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Platon: LES MYTHES PLATONICIENS

Publié le 18/06/2020

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« Les jugements étaient mal rendus, car les juges se laissaient convaincre par la belle apparence et 1'éloquence des jugés. Zeus décida alors que les hommes ne connaîtraient plus l'heure de leur mort, et qu'après sa venue seules leurs âmes seraient jugées, en silence, par des juges morts eux aussi. La justice et l'injustice sont invisibles aux yeux du corps, comme le rappelle encore le mythe de Gygès, et c'est l'âme seule qui porte sur elle la laideur indélébile de l'injustice, visible aux seuls yeux de l'âme. ? Au moment de mourir, Socrate raconte ce qu'il advient des âmes des morts après leur jugement (Phédon) : celles qui furent injustes au-delà de tout pardon sont précipitées à jamais dans le fleuve Tartare, fleuve des souffrances. Celles qui furent simplement injustes y sont précipitées jusqu'à ce qu'elles parviennent à convaincre leurs victimes de leur pardonner ; celles qui furent justes durant leur vie sont pour toujours affranchies de l'existence corporelle. Ce mythe, qui a pour fonction d'exhorter à la justice, contredit apparemment le mythe d'Er sur le choix des existences. ? Er le Pamphylien est un soldat revenu à la vie douze jours après sa mort ; Platon rapporte ce qu'il a vu dans le livre X de La République. Après leur séparation d'avec les corps, les âmes se réincarnent en choisissant leur nouvelle vie, en fonction de ce qu'elles souhaitent devenir ; toutes sortes de vies leur sont proposées, vies d'animaux, d'hommes réputés pour leur beauté, de tyrans, qu'elles choisissent tour à tour dans l'ordre imposé par le hasard. Le premier, raconte Er, avait choisi la plus grande tyrannie, qui lui parut le sort le plus enviable ; il ne se rendit compte qu'après que cette vie comportait des actes terribles et de grands malheurs : au lieu de se maudire soi-même pour son choix, il s'en prit à tous et à tout. L'âme sage du philosophe choisit une existence paisible, modérée et sans éclat. Puis les âmes boivent l'eau du fleuve Amélès dans la plaine de l'Oubli, ce qui leur fait perdre tout souvenir de leur vie antérieure, avant de retrouver l'existence et l'union à un corps. Porter créance à ce conte, rappelle Platon, peut nous sauver, en nous faisant, dès cette vie, prendre l'habitude de la sagesse, qui nous sauvera lors du choix d'une vie prochaine. 4. Le politique ? Gygès était un berger qui découvrit un jour un anneau dont la faculté était de le rendre invisible à volonté. Fort de ce pouvoir, il séduisit la reine et assassina le roi, pour prendre sa place. Quel est le juste qui, détenant cet anneau, aurait la force de ne pas s'en servir injustement? Rendant invisibles les injustices que l'on commet, l'anneau de Gygès rend visible l'injustice de l'âme humaine (La République, VI). ...»

« Platon (~428-~348 av.

J.-C.) LES MYTHES PLATONICIENS L e mythe est un récit fictif mettant en scène des personnages légendaires.

Souvent fallacieux, le mythe est aussi symbo­ lique ; c'est le seul moyen d'exprimer là vérité lorsque le discours rationnel échoue.

Sous une forme déficiente, due à la faiblesse de l'es­ prit humain, il déploie en images fortement affectives, souvent énig­ matiques, l'objet seulement probable de convictions intimes.

Platon a puisé à de nombreuses reprises dam le fonds mythologique de la reli­ gion grecque pour forger à sa façon ces histoires qui contiennent en un sens toute sa philosophie.

Chaque paragraplie de cette fiche raconte un mythe platonicien ; chaque mythe est un début d'introduc­ tion possible à une dissertation philosophique : c 'est que le mythe n'est pas une pensée toute faite, mais donne à penser.

1.

La recherche de la vérité ■ Il y a bien longtemps, nous raconte le Phèdre, certains hommes aimaient tellement chanter qu'ils ne prenaient plus le temps de se nour­ rir, et ils« moururent sans s'en apercevoir � Les Muses les changèrent en cigales, qui n'ont pas besoin de se nourrir, et chantent du matin au soir.

Pareil aux cigales, celui qui exerce la philosophie doit être infati­ gable, en perdre le manger et l'idée de la mort. 11 Le dieu égyptien Theuth, inventeur de l'écriture, présenta un jour sa découverte au roi d'Égypte, afin qu'il répande dans son pays ce « remède de la mémoire et de la science ».

Le roi d'Égypte critiqua cette invention qui vidait la mémoire en rendant inutile tout effort, et ne pro­ duirait que faux savants sans jugement, au savoir tout livresque.

La recherche philosophique, signifie ce mythe dans le Phèdre, doit être un dialogue parlé ; l'écrit ne répond pas aux questions qu'on lui pose.

■ Selon le mythe d' Aristophane, dans Le Banquet, il existait avant trois types d'êtres humains, l'homme, la femme et l'androgyne (homme­ femme).

Chacun avait deux têtes, quatre bras, quatre jambes, et était rond.

Punis pour avoir tenté de prendre la place des dieux, ils furent cou­ pés en deux par la foudre de Zeus.

Malheureuses, les moitiés se cher­ chent, et tendent à ne faire qu'un à nouveau : c'est l'origine de l'amour, qui unit hommes et femmes, ou bien amants dans la sagesse, qui se pra­ tique à deux dans le dialogue philosophique. 2.

Les idées ■ Le Phèdre présente l'âme humaine comme un char ailé, composé d'un cocher et de deux chevaux : l'un, excellent, tire le char vers le haut,. »

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