Pologne (1982-1983): Le parti contre la junte
Publié le 21/09/2020
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«
Pologne (1982-1983):
Le parti contre la junte
La Pologne a vécu l'année 1982 sous le règne de la loi martiale.
L'"état de
guerre", proclamé par le WRON (Conseil militaire de salut national) le 13
décembre 1981, n'a été "suspendu" que le 30 décembre 1982.
Mais la junte (qui
n'a pas d'existence constitutionnelle) reste en place et la loi de "suspension"
adoptée par la Diète maintient, quant au fond, l'essentiel des dispositions
contenues dans la loi martiale.
Un dignitaire du régime, K.
Barcikowski,
expliquait d'ailleurs très clairement le 16 novembre 1982, lors d'une réunion de
cadres de l'armée et du parti, la signification de cette "libéralisation"
limitée: "La suspension de l'état de guerre a pour nous une valeur symbolique.
Nous en attendons des avantages concrets sur le plan des relations commerciales
avec l'Occident et sur le plan politique en ce qui concerne la révision des
restrictions discriminatoires imposées par les États-Unis dans les relations
bilatérales avec la communauté socialiste.
La démilitarisation des entreprises
industrielles et des transports n'est pas possible."
L'interdiction de Solidarité, le 8 octobre 1982, suffisait en vérité à dissiper
les illusions de ceux qui espéraient la clémence du général-secrétaire.
Le pays
est cependant encore loin d'une "normalisation" à la hongroise ou à la
tchécoslovaque.
La réforme impossible
Il suffit pour s'en convaincre de confronter les objectifs que le général
Jaruzelski s'était lui-même fixés, aux résultats obtenus.
Il se promettait de
sortir le pays du "chaos" en redressant l'économie et en assurant la stabilité
politique.
Cela exigeait des efforts ponctuels de production et une réforme
d'ensemble des structures économiques.
Quatorze "programmes opérationnels"
couvraient les secteurs prioritaires pour l'attribution des matières premières.
Restées pour l'essentiel à l'état de textes législatifs, les réformes relevaient
d'une conception plus libérale de la direction économique, en rendant aux
entreprises leur autonomie de fonctionnement, aux travailleurs un certain regard
sur le processus de production et aux prix, leur rôle d'instrument économique.
Le projet du général Jaruzelski ne visait pas à restaurer l'ancien
fonctionnement politique, mais à nouer des liens nouveaux de type paternaliste
avec la population et la classe ouvrière.
Fondée sur la répression et l'atteinte
aux libertés fondamentales, cette méthode ne cherchait toutefois pas
l'écrasement physique de la classe ouvrière, comme semblaient le prôner les
ultras du Parti.
Le chef de la junte voulait trouver appui sur un "centre"
silencieux et passif ("Qui n'est pas contre nous est avec nous").
Il voulait
aussi privilégier l'État et son administration comme l'interlocuteur
d'organisations ouvrières locales, uniques et dispersées (les nouveaux
syndicats).
Le Parti communiste (POUP) serait ainsi confiné au rôle d'un
référent idéologique de façade.
L'alliance sociale nouvelle se rassemblerait
dans les "Conseils du mouvement patriotique de renaissance nationale" (PRON).
Le
but du général dépassait donc la simple "normalisation": il s'agissait de.
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