PONTORMO
Publié le 17/05/2020
Extrait du document
«
PONTORMO
1494-1558
PONTORMO est le dernier grand Florentin de la Renaissance ; les historiens classiques en
conviennent avec méfiance et comme à regret.
Fils
d'un peintre de peu d'éclat, Bartolomeo Carucci, Jacopo naquit en 1494 dans le bourg
de Pontormo dont il garda le nom; orphelin de bonne heure, élevé sans parents, il fut garçon
d'atelier chez Albertinelli, puis chez Andrea del Sarto, dans l'esprit de qui il peindra la Visitation
au cloître d'entrée de l'Annunziata.
En fait, comme le souligne Vasari, il connut tous les maîtres
dans cette Florence de 1505-1515, où passaient Raphaël, Léonard, Michel-Ange, et il appartient
à la génération des « héritiers )).
Son succès fut précoce dans le milieu médicéen pour lequel il peignit le vigoureux et subtil
portrait de Cosme l'Ancien vu de profil, dans sa robe et son bonnet rouges (Offices).
En 1520, le
cardinal Ottaviano, représentant de Léon X à Florence, lui commande le décor du grand salon
inachevé
de Poggio a Cajano, la villa de Laurent le Magnifique.
A la mort du pontife, en
décembre 1521, Pontormo n'avait eu que le temps de peindre, sur le mur est, la lunette de
Vertumne et Pomone qui reste un chef-d'œuvre exquis de grâce et de beauté rustiques.
Sollicité de
nouveau après 1530, au temps de Clément VII, il fera le portrait d'Alexandre de Médicis, décorera
en 1536 la loggia de Careggi, en 1538 celle de Castello; mais ces ouvrages, peu appréciés, dispa
raîtront vite.
Plus grave encore est l'échec de Saint-Laurent : en 1545, Pontormo fut chargé de
décorer le chœur de l'église qui contiept les grands tombeaux médicéens; impressionné par le
voisinage
de Michel-Ange, il déploya sur les thèmes de la Chute, du Déluge, de la Résurrection,
de surprenants enchevêtrements de figures nues, qui ne trouvèrent que peu d'admirateurs.
On
ne les connaît que par des dessins; en 17 42, les fresques furent détruites par les chanoines.
Ces liens avec les Médicis ne sont
pourtant pas profonds : Pontormo n'eut rien d'un peintre
de cour, comme celui
qu'allait être son élève Bronzino.
Pontormo se distingut des artistes férus
d'honneurs de la génération suivante, comme le Rosso et Vasari, par un goût du peuple qui
se manifeste dans la pastorale si charmante, si exceptionnelle, de Poggio a Cajano, avec ses gamins
sur le
mur, ses vieux paysans toscans au crâne tondu, ses admirables paysannes aux grandes jupes
qui semblent sortir de chansons à la mode, comme la Nencia de Barberino.
« Ce qui déplaisait
le plus
en lui - écrit son biographe - était qu'il refusait de travailler sinon quand et pour qui
il lui prenait envie; sollicité par des seigneurs et même une fois par Ottaviano de Médicis, il ne
voulut pas les servir, mais il
aurait fait n'importe quoi pour un plébéien de rien et à vil prix.
»
Ce capricieux aimait la vie paisible des moines; en 1522, pour fuir une menace de peste, il se réfugia
à la Chartreuse de Galuzzo, sur les collines méridionales de Florence; le séjour lui plut, avec l'aide
d'un seul « garzone )), Bronzino, il peignit à fresque le cycle de la Passion - aujourd'hui fort
délabré - du grand cloître, où il s'inspira ab~mdamment et parfois à la lettre des gravures
de Dürer.
Toutes ces oscillations n'ont que l'importance que leur donne l'artiste lui-même.
S'il n'est
pas
un excentrique comme Piero di Cosimo ou même Léonard, Pontormo manifeste bien la nervo
sité
et l'instabilité florentines.
Il a peur de la mort, il a une horreur maladive de la foule, il se fera
180
PONTORMO Portrait du peintre par lui·même.
« La Descente de croix », dt:tail.
( F:.:r:lise San Felicita, Florwce.).
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓