Platon et les sophistes

« 1) Les sophistes Le nom même de « sophistes » signifie littéralement « savants » (du grec sophia = « la sagesse »).

Il désigne plus exactement des professionnels de l’intelligence, ceux qui était dépositaire du savoir. Les sophistes apportaient une éducation intellectuelle, non pas une instruction, mais un art, au sens de “technique-technè” l'art de la rhétorique entre autres => ils transmettaient «les pouvoirs de la parole» sans se soucier de la vérité ni même de la vraisemblance, comme le pouvoir d'argumenter, càd de convaincre ou de persuader les autres, ils voulaient enseigner des techniques efficaces comme prendre le pouvoir ou se défendre quand on est coupable, manipuler, s’affirmer, vaincre les autres à coup d’arguments.

Ils étaient donc avant tout des maîtres de rhétorique.

Gorgias (Comtemporain de Socrate, prof de rhétorique, originaire de Sicile) = enseignait l’art de bien parler aux plus jeunes, moyennant un salaire très élévé.

Socrate va à sa rencontre pour l’interroger sur son art et lui demande ce qu’est la rhétorique.

Gorgias lui répond qu’elle est « ouvrière de la persuasion » et qu’elle est le plus bel art (= techné) qui soit car elle donne tous les pouvoirs surtout celui de la persuasion.

Les sophistes font un usage éréstique de la parole, un usage pervers de la langue qui repose sur l’equivocité des mots : les sophistes jouent beaucoup sur le sens des termes pour faire douter autrui du bien-fondé de ses thèses et pour le convaincre.

Il donne ainsi une apparence de savoir, trompe et manipule délibérément autrui. 2) Le dialogue Ce terme vient du verbe grec dialegein qui signifie « discourir l'un avec l'autre ».

Littéralement dia = deux et legein = parler, discourir.

Le dialogue est donc par def un discours qui se construit à 2, un échange verbal où 2 interlocuteurs se rencontrent.

Plus précisément, il désigne une recherche en commun, par communication contradictoire (thèse-antithèse), d'une vérité fondée échange d'arguments entre interlocuteurs.

Pour Socrate, le dialogue est l’art authentique de la parole et « enfante le vrai ».

En effet, le dialogue fait advenir la vérité et repose sur une forme de réciprocité et d'égalité.

Ainsi, par le dialogue, on peut enfanter de beaux discours, on peut éveiller la raison de l’autre.

Le dialogue permet aussi d’enrichir sa propre pensée, on parle de dialogue fécond.

Socrate dit à Gorgias : « Il me semble que tu as été bien éduqué dans l'art du discours mais que tu as négligé celui du dialogue ».

Le dialogue est en effet une forme d'échange plus juste et plus équitable.

C'est pourquoi Platon n'écrira que sous la forme de dialogues et nous dira justement dans l'un de ces dialogues, Phédon, que la philosophie est « le dialogue de l'âme avec elle-même ». -› Les trois piliers du dialogue socratique : 1/ la maïeutique = l'art de faire accoucher l'interlocuteur de son opinion sur la question posée; Alors que les sages femmes utilisent des instruments médicaux et leur mains, le philosophe à lui aussi ses méthodes, à l’opposé de celle des sophistes, pour aider les esprits à enfanter de beaux discours.

Son rôle est de les aider à faire avancer la réflexion, à mettre des mots sur leurs idées, distinguer le vrai du faux pour qu’ils évitent d’enfanter des «monstres» c’est-à-dire des croyances infondées des préjugés. 2/ la réfutation = faire prendre conscience des contradictions et des insuffisances des idées d'autrui par un jeu de questions rhétoriques; 3/ l'ironie = sans brusquer son interlocuteur, lui faire comprendre par lui-même que son opinion est contestable.

Utilisation de l’ironie pas pour ridiculiser l’autre mais pour prendre conscience de ses erreurs par lui-même.. »