Poèmes de BENN (Résumé & Analyse)

« C'est d'abord avec faveur que Gottfried Benn vit s'installer le régime hitlérien.

En 1933, il publie L'Etat nouveau et lesintellectuels, puis, en 1934, Art et Puissance.

Mais, dès 1936.

il rompt totalement avec le nazisme.Dermatologue, Benn soigna surtout les prostituées...

et leurs clients.

Le monde de la prostitution, thème cher auxexpressionnistes, fut ainsi une de ses grandes sources d'inspiration. Les Poèmes de Gottfried Benn, où la mort est disséquée à l'aide de mots tranchants, transmutent la décompositiondes corps en composition poétique. Le mot et la mortes premiers poèmes datés de 1912 aux dernières œuvres de 1956, la mort, souvent convoquée dès le titre - Dédié àceux qui vécurent en vain...

; Aprèslude ; Sur les tombes ; Un cadavre chante ; etc.

- hante toute la poésie deGottfried Benn.

Médecin, comme Rabelais et Céline, Benn en fait une description clinique à la précision parfoisinsoutenable : son premier recueil publié porte le titre significatif de Morgue ; des poèmes comme Petit Aster ouBelle Jeunesse évoquent les cadavres rongés des salles de dissection.

Chez Gottfried Benn, la mort n'est pas la mortdésincarnée et abstraite des métaphysiciens.

Cependant, la mort biologique terriblement concrète qu'il décrit n'enest pas moins à l'origine d'une réflexion sur le tragique de la condition humaine.

Pour Benn, l'homme doit en effetreconnaître le tragique de sa condition et accepter l'affrontement avec la mort.

Dans cet affrontement, l'homme n'apour toute arme que les mots.

C'est donc en traitant la décomposition par les mots qu'il peut seul composer avecelle.

a l'omniprésence de la mort répond ainsi l'esthétique : à Requiem fait écho La Forme ; à Chaos, Syntaxe ; àDésespoir, Mots ; etc.

Toute l'œuvre de Benn s'articule autour de ce rapport du mot à la mort.

Car affronter la mort,c'est mettre la destruction en mots, pour opposer à l'inévitable dissolution la solidité de la forme poétique. De l'expressionnisme noir à la mélodie salvatricePour Benn, le poème, expression du corps qui se dissout, est le lieu de l'affrontement de la mort et du mot.

al'intérieur de ce mouvement, on peut cependant distinguer deux périodes : dans la première, où l'on reconnaît lesaccents désespérés et la noirceur de l'expressionnisme, il faut, pour donner une forme à la dissolution, « durcir » lalangue.

Le poète travaille alors la langue comme le scalpel dissèque le cadavre.

Mais, dans un deuxième temps, safoi dans la puissance du verbe l'emporte.

La dissolution peut conduire à la résurrection, et l'art sortir victorieux : «Là où tu meurs et finissant renais ».

Le poème tend alors vers la chanson et, dans l'apaisement, la dureté de lalangue est baignée par la mélodie.. »