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PLATON ou L'art suprême du dialogue par Philippe Casadebaig

Publié le 14/06/2020

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« Le dialogue Comme écrivain, Platon est l'auteur d'une série de Dialogues, c'est-à-dire d'écrits imitant une conversation à loisir sur ce qui est bien ou vrai, où Socrate, dont il fut le disciple, a le plus souvent le rôle principal. Il est donc tout à fait possible de jouer ces oeuvres comme des pièces de théâtre, et Platon dans sa jeunesse écrivit en effet des tragédies. Aucun philosophe auparavant ne paraît avoir usé de cette forme d'écriture. Socrate se contentait d'enseigner par sa parole ; Parménide ou Empédocle composèrent des poèmes ; Anaxagore ou Démocrite établirent en philosophie le genre du traité didactique et sérieux, comparable aux livres techniques des médecins de l'école d'Hippocrate. Le dialogue comporte toutes sortes d'agréments qui renouvellent l'intérêt de la lecture. Il varie les styles : discussions, fables, récits, éloges. Il fait survenir des épisodes, comme l'arrivée inopinée d'Alcibiade ivre au banquet d'Agathon (Banquet, 212 c-d). Il représente les caractères les plus éloignés : la rudesse franche du soldat Lâchés, le pédantisme du sophiste Hippias, l'ardeur studieuse et juvénile du géomètre Théé-tète (dans les dialogues aux noms de ces personnages). Enfin, il développe une intrigue, par l'influence du sens de leur entretien sur l'action ou la décision des interlocuteurs. Par exemple, dans le Criton, la recherche sur la vérité du devoir d'obéissance aux lois et jugements de la Cité a pour enjeu l'évasion de Socrate ou sa mort en prison. Mais si rien ne peut être laissé au hasard dans la composition d'un dialogue, où chaque réplique, chaque jeu de scène, chaque image du décor ou du langage contribue à former le sens de l'ensemble, ce n'est pas non plus par hasard, mais par une convenance supérieure, que la forme du dialogue est choisie pour exprimer la vérité de la Philosophie. On ne pratique plus désormais le dialogue à la manière de Socrate et de ses contemporains, et l'usage courant du mot lui-même a déprécié sa portée jusqu'à lui faire dire seulement un artifice de négociation en vue de prévenir ou d'atténuer un conflit. Le « dialogue » allégué à notre époque a l'urgence des affaires à traiter, tandis qu'un loisir souverain était sa première condition pour les Grecs. Etudier aujourd'hui le dialogue au sens antique peut donc sembler relever d'une arbitraire curiosité d'historien, puisque l'histoire même nous atteste la disparition de sa pratique. Pourtant le dialogue socratique exprime une faculté essentielle de l'esprit, qui ne se laisse pas supprimer par le seul changement de nos moeurs et modes. Ainsi, Platon identifie l'accès à la Philosophie avec la « dialectique », donc à première vue avec l'art du dialogue. Et plus généralement encore, il désigne la pensée, que nous aurions tendance à figurer, sans forcément nous comprendre nous-mêmes, comme « subjective » ou « individuelle », en la caractérisant au moyen de ce terme de dialogue. Qu'est-ce que la pensée ? — « un discours qu'elle-même pour elle-même l'âme poursuit à propos de ce qu'elle examine » (Théétète, 189 e). Et encore : — « à l'intérieur de l'âme un dialogue pour elle-même qui se produit sans voix » (Sophiste, 263 e). A la lecture de ces deux phrases, des questions s'imposent à nous, dans le désordre du premier étonnement : si la pensée doit être comprise comme un dialogue intérieur et silencieux, ce dialogue en l'âme n'est-il qu'une figure, une manière de dire ? mais, alors, l'« âme » en tant qu'elle pense ne peut-elle être représentée qu'en des termes impropres ? Ce qu'est penser ne serait-il dit qu'en termes impropres ? Ou, sinon, comment comprendre un réel dédoublement de l'âme par lequel elle se questionnerait elle-même, et se répondrait à elle-même, quoique étant à chaque fois autre ? Quel est ce nouveau dédoublement, indiqué par la première phrase, entre sa fonction de regarder, d'examiner, et sa fonction de parcourir ou poursuivre un « discours » « à propos » de cette même chose qu'elle examine ? Et qu'est-ce que ce « discours » — ou Logos — dont le nom grec résonne encore dans « dialogue » ? Platon, au soir de sa première rencontre avec Socrate, jeta au feu les tragédies qu'il avait faites. Le théâtre n'est qu'une vaine apparence au regard de la Philosophie. La tragédie, d'ailleurs, si noble et admirable qu'elle semble, n'est que séduction de la multitude, qui réussit en émouvant ses passions et en la flattant dans ses opinions à la manière des orateurs (Gorgias, 502 b-d). Le dialogue est l'examen en commun et complet de la réponse à une question, soit recherchée, soit proposée comme une thèse, au moyen d'une suite de questions et de réponses partielles, que l'on enchaîne jusqu'à conclusion de l'examen. La décision de la question à laquelle il doit parvenir relève de la seule responsabilité des interlocuteurs, en excluant tout recours à une tierce autorité, que ce soit d'un arbitre (Protagoras. 338 b-e) ou de l'opinion du plus grand nombre (Gorgias. 471 e-472 c). Les propositions qui fondent sa conclusion ne peuvent être que celles auxquelles le répondant a explicitement donné son accord, de sorte qu'il soit engagé à reconnaître que la conclusion est conséquence nécessaire de tout ce qu'il a dit auparavant par ses affirmations propres ou ses réponses. Puisque les dialogues de Platon représentent la pratique du dialogue ainsi caractérisée, il est toujours possible de les résumer comme des suites d'arguments, cités abstraction faite des personnages et de l'intrigue, et de nourrir ainsi l'espoir de dresser un tableau ordonné de la doctrine de l'auteur. Mais cette réduction négligerait que la vie même du dialogue confère aux arguments des significations et des valeurs de vérité bien différentes. .. .»

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