Par là, elle a donc contribué à faire de la parole une instance décisive.
Tel est le privil~ge qui s'affirme dans le « logoceotrisme" : l'écriture s'efface devant la parole vive.
C'est Pt.ATON qui, dans le Phèdr e, condamne 1'6crit.
Mais c'est aussi la leçon d'écriture du J..svI.
STRAUSS de TristLs tropiques, qui analyse et pré sente l'écriture comme fonction de violence .
Dans une œuvre déjà très foWTiie (L'écriture et la diffhenct, 1967, Dt la grammatologit, 1961, La disséminalion, 1972, Glas, 1974), OilllmA met donc en évidenèé la dôlllÙlàlÏOil métaphysique et ce qu'elle dissimule: la flui dité du fond en mouvement.
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