Platon, Protagoras, 313c-314b, trad. F. Ildefonse, GF-Flammarion.
Publié le 16/05/2020
Extrait du document
«
8
Le poison de l'âme
Est-ce que le sophiste, Hippocrate, ne se trouve pas être une sorte de négociant qui
vend, en gros ou en détail, les marchandises dont l'âme
se nourrit? Car c'est ainsi
qu'elle m'apparaît
à moi.
Mais, Socrate,
de quoi l'âme se nourrit-elle?
D'enseignements, bien sûr, dis-je.
Et nous devons prendre garde, mon ami,
à ce
que le sophiste
ne nous abuse pas, lorsqu'il fait l'article des marchandises dont il
fait commerce, comme le font les négociants qui vendent, en gros ou en détail, la
nourriture du corps.
En effet, ces derniers
ne savent pas eux-mêmes quelles sont,
parmi les denrées qu'ils apportent, celles qui sont bonnes ou celles qui sont mau
vaises pour le corps, et font indifféremment l'article de toutes celles qu'ils ven
dent, et leurs clients n'en savent rien non plus,
à moins qu'ils ne se trouvent être
maîtres
de gymnastique ou médecins.
De la même manière, ceux qui colportent
leurs enseignements de ville en ville, pour les vendre en gros et en détail, font
chaque fois l'article de tout ce qu'ils vendent à l'intéressé, et peut-être, excellent
ami, s'en trouve-t-il parmi eux qui ignorent, des produits qu'ils vendent, ceux qui
peuvent être bons et ceux qui peuvent être mauvais pour
l'âme; et cela vaut, de
même, pour leurs clients,
à moins qu'ils ne se trouvent être cette fois médecins de
l'âme.
S'il se trouve donc que toi, tu saches ce qui est bon ou mauvais,
tu peux en
toute sécurité, acheter des enseignements,
à Protagoras ou à n'importe qui d'autre;
sinon, prends garde, bienheureux ami,
à ne pas risquer sur un coup de dés ton bien
le plus précieux.
Car
le risque est bien plus grand lorsqu'on achète des enseigne
ments que lorsqu'on achète des aliments.
[ ...
]Des enseignements[ ...
], il n'est pas
possible de les emporter dans un récipient distinct
de soi, mais il est nécessaire,
une fois le prix payé, de prendre l'enseignement dans son âme même, d'apprendre
et de s'en aller, qu'il y ait dommage ou profit.
Platon, Protagoras, 313c-3 l 4b,
trad.
F.
Ildefonse, OF-Flammarion.
Peut-on se procurer de véritables connaissances, qui donnent
accès au vrai, de la même façon qu'on achète des aliments? La
question paraît étrange si on ne rappelle pas le danger qu'il
peut y avoir à traiter les savoirs comme des choses.
Les connais-.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- « L’homme, mesure de toute chose » PROTAGORAS D’ABDÈRE
- « L’idée de Bien est le principe de la science et de la vérité » PLATON
- « Chacun cherche sa moitié » PLATON
- Platon: Philosopher c'est apprendre à mourir
- L'Astronomie populaire de Camille Flammarion